L’année 2022 s’annonce rythmée pour l’éditeur britannique Wired Productions ! Basé à Watford, dans le nord-ouest de Londres, l’entreprise à la philosophie familiale travaille avec de nombreux studios à travers le monde et s’apprête à lancer plusieurs jeux. Fin février, nous avons pu assister à une longue présentation de chacun de ces titres et poser des questions aux développeurs. Entre science-fiction, voyage onirique et OVNI créatif, voilà un aperçu complet de 5 œuvres aux contours uniques.
L’évènement s’est déroulé sur Discord. Plusieurs rédactions se rejoignaient sur un channel privé et on a pu assister à une présentation vidéo – non dénuée d’humour – de 45 minutes. Il était ensuite possible, pour chacun des journalistes, de poser des questions dans un fil dédié
Sommaire
- Lumote : The Mastermote Chronicles
- Arcade Paradise
- Tiny Troopers Global Ops
- The Last Worker
- Tin Hearts
- Deliver Us The Moon
Lumote : The Mastermote Chronicles
Mélange de réflexion et de plate-formes, Lumote : The Mastermote Chronicles est un jeu à l’univers luminescent. Les créateurs de ce titre ont toujours été attirés par le monde marin et ont passé beaucoup de temps dans les aquariums. Intrigués par les créatures qui vivent dans les abysses – et « leur look d’extraterrestre » – ils ont alors imaginé un jeu en englobant leur intérêt pour la géologie et les puzzle-games. Le joueur est ainsi propulsé dans le Grand Abysse, un univers aquatique aux teintes fluorescentes. Autrefois, ce monde était protégé par Lumote et Mastermote, deux entités qui ne se lâchaient pas d’une semelle. Jusqu’au jour où l’avarice a conduit Mastermote a exilé son ami de toujours. En brisant ce lien qui les unissait, Mastermote a altéré l’environnement et le fléau s’est mis à transformer peu à peu le Grand Abysse, faisant perdre à la région ses couleurs éclatantes de jadis. Si rien n’est fait, la région entière sera dévastée. Curieuse et aventurière, Lumote a décidé de se battre et va devoir user de sa matière grise (et de sa matière tout court) pour progresser parmi les obstacles et retrouver celui qui l’a trahi. Mastermote, tiens-toi prêt !
UN JEU HYPNOTIQUE ET INTELLIGENT
Pour se mouvoir dans cet univers constitué de tours gigantesques, Lumote fait appel aux spécificités de son environnement. Chaque monde répond à plusieurs mécaniques de gameplay et la difficulté va crescendo à mesure que le joueur interagit avec le bioverse, à la fois si énigmatique et coloré. Comme dans tout jeu de plate-formes, Lumote effectue des sauts et double-sauts pour se déplacer sur les blocs et elle est arrêtée régulièrement par des obstacles. Chaque parcelle du titre est ainsi constituée de zones délimitées par des fleurs. Ces dernières sont des portes organiques et il faut résoudre, une à une, les énigmes pour faire éclore ces fleurs et passer de zone en zone. En marchant sur certains végétaux, on devine que Lumote a le pouvoir d’allonger leurs tiges. Le tutoriel ne s’encombre d’aucune explication, le joueur se connecte de lui-même à cet univers et la démarche est très intéressante.
Rapidement, les énigmes se compliquent et obligent Lumote à interagir avec des blocs de différentes tailles. Ces « pavés », peuvent être déplacés et utilisés pour activer des interrupteurs qui auront pour effet, à leur tour, d’ouvrir les passages. En effet, pour atteindre l’éclosion florale, il faut que la petite créature illumine chaque zone de son bleu fluo. En réalité, chaque portion du niveau est interconnectée par des chemins souterrains alimentés par un « fluide » et le but est de changer cette substance en la faisant passer de la couleur rouge à la couleur bleue. Et ça passe justement par l’activation des fameux interrupteurs. Lumote : The Mastermote Chronicles a tout de l’œuvre difficile à expliquer sur le papier (d’où l’importance des images de la vidéo et des images du test), mais qui devient limpide une fois le jeu en main. Ce qui est fort, c’est que les développeurs parviennent à surprendre grâce à des mécaniques astucieuses (blocs plus gros, filets laser, plate-formes mobiles…). Visuellement, c’est réussi et le monde est hyper attachant. La seule interrogation réside finalement dans la variété des situations. Sur la longueur, il va être intéressant de voir sous quelle forme les zones et les évènements se renouvellent. Ce qui est sûr, c’est que l’ambiance, très atmosphérique, s’accorde parfaitement avec ce monde onirique et planant. Le héros gélatineux pourrait bien créer la surprise.
