Housemarque est né en 1995 de la fusion de Bloodhouse (Stardust) et Terramarque (Elfmania). Ces studios situés à Helsinki travaillent majoritairement pour l’écosystème PlayStation depuis une décennie, et plus particulièrement pour le PlayStation Network. Spécialisés dans les genres Shooter et Shoot’em Up, ces développeurs finlandais se sont fait connaître par le passé avec Deadnation, Outland, Resogun, Alienation, Nex Machina et Matterfall. Il n’est donc pas étonnant de les retrouver sur une nouvelle production exclusive cette fois-ci à la PlayStation 5. Returnal, un Shooter 3D teinté de Roguelike, peut-il mettre en lumière la dernière console de Sony ?
Lors d’un événement organisé en ligne par Sony Entertainment, la rédaction de jeuxvideo.com a pu découvrir 17 minutes inédites de gameplay commenté en vidéo (1080p) avant de s’entretenir durant 30 minutes avec Harry Krueger (Game Director - Housemarque), Gregory Louden (Narrative Director - Housemarque) et Pedro Sousa (Producer - Sony XDev).
La mort n’est que le commencement
Returnal se définit comme un thriller psychologique de science-fiction prenant pour cadre un futur technologique indéterminé, et narre les mésaventures d’une astronaute dont le vaisseau vient tout juste de s'écraser sur une mystérieuse planète extraterrestre. Selene, un prénom emprunté à la déesse grecque de la Lune, tente de survivre face à un environnement ouvertement hostile. Pour ne rien arranger, notre héroïne est coincée bien malgré elle dans une boucle temporelle. Chaque mort se solde par une résurrection à bord d’un vaisseau sur le point de percuter la surface de ladite planète.
La structure de Returnal s’inspire de celle des Roguelikes ce qui impacte fortement la narration. Loin d’être linéaire, cela va sans dire, l'histoire se superpose à la progression de Selene via les nombreuses découvertes qui jalonnent son périple. L’univers imaginé par Housemarque recèle de documents audio et vidéo servant d’encyclopédie à condition de prendre le temps de s’y attarder. La mise en scène s’appuie ici sur le concept de boucle temporelle pour étoffer l’intrigue, ainsi que sur le foreshadowing, procédé narratif par lequel un auteur suggère ce qui est à venir dans son récit, pour attiser la curiosité de ceux bravant les dangers d’Atropos.
Cette planète réserve bien des surprises à Selene, qui pour des raisons encore inexpliquées, découvre des lieux terrestres tirés de son passé au beau milieu de cet astre extraterrestre. Ces séquences, vécues à la première personne dans le but d'accroître la charge émotionnelle et renforcer le lien entre le joueur et l’avatar, dénote par le supposé calme qui s’en dégage avec le reste d’une aventure menée tambour battant, entre instants en apesanteur narrative et phases d'action teintées d’éléments horrifiques. Il ne faut pas pour autant s’attendre à des jump scares et autres lieux communs de l’horreur.
Returnal est un Shooter drapé dans un univers sombre influencé par la “Dark Science-Fiction” et le “Dark Cosmic Horror”, mais aussi Lovecraft dont l’écho dépasse la simple citation. Il se dégage de la planète Atropos un sentiment pesant de solitude renforcé par la présence de vestiges d’une civilisation “alien” disparue. Les créatures, qui peuplent la planète et dont l’aspect bioluminescent ajoute un contraste singulier aux tonalités primaires sombres des visuels, participent à leur manière au dépaysement dont Returnal se veut le garant. Entre le beau et l’effrayant, les artistes de Housemarque jouent les équilibristes.
Gameplay : Le système de combat de Returnal
Explorer & Survivre
Housemarque aime à rappeler que son jeu est un Shooter à la difficulté certaine, mais sachant récompenser les efforts consentis. Returnal mise sur la curiosité naturelle des joueurs pour explorer la planète Atropos et sur leur instinct de survie pour rester en vie face à une faune particulièrement hostile. Roguelike oblige, la résurrection de Selene implique une génération procédurale partielle des environnements. Pourquoi partielle ? Car les studios utilisent ici un système hybride combinant des centaines de zones sculptées à la main à une structure et des éléments de gameplay aléatoires afin de garantir un run unique à chaque nouvelle tentative.
Returnal a l’intelligence d’alterner entre des zones hostiles focalisées sur le combat et d’autres pensées pour révéler les secrets de la planète à condition d’atteindre lesdits artefacts. L’exploration est motivée par la découverte des lieux, de leurs secrets, mais également par la montée en puissance d’une héroïne qui conserve certaines aptitudes et items même après sa mort. Ces nouvelles habilités, à la manière d’un Metroidvania, permettent à Selene de survivre toujours plus longtemps, d’accéder à de nouvelles zones, et donc de progresser narrativement parlant.
Chaque nouveau run est synonyme d’armes, de tirs secondaires, d’améliorations, de modificateurs prenant la forme de parasites et bien d'autres choses à dénicher ce qui étend le champ des possibles tactiques lors des combats, et facilite à terme la survie de l’héroïne. Le concept même du jeu oblige Selene à reconstituer son arsenal après chaque décès. Un système d’adrénaline complète le tableau, et pousse les joueurs à garder le momentum. Éliminer plusieurs ennemis sans jamais être touché octroie ainsi des bonus passifs qui s’accumulent, et augmentent drastiquement la combativité et l’efficacité de Selene.
Housemarque compte bien mettre les joueurs à l’épreuve, et défie la dextérité de ces derniers lors d’affrontements à la fois intenses et stratégiques où la connaissance des forces en présence et la maîtrise de l’avatar font toute la différence entre vie et trépas. Tout est ici une question d’esquives, d’attaques précises et de contrôle des distances. Les combats de boss s’annoncent tout particulièrement relevés avec leurs différentes phases d’intensification aussi mortelles que colorées. Ne vous fiez pas à la bioluminescence majestueuse de ces créatures, elle est généralement annonciatrice d’une mort imminente.
Returnal matérialise l’évolution naturelle et ambitieuse des studios Housemarque en matière de Shooter. Les développeurs tentent de redéfinir un genre et surtout leur propre vision de celui-ci à travers un TPS futuriste teinté de Roguelike. Ce thriller psychologique de science-fiction aux visuels sombres et inspirés promet des affrontements intenses et une constante montée en puissance de l’avatar à la surface d’une planète aux mille et un mystères. Si sur le papier la formule a tout pour plaire, seule une confrontation directe avec la créature permettra d'apprivoiser les qualités réelles du jeu ainsi que sa propension à se renouveler sur la durée, point essentiel pour faire de Returnal une expérience mémorable.