En 2015, le studio parisien Kobojo sortait Zodiac : Orcanon Odyssey, un J-RPG sur mobile développé avec de grands noms du jeu vidéo japonais qui ont notamment travaillé sur la saga des Final Fantasy. Suite à des polémiques autour du lancement du premier épisode, les suites ne virent jamais le jour. Bien décidé à ne pas laisser le projet à l'abandon, Artisan Studios décide d'en récupérer des éléments pour en faire un jeu complet sur consoles et PC. Six après la sortie du "jeu original", ce nouveau titre a-t-il de quoi corriger les erreurs de son prédécesseur ? Réponse après avoir joué aux premières heures du titre.
Par sa nature, Astria Ascending est à la fois un jeu unique et étrange. En reprenant la majeure partie des assets de Zodiac : Orcanon Odyssey sans pour autant en être un remake, le jeu pourrait être qualifié de "réinvention" du projet original de Kobojo. Pour rappel, ce petit studio parisien qui a longtemps travaillé sur des free-to-play avait pour projet de développer un J-RPG "à l'ancienne" pour mobiles en rassemblant des grands noms de l'industrie japonaise, dont le directeur artistique Hideo Minaba (Final Fantasy V, Final Fantasy VI, Parasite Eve, Final Fantasy IX, Final Fantasy Tactics, Final Fantasy XII ou encore Lost Odyssey).
Finalement, Zodiac : Orcanon Odyssey sort le 10 novembre 2015 et c'est la douche froide pour les joueurs. Si le jeu n'est pas mauvais en soi, c'est son contenu et modèle économique qui pose problème. Le titre vendu sur les stores mobiles à 8,99€ ne comporte que le premier épisode ainsi qu'une cinématique de fin qui laisse les joueurs face à un cliffhanger. Le studio annonce que les deux prochains épisodes censés clôturer la première saison seront disponibles plus tard à 4,99€ chacun. Ajouté à cela le fait que toutes les classes du héros principal ne soient pas disponibles dès le départ et c'est la goutte de trop pour les joueurs qui déclenchent une véritable polémique face à ce manque total de communication.
Un J-RPG au scénario plus mature et adulte
Alors que le projet semblait depuis à l'abandon, Artisan Studios annonce en mars Astria Ascending qui reprend de nombreux éléments de Zodiac : Orcanon Odyssey et renouvelle la collaboration avec certains des artistes japonais qui avaient travaillé sur le projet original. Ainsi, l'histoire est une fois de plus signée Kazushige Nojima, scénariste connu pour son travail sur Final Fantasy VII, mais aussi Final Fantasy VIII, Final Fantasy X, Final Fantasy X-2, Final Fantasy XIII, Kingdom Hearts ou encore Kingdom Hearts II. Si l'on retrouve des noms et des personnages issus de Zodiac, leurs histoires et caractères n'ont plus rien à avoir dans Astria Ascending.
Dans le monde d'Orcanon, il existe cinq races qui vivent chacune dans leur propre cité. Malgré leurs différences, la paix règne car tous les habitants sont unis par l'Harmonie. La déesse Yuno se charge de la protection de ces peuples grâce à un groupe de Demi-Dieux qui répond à ses ordres. Ces derniers, au nombre de huit, sont choisis parmi les habitants de ce monde et se voient conférer de grands pouvoirs pendant trois ans avant de mourir. Ainsi, le joueur va contrôler la 333ème génération de demi-dieux composée de quatre humains et de quatre non-humains. Au cours de leurs missions, ils vont devoir lutter face aux Interférences qui risquent de troubler l'ordre de l'Harmonie. Malgré son début assez classique, Astria Ascending soulève assez rapidement des thématiques adultes et intéressantes comme celles des stéréotypes. En effet, ce n'est pas parce qu'elles vivent paisiblement ensemble que toutes les races s'entendent entre elles, et cela se ressent même au sein du groupe de Demi-Dieux. De plus, au début de l'aventure, nos héros n'ont plus que trois mois à vivre, ce qui laisse imaginer des situations intéressantes plus tard dans l'aventure.
