Comme un air de famille

Force est de le constater, aujourd'hui, parler de shooter multi coopératif avec des zombies peut laisser indifférent. Depuis l'immense succès des deux épisodes de Left 4 Dead, de très nombreuses déclinaisons du genre ont envahi nos machines, avec un succès et une qualité variables. C'est pourquoi le pari de répéter une formule connue de tous n'est pas forcément le plus évident à prendre pour Turtle Rock, qui s'avère cependant confiant en sa capacité à se réinventer tout en conservant les bases de ce qu'attendaient les joueurs.

Et effectivement, dès les premiers pas dans le PvE de Back 4 Blood, les sensations sont familières. Les 4 joueurs sont placés dans les bottes de Nettoyeurs, sorte de guerriers rompus à l'exercice du dégommage de zombies, chargés de sécuriser des endroits en nettoyant un maximum la zone. Back 4 Blood répète donc une formule que vous connaissez sans doute déjà. Chaque acte est divisé en différents chapitres (8, pour le premier acte) qui sont autant de petites zones infestées de zombies, qu'il faudra traverser à coups de flingues afin de rejoindre la prochaine zone sécurisée, zone qui sera le point de départ du chapitre suivant. En somme, Back for Blood ne cherche aucunement à réinventer la roue. Dès les premiers instants, le joueur est en terrain connu, prend vite ses repères, que ce soit concernant les infectés élite (les équivalents des spitters ou autre boomers) même dans ses environnements, qui, pour la première portion, vous conduiront dans une maison abandonnée ou un tunnel dévasté. Les oiseaux à ne pas effrayer remplacent la Witch pour le déclenchement de l'arrivée de la Horde, et quelques événements scriptés viennent mettre les joueurs en danger, s'ils ne l'étaient pas déjà assez. Les canons du shooter coop post-apo avec des zombies sont respectés et si le jeu ne sera certainement pas une claque visuelle, il jouit d'une ambiance très immersive et d'un environnement sonore soigné.

Côté spectacle, le jeu ne se montre pas non plus avare en moments épiques, avec une poignée de zombies colossaux qui peuvent surgir du sol, des infectés qui sortent des murs ou d'endroits différents en fonction de vos différents essais sur la même carte. De cette manière, Back 4 Blood sait maintenir la tension au sein du groupe, qui devra être alerte pour voir le bout de chemin et qui ne saurait apprendre les points d'apparition des dangers par coeur pour mieux s'en tirer. Les sensations de shoot sont quant à elles plutôt agréables grâce à un arsenal varié, allant de la traditionnelle batte de baseball au fusil à canon scié en passant par les fusils d'assaut ou de sniper. Chaque Nettoyeur peut équiper une arme de poing / de corps à corps et un fusil, et embarquer dans ses sacs une quantité limitée d'objets secondaires. Il faudra donc veiller à bien répartir au sein de votre groupe les défibrillateurs, bandages et autres grenades afin d'optimiser au mieux votre progression. Comme nous nous y attendions, Turtle Rock maîtrise plutôt bien son sujet et cette recette coopérative fonctionne bien. On discute stratégie, on s'échange des munitions, bref, on coopère naturellement. Si l'on excepte la dimension des armes assez disproportionnées et parfois un rien intrusives sur l'écran, le feeling des armes est au rendez-vous, feeling que vous pourrez d'ailleurs améliorer grâce aux accessoires qui peuvent être attachés sur certaines armes afin de les rendre plus stables ou plus précises. Notez que chaque personnage dispose d'une jauge d'endurance plus ou moins grande, qui conditionnera votre capacité à porter des coups au corps à corps, mais également à sprinter. Autant dire qu'il conviendra de garder un œil attentif sur cette jauge, que vous pourrez également améliorer à terme.

Deck building et customisation

Car cet aspect « customisation » est sans doute ce qui apporte le plus de fraîcheur à Back 4 Blood et il est d'ailleurs omniprésent avant même la première détonation d'arme. Effectivement, avant même de rejoindre le premier chapitre d'un acte, un premier set de cartes dites « corrompues » vous indique quelques modificateurs qui viendront parfois entraver votre chemin. Brouillard épais, autres effets météo, ennemis renforcés, plus nombreux... autant de contraintes viendront corser les choses si le jeu estime que la progression de votre groupe est trop paisible, ou qui viendront les adoucir si votre escouade passe son temps au sol. Ce système, déjà entrevu dans des jeux précédents et pas toujours appliqué avec succès, ne devrait cependant pas être anecdotique et pourrait modifier en profondeur la morphologie de certaines parties, même si notre session de jeu n'a pas encore permis de malmener plus longuement le concept.

Mais ces cartes de corruption ne sont pas les seules en jeu et chaque personnage peut se créer un deck constitué de cartes différentes. À chaque début de chapitre, vous pourrez choisir une carte parmi une poignée de bonus variés et souvent complémentaires. Augmentation de l'endurance, accroissement de la capacité de vos chargeurs ne sont là que des statistiques profitables à vous-même, mais d'autres permettront de vous spécialiser et profiteront à votre équipe. Une carte par exemple vous permettra de pointer des munitions pour vos partenaires en jeu, qui, lorsqu'ils iront les récupérer, profiteront d'un bonus de 10% de balles en plus. Une autre augmentera votre résistance au corps à corps de 75% mais vous empêchera de courir... On retrouvera les mêmes principes pour les boosts de soins, de dégâts au corps à corps ou en fusil d'assaut. Si nous n'en avons qu'effleuré la surface, ce système de deck semble assez touffu et permettra sans doute de se bâtir des groupes solides et complémentaires.

Car si le niveau de difficulté basique ressemble franchement à un parcours de santé, le mode intermédiaire corse déjà un peu plus les choses, et le mode Nightmare, quant à lui, porte bien son nom. Sur les quelques essais que nous avons effectués, nous nous sommes très rapidement trouvés à court de munitions, avec très peu de vie et pas assez d'argent pour nous soigner aux quelques postes de soins répartis sur la carte. Car oui, il faudra prendre soin de fouiller toutes les pièces du jeu afin de dénicher des ressources et notamment des pièces de cuivre pour pouvoir se soigner (hors bandes et autres potions), mais également pour procéder à quelques achats en début de chapitre. Chaque zone sûre dispose effectivement d'un coffre qui renferme des accessoires pour armes, des bandages ou encore des boost généraux, plus coûteux, mais qui permettent par exemple d'augmenter le stockage de produits pharmaceutiques de l'intégralité de votre escouade. Ceci a un effet plutôt bénéfique sur la coopération et encourage la discussion au sein du groupe, ce que l'on cherche avant tout dans ce type d'expérience. En somme s'il faudra s'assurer que la variété des cartes permettront une vraie diversité d'approches de la partie, que les modificateurs seront percutants et que la recette ne s'essouffle pas sur la durée, Back 4 Blood a tout du Left 4 Dead 3, sans énormément d'audace, mais toujours efficace pour jouer entre amis.