Once upon a time in Mordor

The Lord of the Rings : Gollum s’intéresse de très près, comme son titre l'indique, à Gollum aka Sméagol de son nom de Hobbit, un des personnages les plus énigmatiques et tourmentés de la saga de J. R. R. Tolkien. Ce jeu d’action-aventure édité par Daedalic en collaboration avec Nacon couvre les événements qui précèdent Le Seigneur des Anneaux (3018 - 3019 du Troisième Âge des Années du Soleil), et débute précisément dans les geôles de Barad-dûr en 3017 alors que notre anti-héros tente de fuir la demeure de Sauron, puis le Mordor. La causalité pourrait le mèner à croiser en fin de périple la route de Frodon Sacquet et Samsagace Gamegie, et donc de l’Anneau Unique, un artefact appelé avec amour “Précieux” par ce dernier.

La mise en scène, pour ce que nous avons pu en voir, se construit autour de cinématiques servant de passerelles entre les phases de gameplay, histoire de conter les aventures de cet être singulier qui se démarque par une schizophrénie prononcée au dernier degré. Les développeurs souhaitent capitaliser sur l’état psychique du colérique Gollum ainsi que de son alter-ego froussard Sméagol. Ce dédoublement de la personnalité se concrétise en jeu par la présence de plusieurs mécaniques qui impactent le déroulé de l’aventure. Sméagol se parle certes à lui-même, enfin à Gollum, mais les troubles dont il souffre se manifestent de bien d'autres manières.

A plusieurs reprises au cours de son périple, cet être corrompu par l’Anneau Unique est amené à faire un choix, celui de céder à la violence de Gollum afin d’éliminer une menace ou de répondre favorablement au “pacifisme relatif” de Sméagol, et ainsi rester tapis dans l’ombre. Toutefois, ces décisions ont-elles un véritable impact sur l’aventure, modifient-elles en profondeur l’Histoire de Gollum, et donc de la Terre du Milieu ? Il nous est impossible à l’heure actuelle de répondre à ces questions avec le peu d’informations en notre possession, en espérant néanmoins devoir assumer les conséquences de nos choix, des choix qui mèneront inexorablement l’ancien Hobbit au funeste destin que nous lui connaissons.

"Hyde" & Seek

Au jeu des comparaisons vidéoludiques faciles, nous pourrions mentionner Styx : Master of Shadows et sa suite Shards of Darkness, tant le jeu de Daedalic et Nacon partage de nombreux points communs avec la franchise de Cyanide Studio et Focus Home Interactive. Nous sommes ici en présence d’un jeu d‘action-aventure linéaire misant sur la discrétion et les capacités d’infiltration de son personnage principal. The Lord of the Rings : Gollum se compose de plusieurs chapitres eux-mêmes divisés en une série de zones semi-ouvertes à traverser sans se faire repérer. Le protagoniste n’a ici rien de guerrier. Bien que plus coriace qu’un Hobbit, Gollum ne peut affronter ni gobelins, ni orcs en un contre un, et se doit d’être créatif pour survivre.

Cette nouvelle entrée dans l’univers du Seigneur des Anneaux pousse à l’exploration de la prison de Barad-dûr, puis des terres sombres. Ces niveaux, annoncés comme variés aussi bien visuellement que d'un point de vue purement ludiques, s'inspirent des illustrations d'origine, et exploitent à première vue la verticalité des architectures du Mordor. Si Gollum se dissimule dans l’ombre afin de se faufiler au nez à la barbe des gardes, il peut également emprunter des itinéaires moins conventionnels. Ces chemins de traverse mettent à profit ses qualités athlétiques et ses aptitudes en Parkour lors de phases modernisées de plateforme. L’infiltration sous toutes ses formes est une composante essentielle de l’aventure.

Sméagol et son alter-égo sont bien trop faibles pour affronter en duel les hordes de Sauron, et comptent exclusivement sur des éliminations furtives, toujours en embuscade, à condition que la cible soit suffisamment isolée. L’intelligence artificielle des ennemis repose, certes sur leur champ de vision, mais également sur l’ouïe. Le moindre bruit suspect met les gardes en alerte. Plus les sons s’intensifient, plus ces derniers sont sur le qui-vive ce qui force Gollum à se réfugier dans l’obscurité. Se faire repérer est ici synonyme de fuite sous peine d'être blessé, voire pire de mourir. Le héros possède toutefois un sixième sens qualifié par les développeurs de “Sound Vision”. Cette aptitude obtenue au cours de ses 500 années d’errance dans les Monts Brumeux (ou Montagne de Brume) lui permet de repérer les ennemis à l'oreille, ce qui ne sera pas de trop pour s’exfiltrer vivant du Mordor.