Trailer d'Astria Ascending
Une direction artistique unique pour un système de combat complet
Au-delà de son scénario mature, ce qui a attiré l'attention du public sur Astria Ascending, c'est surtout la beauté de ses graphismes. Alors que toute l'action du jeu est en 2D, le style pictural du jeu et les proportions exagérées de certains personnages rappellent évidemment les productions Vanillaware (Muramasa : The Demon Blade, Odin Sphere ou encore 13 Sentinels : Aegis Rim), en particulier Dragon's Crown. Chaque écran traversé est de toute beauté et les modèles détaillés des personnages rendent l'expérience d'autant plus agréable à parcourir. Même constat pour la partie musicale qui livre des pistes somptueuses et épiques composées par Hitoshi Sakimoto (Final Fantasy Tactics, Final Fantasy Tactics Advance, Final Fantasy Tactics A2, Final Fantasy XII).
Heureusement, Astria Ascending ne se repose pas que sur sa partie artistique et dispose d'un système de combat plus que complet. Dès le départ, le jeu vous donne accès aux huit demi-dieux. Après avoir croisé la route d'un ennemi, l'affrontement se déroule au tour par tour et quatre de vos personnages sont déployés. Heureusement, vous pouvez en changer à la volée en plein milieu du combat ce qui s'avère très pratique car chacun d'entre eux occupe un rôle bien particulier. Paladin, guerrier, voleur, mage, invocateur... l'équipe est ainsi très variée. On retrouve ensuite un très classique système de vulnérabilités élémentaires qui permet de faire plus ou moins de dégâts, mais aussi une mécanique intéressante de concentration. En exploitant correctement la faiblesse d'un adversaire ou en passant un tour, vous récupérez des points qui peuvent ensuite être dépensés pour augmenter de 50 à 200% l'efficacité d'une compétence. Enfin, chaque personnage dispose d'un arbre de compétences et peut cumuler jusqu'à quatre jobs ce qui donne ainsi une grande liberté dans la personnalisation des membres de son équipe. Ainsi, toutes ces features une fois cumulées laissent espérer un système de jeu solide pour la trentaine d'heures de jeu promises par les développeurs. Pour prolonger l'expérience, vous pourrez même vous plonger dans le J-Ster, un jeu de cartes qui rappelle le Triple Triad de Final Fantasy VIII.
Pour convenir au style de chacun, Astria Ascending propose de nombreuses options d'ergonomie. Si le titre comporte plusieurs modes de difficultés, on retrouve dans les réglages la possibilité d'activer ou non les combats aléatoires, mais aussi d'afficher les vulnérabilités des ennemis ou encore de modifier le ratio d'expérience obtenu par les membres en réserve. Face à tous ces petits ajustements disponibles, on est assez étonné de ne pas voir à côté d'autres options d'ergonomie basiques que l'on retrouve dans la plupart des J-RPG modernes comme l'optimisation de l'équipement ou les combats automatiques. On regrette également que certaines fonctionnalités pourtant importantes n'aient pas droit à des tutoriels, quoique ce défaut peut être imputable au fait que nous avons joué à une version non-définitive du jeu.
Avec son rendu visuel charmant et son scénario qui s'annonce mature, Astria Ascending pourrait bien être la prochaine pépite qui ravira le coeur des nostalgiques de J-RPG "à l'ancienne". Bien décidé à ne pas se reposer uniquement sur sa partie artistique réussie, le titre n'oublie pas de proposer un système de combat et des mécaniques d'évolution complets qui confèrent une bonne liberté d'action au joueur. Reste à savoir si le titre parviendra à suffisamment se renouveler pour tenir toutes ses promesses et peut-être devenir l'un des incontournables du J-RPG indépendant.