Sans même savoir de quoi il en retourne, il suffit de poser les yeux sur l’écran-titre de Glitchpunk pour replonger au cœur des années 1990. Avec sa vue aérienne et ses petits personnages, le titre de Dark Lord rappelle immédiatement des jeux comme Loaded ou le GTA de la première heure. Quelques minutes plus tard, on devine que le studio polonais a souhaité rendre hommage au jeu mythique de DMA Design. Contrats à exécuter, forces de l’ordre à semer, cibles à éliminer… on retrouve tout ce qui fait le sel du premier GTA, mais dans une ambiance cyberpunk à la Blade Runner. Suffisant à l’heure des mondes ouverts et de la next-gen ?
Cet aperçu a été réalisé avec l'early-access de Glitchpunk, disponible depuis le 11 août dernier. Nous avons passé plusieurs heures sur le titre accessible sur Steam.
Cette early-access nous met dans le bain en nous catapultant au cœur de New Baltia, une cité futuriste dystopique où la population ne tolère plus la prolifération des androïdes. Ces derniers, devenus esclaves, se rebellent parfois (on se croirait dans l’O.A.V Armitage III) et l’atmosphère, au sein de la métropole, est électrique. L’avatar, surnommé Texas, a pour mission d’exécuter les ordres et de ne surtout pas les discuter. Mais il va peu à peu se trouver une conscience grâce à un glitch (une faille au cœur de son organisme robotique) et brouiller les pistes. Pour créer cette ville tentaculaire, les auteurs ont puisé dans leurs souvenirs de joueurs et imprégné leur projet de leur goût pour l’action et la dystopie. L’ambition est palpable et on peut s’attendre à des thèmes aussi variés que la religion, le transhumanisme, la xénophobie, etc. Un programme alléchant, mais qui est encore en cours de développement. Alors, qu’en est-il ?
DES REPÈRES À RETROUVER
Glitchpunk demande un petit temps d’adaptation car le zoom est assez prononcé et les déplacements, au tout départ, ne sont pas des plus simples à gérer. Pour le moment, seul le combo clavier+souris est proposé (la compatibilité manette existe, mais elle est partielle pour l’heure) et le personnage a tendance à glisser sur le sol. On finit par s’y faire et on se laisse guider par le scénario et les petites flèches de couleurs indiquant les objectifs à suivre et les cibles. Comme dans les premiers GTA en 2D, les contrats s’obtiennent via des cabines téléphoniques et il faut ensuite, à pied ou en véhicule, rejoindre les zones adéquates. New Baltia, la ville présentée dans cette early-access, est labyrinthique et se distingue par son architecture et ses différents quartiers. On devine, peu à peu, quelles zones sont plus ou moins malfamées et quels endroits sont plus sécurisés.
HUMAIN AUGMENTÉ
En termes de mécaniques, Glitchpunk repose sur les mêmes bases que les Grand Theft Auto en 2D. Une fois le contrat obtenu, il faut se diriger vers des distributeurs pour récupérer des armes (pistolet, fusil à pompe, fusil mitrailleur…), des trousses de soin ou divers objets boostant les capacités du héros. Ensuite, en cours de jeu, le protagoniste se munit de modules octroyant de nouvelles compétences, comme le fait de ralentir le temps pendant une durée limitée, de passer dans une sorte de mode « rage », etc. L’ensemble est assez classique et la trame est présentée sous la forme de petites scénettes à la manière d’une bande dessinée. Tant bien que mal (car la précision n’est pas optimale), on enchaîne les missions en découvrant les ruelles de la ville. Et, bien évidemment, comme dans GTA, la police veille au grain et essaye de vous mettre le grappin dessus. L'intelligence artificielle n'est pas exceptionnelle, mais elle tente de vous stopper par tous les moyens, quitte à faire des dommages collatéraux sur la population.
CHOISIS TON CAMP
Au gré des objectifs, le joueur est interpelé par différentes personnes, certaines étant à la tête de différents gangs. Chacun de vos actes influe sur votre réputation et impacte directement votre relation avec les clans de la mégalopole. Aussi, si la confiance d’un gang s’égrène envers vous, il n’hésitera pas à vous faire payer une taxe avant même de commencer la mission qu’il vous propose ! Toute cette philosophie de jeu est plutôt bien amenée et on passe, globalement, un moment sympathique, mais il est indéniable que le jeu n’est pas prêt. Les graphismes sont honorables, l’ambiance de la ville est bien rendue et il y a même plusieurs radios à écouter (quand on est en voiture), mais il manque à Glitchpunk des bruitages plus marqués et, surtout, des déplacements plus travaillés. Que ce soit à pied ou en véhicule, l’impression de glisser est beaucoup trop prégnante et on ne ressent pas assez le poids de l’avatar. Par ailleurs, on note des soucis de performances (techniquement, ce n'est pas toujours stable) ainsi que des anomalies dans l'intro et le déroulement des missions. Par exemple, il est possible de dépenser tout son argent (en armes, soins...) au début du jeu, mais un peu plus loin, une mission vous oblige à avoir une certaine somme. Par conséquent, si vous avez tout dépensé, vous devez redémarrer la partie ! Toujours en début de partie, vous avez trois flèches menant à des cabines téléphoniques, mais une seule est active ! Bref, il reste encore du boulot, mais le potentiel est là avec ses villes multiples, ses fins, son esthétique mi-2D/mi-3D et ses douze gangs. Il faut juste espérer que l'équipe arrive à gommer ces imperfections.
Hommage aux premiers GTA, Glitchpunk n’est pas un mauvais jeu, mais il n’est tout simplement pas prêt. En dépit d’une réalisation correcte, le jeu du studio polonais Dark Lord manque de finition dans son gameplay et souffre trop du syndrome « savon », que ce soit dans ses phases à pied ou à bord de véhicules. Le potentiel est là, les idées sont intéressantes, mais les six à huit mois de développement supplémentaires estimés par l’équipe ne seront pas de trop.