Rendez-vous le 24 mars prochain pour le verdict définitif !
Arcade Paradise
Au détour d’une présentation, il arrive que l’on soit scotché par un concept venu d’ailleurs. Disons-le clairement, Arcade Paradise est un véritable OVNI, comme seul le monde des studios indépendants peut en produire. En effet, l’intrigue de cette œuvre décalée se déroule dans… une laverie automatique. A fortiori, à moins d’une rencontre impromptue et pouvant faire basculer un destin, ce n’est pas un endroit très fun. C’est pourtant au cœur de ce local fait de corvées ennuyeuses que le joueur va évoluer.
L’auteur à l’origine de ce jeu unique nous a ainsi expliqué :
J’ai fait beaucoup de boulots de m...., tout en rêvant de gagner ma vie en créant des jeux. C’est la principale source d’inspiration d’Arcade Paradise pour être honnête. L’idée, c’était d’imaginer un mec dans des cuisines à faire à un job ennuyeux, en pensant à des concepts de jeux, tout en essayant de rendre intéressantes les tâches les plus basiques en les « gamifiant » de manière étrange. Je voulais une bonne histoire pour un « jeu » inspiré de Metal Gear Solid et que j’ai découvert à l’époque où je travaillais dans la cuisine d’un pub.
Arcade Paradise est une expérience totalement décalée. Le joueur incarne une dénommée Ashley qui vient d’hériter de la laverie familiale. Le papa parti à la retraite, c’est à vous qu’incombe la lourde tâche de gérer l’établissement. Seulement voilà, la brave Ashley n’a aucune intention de passer toute sa vie à laver des chiffons, à récurer des toilettes ou à nettoyer les moindres recoins de cette bâtisse située au cœur de Grindstone. Non, ce que la demoiselle désire, c’est allier son job à sa passion du jeu vidéo ! Elle décide alors d’intégrer des machines d’arcade. Une, puis deux, puis trois… jusqu’à plus de 35 !
C’est là qu’Arcade Paradise puise sa source. Tout en prenant au sérieux son rôle de gestionnaire, Ashley – et donc le joueur – va peu à peu transformer sa laverie en une salle d’arcade réunissant des jeux s’inspirant des grands classiques des années 80 et 90. L’œuvre de Nosbleed Interactive mêle 3D, 2D et amour du pixel en recréant un univers absolument unique ! Au récurage des toilettes (qui rappelle un certain No More Heroes 3) vont s’ajouter de la course, du shoot, de la plate-forme, de la réflexion ou encore du sport ! Et ce, sans oublier tout le côté gestion et personnalisation de la laverie ! Arcade Paradise est à l’image du début du projet : un titre qui n’a pas d’équivalent.
Nous avions déjà fait Vostok Inc. avec Wired. J’ai proposé à Leo (le PDG de Wired) d’autres idées de jeu et c’est là qu’il a dit « Pourquoi ne pas faire un jeu d’arcade ? ». Je lui ai demandé : « T’es prêt à payer pour ça ? » et il a souri. Voilà, c’est à peu près tout et ça a commencé comme ça.
Définitivement à part. On est curieux de découvrir la version finale ! Rendez-vous pris pour le deuxième trimestre de 2022 !
Tiny Troopers Global Ops
Un simple coup d’œil à Tiny Troopers : Global Ops suffit à nous ramener des années en arrière, à l’époque de l’excellent Cannon Fodder. Comme dans le titre mythique de Sensible Software, le joueur prend les commandes d’une escouade qui doit accomplir différents objectifs. Entre chaque mission, les soldats reviennent au QG pour s’équiper et se préparer pour la prochaine bataille. Reprenant les codes du genre, Tiny Troopers prône une action en vue aérienne qui mise sur la diversité des environnements et de la spécialisation des personnages. Pour réussir, il est impératif d’équilibrer les forces et faiblesses de son équipe. Avec son système de personnalisation (on peut modeler ses unités) et la variété des situations, le jeu du studio Epiphany s’annonce vraiment fun et devrait ravir les amateurs de coopération (jusqu’à 4 joueurs).
