Une première portion plus que prometteuse

Nous avons pu nous essayer aux deux premiers chapitres du jeu. Si It Takes Two n'est pas explicitement compartimenté par segments, nous avons estimé que les chapitres en question correspondaient à des univers, en l'occurrence un établi et un arbre rempli d'écureuils belliqueux et de guêpes qui ne l'étaient pas moins, pour environ 4 heures de jeu. Pour l'heure, nous ignorons malheureusement le nombre d'univers que It Takes Two proposera dans sa version finale, même si, selon les dires de Josef Fares, qui nous a livré une longue introduction au projet, nous avons vu « beaucoup » du jeu, tout en nous assurant que de très nombreuses surprises nous attendaient par la suite.

Marriage Story

Mais alors It Takes Two, ça raconte quoi ? L'histoire est simple, mais reste assez peu abordée dans le milieu du jeu vidéo. Cody et May, parents d'une jeune fille, ont récemment entamé une procédure de divorce. L'annonce de la nouvelle à leur enfant conduit celle-ci à souhaiter que ses deux parents se pardonnent mutuellement afin qu'ils restent unis. Des larmes de tristesse coulent des joues de la jeune fille, échouent sur deux poupées à l'effigie des parents confectionnées par ses soins, et les deux adultes se trouvent propulsés dans une version miniature d'eux-mêmes, faite d'argile et de bois, dans leur propre maison. Un excentrique bouquin, manifestement espagnol, baptisé Docteur Hakim, intervient alors. Cet hilarant et agaçant personnage fera comprendre à nos deux protagonistes qu'il leur faudra coopérer pour arranger leur relation, sauver leur mariage et enfin, retrouver leur forme humaine. Si l'écriture en elle-même reste assez classique et que les thèmes que nous avons aperçus restent plutôt balisés, il n'en va pas de même pour l'interprétation des différents personnages du jeu, dont la qualité de jeu est tout simplement irréprochable. Proposé en VOSTFR, It Takes Two fait montre d'un casting vocal de haute volée, et fait preuve d'un humour bon enfant qui restitue parfaitement la fantaisie de l'univers du jeu.

Un univers enchanteur

Et cet univers, justement, a bénéficié d'un soin tout particulier. Très joli, coloré, original et bien construit, le monde de It Takes Two est en permanence à cheval entre crédibilité du monde réel vu par les yeux de personnages miniaturisés, et distorsion de la réalité, ou une simple souche d'arbre creuse, par exemple, renferme d'immenses cavernes boisées, peuplées de créatures aussi amusantes que dangereuses. La quête de nos deux personnages les conduira à affronter un aspirateur rancunier d'avoir été remplacé par un robot ménager autonome, des écureuils en proie à des guêpes particulièrement agressives, mais, si l'ensemble est particulièrement fantaisiste, l'histoire trouve toujours un moyen de raccrocher ces éléments fantastiques à la réalité de nos personnages. Même si cela peut paraître artificiel, nous apprécions que les situations rocambolesques traversées trouvent tout de même du sens dans ce déluge d'évènements improbables. Qu'il s'agisse des petites trouvailles d’éléments interactifs dans l'univers, du chara design, des animations corporelles ou de l'expressivité des protagonistes comme des personnages secondaires, It Takes Two est enchanteur et aussi plein de surprises, ne laissant au joueur que peu de répit, sans pour autant l’assommer par une cadence hystérique. Notez d'ailleurs que le jeu reste accessible aux joueurs amateurs comme aux confirmés, puisque les points de sauvegarde sont très nombreux et le game over n'intervient que si les deux joueurs meurent simultanément, sachant que si l'un reste encore en vie, l'autre aura la possibilité de marteler une touche pour revenir dans la bataille.

Interactif, varié, fun

Mais un univers ne fait pas tout, aussi faut-il le rendre attractif et interactif et là encore, It Takes Two semble s'en sortir avec les honneurs. À la manière de A Way Out, que vous jouiez en ligne en en coopération locale, vous devrez sélectionner au début de l'aventure le personnage que vous souhaitez incarner. L'écran de jeu se scinde à la verticale ou à l'horizontale en fonction de l'architecture des lieux et alors s'enchaînent énigmes, phases de plates-formes et de combats dont chacune requerra communication et coopération pour être menée à bien. Lorsque May reçoit un marteau, Cody pourra de son côté planter des clous sur des surfaces prévues à cet effet. Le premier outil permettra d'élever des plates-formes, le second, de les fixer au mur. Mais cela n'est qu'une des possibilités offertes par le combo des deux ustensiles, puisque It Takes Two a la bonne idée de décliner les concepts d'une manière très maline, de telle sorte que les puzzles, s'ils s'articulent autour de la même base, se ressemblent finalement assez peu. Et, si vous vous posiez la question, oui, à l'image de A Way Out, tout un tas de mini jeux sont disséminés dans l'univers si vous voulez bien prendre la peine de l'explorer.

De nombreuses phases de jeu se succèdent avec une grande fluidité, et, si l'ensemble des mécaniques, prises individuellement, ne sont pas révolutionnaires et ont déjà été aperçues ailleurs dans des jeux bien différents, elles sont ici habilement introduites, mélangées, pour livrer une aventure variée et rythmée. Si nous connaissons la célèbre sortie de Josef Fares, développeur qui n'a assurément pas la langue dans sa poche, affirmant que si le joueur s'ennuyait, le développeur lui verserait 1000$, la promesse semble être en passe d'être tenue. Si It Takes Two parvient à maintenir la diversité des situations sur l'ensemble de l'aventure, Josef Fares devrait sans peine éviter de grever son compte en banque pour honorer sa promesse face aux joueurs à l'ennui rapide. Passer d'une phase de plate-forme à une séquence de rail shooter, ou l'un des joueurs dirige une plate-forme tandis que l'autre doit libérer un passage à coup d'arme de fortune, en passant par des séquences de synchronisation et même de versus figthing, It Takes Two jouit d'un caractère imprévisible et souvent surprenant que l'on espère être maintenu sur l'ensemble de la traversée qui conduira, ou pas, nos deux avatars à recoller les morceaux de leur couple qui vole en éclat.