Révélation notable de l'E3 2021, le beat’em up SIFU célèbre les classiques des films de Kung-Fu. Dans le cadre de notre preview, nous avons eu accès à la première partie du deuxième chapitre dont le cadre est planté dans une boîte de nuit. Voici notre verdict.
En 2017, Soclap, nouvelle bannière érigée par d’anciens talents d’Ubisoft, proposait Absolver ; le premier titre du studio parisien indépendant rendait hommage à plusieurs styles de combat au cours d’une expérience multijoueur assez unique. Si elle reste attachée à son genre de prédilection pour sa deuxième production, l’équipe s’appuie aujourd’hui sur des références plus marquées. Véritable lettre d’amour au Kung-Fu et à son cinéma moderne, SIFU esquisse un chemin pour le corps, l'esprit et vers la vengeance. Pour arriver à destination, notre héros est autorisé à tromper la mort, en conservant tout de même les traces de son passage.
Get old, Die & Retry
Alors qu’il n’est encore qu’un enfant, le jeune héros de Sifu assiste impuissant à l’assassinat de sa famille par un clan rival. Dès lors, sa vie n'est qu'une perpétuelle quête de vengeance façon Kill Bill encouragée par des entraînements incessants au Kung-Fu Pak-Mei. En tout, cinq cibles principales sont à abattre, naturellement réparties en cinq niveaux. Pour maîtriser ceux qui se dressent en obstacles à son objectif, notre protagoniste est paré d’un avantage redoutable : un pendentif magique lui permet de retrouver la vie quand il est terrassé. Mais en trompant la mort, il prend de l’âge. Et impossible pour lui de passer la quatre-vingtaine. En jeu, le principe s’applique habilement et accorde au die & retry une approche rusée : plus vieux, notre héros devient aussi plus agile et expérimenté ; conjointement, il est aussi bien plus proche d’un éventuel game over qui imposerait de recommencer le niveau. La tension n’est est que sublimée et la victoire d’autant plus belle.
Exigeant, Sifu requiert rigueur et patience. Le joueur étudie les schémas et le rythme de ses adversaires, tous remarquablement enclins à enchaîner comme vous combos, parades et contre-attaques. Les erreurs vous coûtent très cher. Une bonne défense est donc à adopter tout en prenant soin d’éviter de se faire encercler. Si vous disposez d’un kit de coups offensifs de base, celui-ci s’étoffe au fil des apprentissages. Les attaques fortes et rapides s’associent pour former de nouveaux combos. L’expérience gagnée permet de débloquer des possibilités inédites. La palette d'action est progressivement fournie. Il est nécessaire de briser la jauge de Structure des ennemis de manière à les achever d’un puissant takedown, toujours jouissif à exécuter. Atout séduisant, un système de Focus permet parallèlement de viser un point faible pour effectuer une technique dévastatrice. Une salle d’entraînement vous fournit le terrain idéal pour vos expérimentations. En revanche, pas d’options de difficulté au choix, il faut apprendre à maîtriser le jeu.
Sifu comme c'est beau !
John Wick, Roméo doit mourir, The Rundown, The Dark Knight… Les réalisateurs sont toujours friands de boîtes de nuit quand il est question de dépeindre le vacarme d’une scène de baston. C’est également le cadre sélectionné par Soclap pour son deuxième acte, qui mise sur un séduisant parcours en huis clos sous les néons. Une centaine de mouvements ont été réalisés en motion capture. À nous de mettre en scène les échauffourées et de mener les chorégraphies en sautant par-dessus les tables et en lançant des objets en fracas. Pour l’heure, seuls les tabourets et les bouteilles de verre semblent amovibles. Et impossible de saisir ces premiers quand une icône prétend pourtant le contraire. Notons aussi un obstacle à la beauté des combats : la caméra, parfois peu solidaire. Et relevons quelques embêtants ralentissements sur PC ainsi qu'un crash survenu en fin d'extrait.
SIFU sera intégralement doublé en anglais et en chinois. Des sous-titres français seront disponibles.
Dans les couloirs étroits, le héros serpente entre les ennemis façon Old Boy. Ponctuellement, les opposants lambdas s'effacent subtilement pour des archétypes plus redoutables, de la combattante vive et agile aux colosses à lourds dégâts. Le joueur pénètre une nouvelle pièce à chaque flopée d’ennemis défaite de façon à offrir des variations de plans toujours léchées. L’ambiance et le cadrage sont cinématographiques. L’esthétique est assez proche de ce que pourrait proposer le studio d’animation français Fortiche, dernièrement illustré à travers la série Arcane. Le trait est précis, tandis que les corps laissent apparaître d’épais coups de pinceaux. Le rendu justifie largement la présence d’un mode photo. Plus saisissant encore : le sound design. Sans jamais piper mot, la fureur du héros transparaît dans les effets et sons d’ambiance, parfaitement dosés. Quant à ses pensées, elles sont répertoriées dans un journal de bord, joliment approvisionné de post-its et de photographies scotchées. Sur le plan scénaristique, le jeu a encore ses preuves à faire, la crainte étant que le récit se fasse trop discret. Réponse le 08 février 2022.
Séduisant, vif et pointilleux, Sifu nous introduit à une approche saisissante du Die and Retry. Dotée d'une prise en main facile mais d'une exigence redoutable, l'expérience s'apprécie dans la rigueur et dans la patience. Le court extrait qui nous a été prêté peut se targuer d'un level design bien rythmé et de variations de plans particulièrement accrocheuses. Dans l'état, Sifu est aussi beau que happant. Reste à corriger quelques chutes de framerate embêtantes. Enfin le jeu devra se montrer dépaysant pour satisfaire pleinement et doit encore nous dévoiler son potentiel scénaristique.