Si la licence Tiny Troopers existe depuis quelques années, ce Global Ops emprunte à beaucoup de grands classiques, comme nous l’explique les développeurs :
Au-delà de l’influence des précédents jeux Tiny Troopers, nous nous sommes beaucoup inspirés de jeux comme Smash TV, Cannon Fodder, mais aussi et même si c’est plus curieux, Diablo, en particulier pour la direction artistique. Nous avions travaillé sur un précédent jeu Tiny Troopers et, depuis quelques années, nous avions très envie de nous plonger dans cette licence en intégrant de nouvelles idées.
Le développement de cette nouvelle itération a débuté il y a environ un an, et comme de nombreux studios, les développeurs britanniques ont dû s’adapter au contexte sanitaire mondial. À l’époque, Epiphany a œuvré sur le mode zombie de l’épisode Joint Ops et ils avaient ce désir de créer un épisode qui soit entièrement de leur ressort. Tiny Troopers : Global Ops repose sur un ensemble d’outils internes auquel vient se greffer le service AWS d’Amazon pour la partie réseau. Le jeu s’annonce comme une expérience rythmée, bien réalisée et qui devrait plaire aux amateurs d’action arcade. Soyez prêts, le jeu d’action est prévu pour le troisième trimestre de 2022 !
The Last Worker
Prévu en 2022, The Last Worker est l’un des jeux les plus énigmatiques de cette présentation. Ancien journaliste pour le magazine officiel Dreamcast Magazine ou encore Next Generation Magazine, Jörg Tittel est ensuite passé de l’autre côté du miroir pour travailler chez Activision en tant que game designer avant d’embrasser une carrière cinématographique. Associé à l’équipe du studio Wolf & Wood, il est le réalisateur et scénariste de The Last Worker. Dans cette œuvre, le joueur incarne le dernier travailleur humain du JFC One (Jüngle Fulfilment Centre One), un complexe dirigé par l’entreprise n°1 de la vente par Internet. Cette idée lui est venue par le plus grand des hasards…
Il y a quelques années, je me souviens d’avoir été choqué par une drôle de surprise : toutes les caisses de mon supermarché à Londres – ou plutôt les gens derrière les caisses – avaient été remplacées par des bornes. Il ne restait qu’un employé dont le boulot consistait à assister les machines. Il était alors clair que ce n’était que le début d’un futur où notre existence allait devenir de plus en plus remplaçable. Mais puisqu’on se fait remplacer « lentement mais sûrement » et qu’il n’y aura sans doute jamais de meilleurs films sur l’apocalypse robotique (ha, ha) que Terminator 2, je voulais faire un jeu qui mette le joueur dans le corps et l’âme de quelqu’un qui est un peu le « last man standing » (dernier homme encore debout). Comme je viens du monde des films, du théâtre et de la BD, je voulais donner le même amour et travailler avec le même talent que pour une production grand écran… en dépit de notre petit budget. Mais par chance, tout le monde est aussi passionné que moi !
En plus de réaliser The Last Worker, Jörg Tittel produira prochainement A Winter’s Journey, une œuvre cinématographique mêlant prise de vue réelle, images de synthèse et animation peinte. La particularité de ce film, c’est que son univers est conçu à l’aide de Dreams, l’expérience créative exclusive à Sony. Avec un casting réunissant de grands noms (John Malkovich, Charles Berling, Martina Gedeck ou encore Gabriella Moran), le film d’Alex Helfrecht s’annonce comme une aventure à suivre ! Soutenu par Sony Pictures et PlayStation, A Winter’s Journey débutera son tournage en juin à Wroclaw (Vratislavie en langage francisé) en Pologne. Adapté du poème Winterreise, il se déroule en Bavière en 1812 et suit un poète itinérant qui entreprend un long périple.
The Last Worker prend les traits d’une aventure narrative associant graphismes dessinés à la main (basés sur des concepts de Mick McMahon, connu pour son travail sur les comics Judge Dredd ou 2000 AD) et intrigue en vue à la première personne. Le rôle de Kurt fait écho au travail effectué dans les entrepôts d’une grande corporation de l’Internet. Il doit s’occuper des colis pour faire en sorte qu’il soit livré, mais peu à peu, il va se détourner de cette tâche – ou plutôt l’exploiter – pour trouver une échappatoire. Entre infiltration et énigmes, The Last Worker – qui est compatible VR – est attendu pour 2022 et cache encore beaucoup de secrets.
