Diablo II : Resurrected est à coup sûr la plus grosse sortie de Blizzard en 2021. Si l’on peut être déçu, au premier abord, de son simple statut de “remake”, ce weekend passé sur l’Alpha nous a rassuré sur de nombreux points, à commencer par l’immense respect des développeurs pour le matériel d’origine.
Pour la création de ce remake de Diablo II, Blizzard s’est ainsi adjoint les services de Vicarious Vision, qui avait déjà effectué un très honorable travail sur Crash Bandicoot N. Sane Trilogy et Tony Hawk's Pro Skater 1+2. Avec ces deux titres, le studio a prouvé son savoir-faire dès qu’il s’agissait de restaurer techniquement d’anciennes gloires, tout en respectant le game-design d’origine. Avec Diablo II : Resurrected, Vicarious Vision applique à la lettre cette démarche et le fait avec un talent certain. Avant de continuer sur nos impressions, rappelons en quoi a consisté cette première phase d’Alpha technique : le jeu était jouable exclusivement en solo et nous avons pu découvrir les deux premiers actes en entier, avec le choix de trois classes : Barbare, Amazone et Ensorceleuse. La majorité de notre session s’est faite avec l’Ensorceleuse, que nous avons pu pousser jusqu’au niveau 22. Nous avons également joué avec le Barbare jusqu’au niveau 11 et avec l’Amazone jusqu’au niveau 7.
Preview de Diablo II Resurrected
Une dantesque entreprise de restauration
La première chose qui frappe lorsque l’on se lance dans Diablo II : Resurrected, c’est à quel point on retrouve des sensations familières, tout en ayant l’impression d’être face à une vraie nouveauté. Dès les premiers pas dans le camp des Rogues, dès les premiers coups de hache sur un zombie dans la Lande Sanglante, ça ne fait aucun doute : nous sommes bien en train de jouer à Diablo II. Mais un Diablo II qui profite de tous les effets visuels modernes, à commencer par de très beaux éclairages, travaillés et subtils ou encore de splendides reflets dans les flaques d’eau. Un appui sur la touche “G” permet par ailleurs de passer en un clin d’oeil du jeu d’origine (en 800x600 pixels) à cette nouvelle version, et ainsi se rendre compte à quel point Vicarious Vision s’est appliqué à ne pas dénaturer l’ambiance.
Comparatif visuel "avant-après"
Chaque torche, chaque jarre, chaque tombeau, chaque statue ou peinture sur le mur est donc exactement à sa place, mais a été entièrement retravaillé en 3D. Même chose pour l’ensemble des PNJ - monstres ou héros - qui sont désormais entièrement en 3D et bien plus détaillés, mais que l’on reconnaît immédiatement. Et autant être franc : c’est un véritable bonheur de redécouvrir la Cathédrale de l’acte 1, Tristram en feu ou la ville de Lut Gholein. À ces assets entièrement refaits en 3D s’ajoutent de nombreux effets très réussis, que ce soit de l’éclairage dynamique, du brouillard, de la fumée ou des flammes. Jouer avec l’ensorceleuse donne ainsi lieu à un véritable festival pyrotechnique, où chaque boule de feu ou éclair lancé dans un étroit couloir est l’occasion d’admirer les subtiles variations de lumière. La direction artistique si sombre, si “dark fantasy” de Diablo II est donc intacte dans Diablo II : Resurrected. Mieux : elle est sublimée par le travail de restauration de Vicarious Vision. Côté son, là encore, tout a été parfaitement restitué et l’ensemble du sound-design profite d’un traitement compatible Dolby Surround 7.1. Les splendides compositions de Matt Uelmen participent plus que jamais à l’ambiance sombre, presque dépressive, du jeu d’origine.
L’expérience d’origine, avec ses rugosités
Vous l’aurez compris : nous avons été conquis par le travail de refonte visuelle et sonore, en tout cas sur les deux premiers actes parcourus à l’occasion de cette alpha technique. Et cette volonté de conserver intacte l’essence d’origine passe également par une interface qui a très peu évolué, mais qui offre tout de même quelques améliorations bienvenues. Si, en 2021, l'impossibilité d’empiler plusieurs objets du même type dans son inventaire est clairement anachronique (ces satanées potions qui s’accumulent !) et que le sac du héros se remplit toujours bien trop rapidement, nous obligeant à d’incessants allers-retours en ville, on apprécie tout de même la possibilité de ramasser automatiquement l’or ou encore la refonte partielle de l’arbre de talents. Celui-ci est désormais plus clair et offre de précieuses informations permettant de mieux orienter son héros. De même, il est désormais possible de customiser davantage les contrôles au clavier, chaque pouvoir pouvant être assigné à telle ou telle touche de fonction. En matière de confort de jeu, on apprécie également la plus grande taille du “coffre personnel”, qui vous permet de stocker votre surplus d’objets et même de partager vos items les plus rares avec vos autres personnages.
