Lors de sa sortie il y a 13 ans, The World Ends With You était l'un des premiers jeux de Square Enix sur Nintendo DS qui tirait pleinement partie des fonctionnalités de la console, en particulier de l'écran tactile. Mais contrairement à de nombreux autres jeux de l'éditeur à l'époque, cet Action-RPG avait surtout pour grande originalité de situer son action à Shibuya, quartier "hype" de Tokyo, en proposant une esthétique fashion et urbaine. De plus, il s'agissait d'un projet signé Tetsuya Nomura, character designer star de Square Enix, connu pour son travail sur les Final Fantasy ainsi que sur Kingdom Hearts dont il a réalisé la plupart des titres. Malgré sa sortie uniquement sur DS, le titre a tout de même réussi à se faire un nom héritant d'un 15/20 dans nos colonnes. Après une resortie en 2012 sur iOS et en 2018 sur Switch, difficile de savoir ce qu'il allait advenir de la licence par la suite. Et pourtant, en 2020, Square Enix annonce le retour de la série sous plusieurs formes : à l'été, on apprend que The World Ends With You va avoir droit à une adaptation animée tandis qu'une suite est annoncée à l'hiver, intitulée NEO : The World Ends With You.

Prenant toujours place dans le quartier de Shibuya, ce nouvel épisode suit les aventures de Rindo, un adolescent lambda qui traîne dans les rues de Tokyo. Alors qu'il rejoint son ami Fret devant le 104 Building, il trouve par terre un mystérieux badge et assiste à un affrontement entre des hommes et des créatures étranges. Mais alors que les deux adolescents pensent assister à un simple divertissement de rue, ils se rendent compte qu'ils sont les seuls à le voir et que les passants n'y portent pas attention. Tout à coup, alors que la situation dégénère, Rindo voit son ami se faire écraser par un camion. En pleine confusion, il revit cette même scène et réussit cette fois à sauver Fret. Une fois au calme, ils comprennent qu'ils se trouvent dans une dimension parallèle qui ressemble à la réalité et qu'ils participent désormais au "Jeu des Reapers". On leur explique alors que le but de ce jeu est de former des équipes et de remplir des missions afin de gagner la partie à la fin de la semaine.

Avec ce postulat de départ, les fans de la première heure se trouveront en terrain connu puisque le concept de "Jeu des Reapers", déjà présent dans le jeu original, est de retour. Pour les nouveaux arrivants, ces derniers vont découvrir une intrigue mystérieuse typique des jeux de Tetsuya Nomura qui ne révèle son sens qu'au fil de l'aventure. Du côté de la partie artistique, on retrouve aussi tous les éléments qui ont fait la popularité du premier épisode : graphismes en cel-shading, personnages au look sophistiqué, interfaces stylisées... Cela se voit notamment au cours des scènes de dialogues qui mettent en scène des illustrations de personnages de façon dynamique. Pour les influences, on se retrouve toujours à mi-chemin entre Kingdom Hearts (Nomura oblige) et Jet Set Radio pour le côté urbain, mais cette fois avec une inspiration venant aussi de Persona 5. Rien d'étonnant compte tenu des similarités entre les deux titres (ils se déroulent à Shibuya, ils mettent l'accent sur le style...). D'ailleurs, il ne serait pas étonnant d'apprendre que Persona 5 ait été en partie inspiré du premier épisode. L'autre élément important de cette direction artistique concerne la musique, composée par Takeharu Ishimoto qui avait déjà travaillé sur The World Ends With You. Nous avons pu entendre des morceaux issus de différents genres (hip-hop, rock, électro...) mais toujours dans un style urbain à la Jet Set Radio. Plusieurs pistes sont sorties du lot, ce qui laisse présager d'une bande originale très réussie.

Pour revenir sur le déroulement concret du jeu, on se balade dans les rues de Shibuya pour résoudre des missions qui prennent souvent la forme d'énigmes. Ces dernières demandent souvent d'utiliser une sorte de sixième sens pour repérer des éléments indétectables autrement. Mais lorsque ce scanner est activé, c'est là que votre personnage peut se faire attaquer par des monstres. D'ailleurs, en rassemblant plusieurs groupes d'ennemis en même temps, il est possible d'enchaîner les combats pour augmenter l'expérience reçue et la probabilité d'obtenir des objets rares. Malheureusement, c'est à ce moment-là qu'on se rend compte d'un des défauts du jeu : les temps de chargement. Si ces derniers ne sont pas longs, il faut tout de même attendre un laps de quelques secondes entre chaque affrontement avant de pouvoir jouer, ce qui rend l'expérience de jeu moins agréable. Pour ce qui est de la technique, nous avons pu observer que le titre offre toujours du 60 i/s constant, aussi bien en combat que lors des phases d'exploration, mais que certains modèles de personnages souffrent d'un léger aliasing.

Une fois l'affrontement déclenché, le jeu prend la forme d'un Action-RPG en temps réel dans lequel chaque bouton correspond à un membre de votre équipe. En appuyant plusieurs fois sur une touche, l'un de vos personnages va réaliser un combo. Si le dernier coup de son enchaînement touche l'ennemi, un cercle avec écrit "Drop the beat" apparaît alors autour de lui. Si vous parvenez à toucher cet adversaire avant que le rond ne se résorbe, vous gagnez des pourcentages de Beat. Une fois la jauge de Beat à 100%, il est possible de déclencher un état dans lequel vos personnages frappent plus fort. Pour compléter la palette de mouvements, chaque membre de votre équipe dispose d'une roulade pour esquiver les attaques ennemies. Une fois ces notions assimilées, le but de chaque combat est d'essayer de remplir le plus rapidement sa jauge de Beat en enchaînant les combos sur vos adversaires et en switchant constamment d'équipiers au bon moment. Mais attention, il n'est pas possible d'attaquer sans interruption puisque chaque personnage dispose d'une jauge d'endurance. De plus, au fil de l'aventure, vous pourrez obtenir de nouveaux badges qui modifient la façon d'attaquer de vos héros : corps-à-corps, distance, magie, charge...

Avec tous ces éléments, les combats de NEO : The World Ends With You sont donc très dynamiques mais aussi répétitifs puisqu'on y fait toujours la même chose. On effectue un combo avec un personnage, puis on répète la même opération avec le suivant etc... Cependant, il est important de souligner que nous n'avons joué qu'aux deux premières heures du jeu et que le titre n'a peut-être pas encore révélé toutes les subtilités de son système de combat. D'un autre côté, cela n'empêche pas les affrontements d'être relativement brouillons par moments. Puisque les membres de votre équipe sont automatiquement attirés vers l'ennemi qu'ils doivent frapper, il n'est pas rare de recevoir une attaque dans le dos sans s'en rendre compte. Malgré tout, cela n'empêche pas pour autant les combats d'être agréables à jouer, même s'il manque de profondeur en début de jeu.