Pour moi, c’est très difficile de séparer mon expérience créative entre média. Pour moi, chaque medium peut raconter des histoires, peut créer des images, des sons, des émotions fortes, etc. Et bien que le progrès technologique puisse être effrayant, je suis content que la technologie me permette enfin de combiner tous mes amours et passions. Pour moi, le jeu vidéo est la forme ultime d’art et d’expression. Par ses références, j’espère que le jeu aura un regard original sur le monde et ses thèmes.
Site officiel : The Last Worker
Tin Hearts
Chapeauté par le studio Rogue Sun (composée en grande partie de transfuges du mythique et regretté Lionhead Studios), Tin Hearts est une œuvre qui interpelle immédiatement ! Déjà jouable en accès anticipé sur l’Oculus Rift, il s’agit d’un puzzle-game qui invite le joueur à guider de petits soldats de plomb. Imprégné des mécaniques de la franchise Lemmings, ce titre dispose d’un univers singulier et charmant qui s’inspire de l’époque victorienne. En tant qu’esprit pouvant interagir avec son environnement, le joueur doit faire en sorte d’amener sa petite armée à bon port. Utilisation de tambours (pour faire rebondir ses petits soldats), canons pour les projeter, activation de trains électriques pour créer de nouveaux passages, tous les moyens sont bons !
Dès ses débuts, Tin Hearts a été pensé comme un jeu VR. Les développeurs voulaient obtenir une œuvre qui n’avait jamais été faite auparavant et c’est sur la base de multiples essais techniques qu’ils ont peu à peu glisser vers le monde de l’infiniment petit. En s’appuyant sur cette différence d’échelle entre l’univers des humains et celui des jouets, les créateurs ont conçu un environnement stylisé, attachant et accrocheur. Et de nombreux éléments (l’aspect magique, les effets, personnages et décors) rappellent justement une certaine franchise…
Tin Hearts est notre premier jeu au sein du studio Rogue Sun. Notre directeur artistique a eu une grande influence sur les jeux Fable de notre précédent employeur, Lionhead Studios, notamment en ce qui concerne les personnages, mais aussi les décors. Nous n’avons pas cherché spécifiquement à imiter le visuel de ces titres, mais il est vrai que l’on emporte toujours ses influences avec soi.
Au-delà de ses graphismes réussis et de l’immersion liée à la réalité virtuelle, Tin Hearts promet de nombreuses énigmes et quelques scènes mémorables, comme lors de l’attaque d’araignées mécaniques. En découvrant cette œuvre, il est impossible de ne pas penser à un mix entre Populous de Peter Molyneux (fondateur de feu-Lionhead Studios) et Lemmings. Empreint de mystère, de nostalgie et de sentiments, Tin Hearts a décidément tout du petit bijou en devenir. Mais pour il va falloir être patient, il n’est attendu qu’au quatrième trimestre de 2022.
Deliver Us The Moon
Créé par KeokeN Interactive, Deliver Us The Moon est un jeu d’aventure mettant en scène un astronaute envoyé sur la lune en mission secrète pour sauver l’humanité. Entre séquences de survie et d’exploration, cette œuvre dépeint un futur apocalyptique où toutes les ressources de la Terre sont épuisées. Si ce titre, paru en 2019, a été abordé durant la présentation des jeux Wired Productions, c’est parce qu’il arrivera prochainement dans une version optimisée sur consoles next-gen et PC ! Le studio œuvre actuellement sur ces versions et promet de chouettes avancées visuelles comme du ray-tracing, de la réflexion et un système d’ombrage encore plus performant. Durant cette aventure, le joueur interagit avec le robot ASE dans l’espoir de récupérer cette nouvelle source d’énergie découverte par la World Space Agency. Mais pour cela, il faut explorer la surface lunaire, s’infiltrer dans des installations abandonnées et récolter des indices. Mêlant phase à la première et troisième personne, Deliver Us The Moon est un jeu très apprécié et qui s’apprête à s’ouvrir à un public encore plus large. Alunissage prévu pour le deuxième trimestre 2022 !