Une prise main au pad qui fonctionne à merveille
Mais la plus grosse nouveauté en matière d’interface et de prise en main, c’est bien entendu la compatibilité totale avec les manettes. Rappelons en effet que Diablo II : Resurrected sort également sur PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series et Switch. Repenser la maniabilité est donc indispensable. Sur PC, passer du combo “clavier/souris” à un pad se fait sans transition, l’interface se modifiant à la volée dès que vous allez appuyer sur une touche du contrôleur correspondant. Nous avons été très agréablement surpris par la prise en main à la manette, à tel point qu’elle nous semble plus judicieuse qu’au clavier/souris, au moins pour les combats. Au pad, vous avez l’énorme avantage de pouvoir assigner l’ensemble de vos pouvoirs aux touches “A, B, X, Y, RB, LB et RT” et il est donc beaucoup plus simple de passer d’une aptitude à l’autre. Encore mieux : l’appui sur “LT” permet de doubler les raccourcis et de faire des combinaisons de touches du type “LT + A” pour activer un portail de ville, par exemple. L’utilisation des potions se fait quant à elle via la croix directionnelle, chaque direction étant attribuée à un emplacement.
Bref, traverser le jeu de cette manière est un vrai plaisir, seulement entaché par une gestion de l’inventaire un peu plus fastidieuse. Vicarious Vision fait ici le choix d’un pointeur rond que l’on déplace avec le stick gauche “à la Destiny”, ce qui est forcément moins réactif et rapide qu’une gestion à la souris. Il y a cependant la possibilité de transférer rapidement des objets (notamment auprès des marchands ou dans le coffre personnel) via un appui long sur “X”. Bref, ce n’est pas idéal et assez loin de la gestion exemplaire de l’inventaire dans Diablo III, mais c’était sans doute un compromis à faire pour que les développeurs n'aient pas à repenser entièrement l’interface. Et, encore une fois, en combat, cette prise en main au pad marche extrêmement bien. Bref, Diablo II : Resurrected devrait procurer d’excellentes sensations, quel que soit votre support de prédilection.
Ce premier (long) contact avec Diablo II : Resurrected nous a donc totalement rassurés quant à la démarche de Blizzard et Vicarious Vision. Visuellement superbe, ce remake de Diablo II conserve les qualités artistiques et ludiques de l’original, avec juste ce qu’il faut de modifications “pour le confort”. Si l’on reste tout de même sur un hack n’slash du début des années 2000, avec ce que cela implique en matière de contraintes, le plaisir simple d’abattre des montres à la chaîne et de tomber sur le loot ultime est totalement intact. Pour rappel, lors de sa sortie prévue cette année, le jeu intégrera tout le contenu du jeu original ainsi que l’extension Lord of Destruction (un acte en plus et 2 classes supplémentaire - Druide et Assassin). La durée de vie s’annonce donc dantesque, étant donné que nous avons passé presque une vingtaine d’heures sur les deux premiers actes.
Difficile de ne pas être emballé par Diablo II : Resurrected et surtout par la démarche ultra-respectueuse des personnes impliquées dans le projet. Blizzard et Vicarious Vision prennent le parti de ne presque pas toucher au fond et de retravailler la forme de la plus belle des manières, en restaurant superbement chaque bout de décor, chaque monstre, chaque effet visuel. En résulte une expérience qui semble à la fois très familière tout en étant nouvelle. On se sent à la maison immédiatement, mais une maison où la peinture aurait été refaite et où le parquet et les meubles auraient été sérieusement poncés. Étant donné la qualité constatée sur les deux premiers actes du jeu, on voit mal comment la suite pourrait être loupée. Bref, si vous n’en pouvez plus d’attendre Diabo IV, Diablo II : Resurrected aura largement de quoi vous faire patienter.