Sloclap a fait de la baston le pivot de ses productions. Après Absolver, un Action-RPG au gameplay exigeant, les studios basés à Paris s’intéressent à un autre genre, celui du jeu d’Action pur et dur, et plus précisément du Beat’em All. SIFU se veut un hommage vidéoludique aux films d’arts martiaux. L’élève peut-il espérer dépasser le maître ?
Lors d’un événement en ligne organisé par Sloclap et Cosmocover, la rédaction de JV a pu en apprendre davantage sur SIFU, le prochain jeu des studios parisiens, lors d’une présentation d’une heure incluant 3 séquences de gameplay pré-enregistrées sur PlayStation 5, entrecoupées de plusieurs sessions de questions / réponses.
"I am Vengeance"
SIFU est à bien des égards un hommage aux films d’arts martiaux et à l’âge d’or du cinéma hongkongais des années 70 et 80, mais pas seulement. Les studios puisent également dans le renouveau contemporain du cinéma d’action… avec en première ligne les sagas The Raid et John Wick qui à elles seules ont redéfini le genre au cours de la précédente décennie (2010-2020). A titre d’exemple, l’une des séquences présentées - filmée en travelling horizontal - est un clin d'œil appuyé à Old Boy (2003). Les références ne manquent pas dans le jeu de Sloclap, mais le résumer à une simple série de citations ne serait pas lui rendre justice. Les studios parisiens s’inspirent, et ne s’en cachent pas dans le but de concevoir une version vidéoludique d’un cinéma d’arts martiaux qui a fait et fait encore aujourd’hui vibrer les amateurs de baston.
Le postulat de départ rappelle forcément les synopsis aussi simples qu’expéditifs des films de la célèbre Golden Harvest, une société de production et de distribution basée à Hong Kong à l’origine des légendes que sont Jackie Chan et Bruce Lee. Un disciple en Kung-Fu cherche à se venger en éliminant les cinq assassins responsables de la mort de son maître. Pour ce faire, ce héros non personnalisable (ou héroïne - un choix laissé aux joueurs) doit traverser cinq niveaux (ou chapitres) et vaincre leur boss respectif. Ces environnements, tous différents (quartier industriel, boîte de nuit, musée…) et partiellement destructibles, possèdent leur propre tonalité représentée par un élément clé (feu, bois, métal, etc.). Il se dégage des visuels une ambiance particulière, nous pourrions même dire singulière, portée par une direction artistique qui s’imprègne de la mythologie ainsi que de la culture chinoise au sens large pour un résultat évocateur en 4K sur PlayStation 5 (en 1080p sur PS4) à 60 images/seconde.
L’aventure qui se veut terre à terre durant les premiers niveaux glissent doucement, mais sûrement vers le fantastique à mesure que le protagoniste se rapproche de son objectif final. La fantaisie fait pour ainsi partie intégrante de l’expérience. Le héros possède un pendentif magique à même de le ressusciter en échange d’un vieillissement accéléré qui impacte le gameplay. Il va de soi que ces multiples résurrections sont limitées, et mènent à terme à un Game Over. SIFU se veut par nature exigeant avec les joueurs sans devenir un chemin de croix. Sloclap aménage ainsi la progression en intégrant plusieurs cachettes desquelles le disciple peut recommencer en cas de décès prématuré (ou dans le cas contraire au début du niveau). Il existe également divers raccourcis à découvrir via un “Detective Board” qui rassemble toutes les informations récoltées. Celles-ci s’obtiennent bien souvent en discutant avec certains PNJ via un système de dialogues à choix multiples.
A noter que SIFU sera intégralement doublé en anglais et en chinois, et sous-titré dans de nombreuses langues dont le français (VOSTFR).
Bande-annonce de SIFU
“Je connais le Kung-Fu”
Cette phrase prononcée par Neo dans Matrix (1999) pourrait résumer à elle seule les intentions de Sloclap. Les développeurs, loin de faire des arts martiaux un simple faire-valoir, connaissent parfaitement leur sujet. Au-delà de l’hommage évident au cinéma de baston, SIFU maîtrise l’art d’occire ses ennemis. Le système de combat se veut accessible tout en restant exigeant au dernier degré. La création d’enchaînements propre à Absolver n’est plus qu’un lointain souvenir, mais cela ne simplifie pas pour autant l’expérience concoctée par les studios parisiens, une expérience centrée exclusivement sur le combat. Son seul titre "SIFU", transcription de deux idéogrammes chinois signifiant tous les deux “maître, enseignant”, annonce la couleur.
Les affrontements, extrêmement nombreux, se vivent au rythme des esquives, des parades, mais surtout des blocages qui remplissent la jauge de structure du héros. Une fois sa résistance tombée à zéro, ce dernier n’est plus en mesure de se défendre, et perd de la santé à chaque coup. Néanmoins, le protagoniste a du répondant, et sa réponse ne se fait pas attendre. Les attaques pleuvent à mains nues, mais aussi à l’aide d’armes en tout genre et via des environnements interactifs. Rien de tel qu’une chute dans les escaliers ou un coin de table pour mettre un terme aux velléités d’un ennemi. A cela s’ajoute une gestion minutieuse de l'espace pour toujours séparer les opposants ainsi qu’une attaque dite “Focus” ciblant avec précision l’anatomie.
Revenons sur les ennemis quelques rounds. Sloclap propose un large panel de combattants qui, chose assez rare dans un Beat’em All, possèdent les mêmes aptitudes que le héros (jauge de structure, combos, etc.). De plus, ces personnages changent de comportement en cours de combat selon la tournure des événements. Il n’est pas rare de voir le dernier ennemi encore debout capituler ou au contraire connaître un second souffle afin de devenir The Last Man Standing… c'est-à-dire un mini boss bien plus retors. Pour faire face à une menace toujours plus grande, le héros peut compter sur un apprentissage accéléré du Kung-Fu. Au gré de l’aventure, les joueurs pourront débloquer de nouvelles compétences, de nouvelles attaques et améliorer leur maîtrise de certaines armes qui sont pour rappel destructibles.
Bande-annonce de SIFU
SIFU pourrait bien être le chaînon manquant de la baston entre le cinéma et le jeu vidéo. Les studios Sloclap semblent parfaitement maîtriser leur sujet. Cette expérience ludique, hommage au 7e Art martial, promet d’être à la fois intense et technique. Le système de combat annoncé comme exigeant devrait défier les amateurs de bagarre avant de les séduire. Reste à pénétrer dans l’arène, chausser les gants, et mettre à l’épreuve la formule manette en mains.