Si le nom de Weird West vous est encore inconnu, vous avez en revanche probablement déjà entendu parlé de ses auteurs : Raphaël Colantonio et Julien Roby, co-créateurs de Dishonored et Prey. Ces deux vétérans d'Arkane proposent cette année leur premier projet sous la bannière de leur nouveau studio, WolfEye. Entre Action-RPG et twin-stick shooter, le jeu nous embarquera dans un Far West bien à part, où "cowboys et hommes de loi cohabitent avec des créatures fantastiques". Dans le cadre de notre preview, nous avons eu droit à une présentation détaillée d’une première partie de l’aventure, laquelle s’avère des plus prometteuses.

Un univers impitoyable

Weird West plante son cadre sur les terres impitoyables de l'Ouest américain en y conviant sorcières, loups-garous et autres entités magiques. Au sein de ces décors tout à fait intrigants façon Deadlands en 3D isométrique, le jeu s'attache à raconter les destins croisés de cinq protagonistes chevronnés dont les parcours convergeront vers la fin. Mais leurs histoires sont aussi les vôtres, nous promet-on ; ainsi les chemins de ces héros seront déterminés par vos actions et par des choix irréversibles pouvant mener à la mort. Et puisqu'il se veut le plus cohérent possible, le monde de Weird West restera dans l'état où vous le laissez une fois que vous contrôlerez un nouveau compagnon de route. Si nous n'avons pu qu'entrevoir le parcours de l'un d'entre eux, l'idée d'explorer un univers soumis à ces règles strictes et à travers plusieurs regards est assez excitante. Notre premier partenaire est une ancienne chasseuse de primes redoutée qui a décidé de rendre son tablier pour s'orienter vers un train de vie plus normal. Seulement voilà, le destin la rattrape quand des bandits s'en prennent à sa famille ; le cadavre de son fils jonche un jour sur le sol et son époux a disparu sans laisser de traces. Nous voilà donc embarqués dans une quête de vengeance contre un gang que l'on prénomme les "Stillwaters". Pour l'heure, le pitch présenté attire sans aucun mal ; reste à voir comment la suite se présente.

Cette courte introduction nous est narrée par une voix masculine rauque, laquelle instaure l'ambiance de western bourru dans lequel on souhaite s'engager volontiers. Celle-ci constitue l'unique doublage du jeu et ponctuera une bande-son aux sonorités brumeuses qu'on aimerait entendre s'imposer un peu plus. Les décors s'apprécient quant à eux dans un style cel-shading inspiré des BDs françaises à l'ancienne qui ne manque certainement pas de cachet. Et preuve du soin apporté à l'immersion, chaque bâtisse peut être fouillée, la plupart du temps pour y dénicher des ressources utiles, entre vivres, soins, munitions ou reliques rares. "Quand nous créons le monde, il doit être plus grand que le jeu", nous indiquent par ailleurs les développeurs lors de la présentation de ce dernier. Et en effet, le détail apporté à l'univers paraît minutieusement travaillé ; la plupart des éléments sont palpables et interagissent de façon réaliste avec l'environnement, qu'on peut alors utiliser à notre avantage : vous avez la possibilité de tirer sur une bouteille lancée en l’air, mettre le feu à une parcelle de terre en faisant exploser une lampe à huile ou encore escalader les bâtiments histoire d'apporter un peu de verticalité au terrain. Un cycle jour/nuit est également au programme : une fois le soleil couché, les boutiques ferment leurs portes et les habitants partent au lit ; c'est donc l'occasion idéale pour s'infiltrer dans une banque, par exemple. Si l'ensemble de ces détails apportent un charme certain à l'immersion, on pourra reprocher aux intérieurs d'être parfois un poil déserts au risque de ne représenter que de vastes espaces dédiés au loot sans profondeur. Sur le plan visuel, une dernière remarque peut être faite aux animations qui se montrent légèrement rigides.

La liberté avant tout

Au total, Weird West proposera une durée de vie qui s'étend à une vingtaine d'heures pour celui qui se contentera de vivre l'histoire principale en ligne droite. Prévoyez également une poignée de quêtes secondaires que les développeurs de WolfEye présentent comme relativement "concises". Le point d'ordre étant de proposer une expérience "non-linéaire" ; promesse qui semble se tenir au vu de plusieurs aspects, à commencer par la carte qui se laisse parcourir librement. Vos trajets seront d'ailleurs ponctués de quelques surprises bien venues ; entendez par là qu'il faudra parfois s'attendre à des événements générés de façon procédurale tels que de brutales attaques de coyotes. Attendons de constater la diversité des situations sur la longue durée. Et puisqu'on souhaite vous faire ressentir un certain besoin de progression, certaines zones trop dangereuses resteront à éviter en début de partie.

Globalement, le titre fait le pari d'un gameplay "de type sandbox" : "Nous disons essentiellement oui au joueur autant que possible". Côté action en temps réel, les développeurs ont misé sur du twin-stick shooter très classique avec une visée à 360°qui gratifie l'aventure de moult gunfights nerveux et très plaisants qui demandent une bonne réactivité. Mais vous pouvez aussi opter pour la furtivité : s'infiltrer silencieusement, étrangler puis cacher les cadavres de vos victimes dans les buissons est ici une option tout à fait jouable pour contrer l'ennemi.

Honorant l'un des principes de l'immersive sim, le jeu intègre un système d'approches multiples qui se montre aussi très agréable dans la construction de votre héros. Ainsi si le joueur doit respecter un fil narratif, libre à lui de l'appréhender de la manière qu'il souhaite. En début d'aventure, par exemple, notre ancienne chasseuse de prime est amenée à interroger l'un des membres des "Stillwaters". Via des choix de dialogue, vous pouvez préférer la diplomatie ou la manière forte. Notez néanmoins qu'éliminer votre prisonnier sans lui offrir de procès équitable vous coûtera dix points de réputation ; un facteur à prendre en compte pour le bien de votre survie. Si celui-ci est trop bas, vous risquez bien vous retrouver pisté par une bande de malfrats. Dans le cas contraire, vous aurez accès à plus d'options et à un panel d'alliés plus large. Il sera donc judicieux de penser vos choix de manière stratégique. Bref, l'un des atouts de Weird West semble non seulement résider dans les possibilités offertes pour l'élaboration de votre héros, mais également dans les conséquences qu'elles sont capables d'engendrer. Enfin, dans un souci de personnalisation, le titre intègre des caractéristiques RPG attrayantes ; Les reliques que vous dénicherez çà et là peuvent être échangées contre de nouvelles capacités dédiées à vos armes ou à votre spécialisation (de chasseuse de prime dans notre premier cas). Comptez aussi des éléments de crafting, que nous n'avons pas encore eu l'occasion d'apprécier.