Après une démo disponible en marge de l’E3 2019 et une phase d’Alpha, Roller Champions s’est laissé approcher avant une nouvelle beta fermée qui débute le 17 février. Le nouveau-né d’Ubisoft aura-t-il sa place aux côtés de Rocket League en tant que jeu de sport compétitif typé arcade ? Nous vous livrons nos premières impressions sur ce titre que nous avons envie de voir évoluer.
Après une brève vidéo explicative du mode de jeu principal, nous sommes lachés dans un Skatepark pour appréhender les contrôles et les déplacements. Il ne nous faut pas plus d’une minute pour en être convaincus, Roller Champions est très agréable à manier. Notre rollerskater gagne de la vitesse en un instant et répond au doigt et à l'œil. L’assignation des touches est cristalline et l’on peut s’accroupir à tout moment à l’aide de la gâchette de droite. Cette manipulation permet de gagner de la vitesse dans une pente et d'user des courbes pour prendre des trajectoires optimales. Une fois la physique appréhendée, on prend beaucoup de plaisir à se mouvoir, à profiter des pentes et des aspérités du terrain pour gagner en vélocité. Les lancers de ballon sont plaisants tandis que l’inertie globale des déplacements et de la balle procure un feeling agréable au gameplay. Différents mouvements s’ajoutent à la liste et l’on peut donc tacler un concurrent qui détient la balle. On peut même effectuer cette manipulation depuis les airs et ainsi asséner un double coup de pied facial au malheureux. Dans l’absolu, Roller Champions est donc tout à fait plaisant à prendre en main et sa maniabilité très arcade promet une grande accessibilité. Dommage que ces contrôles, aussi bien calibrés soient-ils, semblent freinés par le mise en pratique de son concept.
Un gameplay plaisant, mais un manque de folie
Comment se déroule une partie de Roller Champions ? 2 équipes de 3 rollerskaters s’affrontent sur une piste ovale et tentent de s'emparer d’une balle. L’équipe en possession de cette dernière doit effectuer un tour complet de la piste afin de déverrouiller une zone de but dans laquelle il faudra lancer le ballon. Les joueurs ont le choix de tenter un tir dès le premier tour pour marquer 1 point, d’en faire un deuxième pour marquer 3 points et s’ils parviennent à effectuer 3 tours, un lancer réussi ramènera 5 points. Ce dernier cas de figure équivaut à une victoire instantanée, car le score à atteindre pour remporter la partie est également de 5 points. Une partie peut donc se boucler en moins d’une minute dans certains cas. Attention cependant car si l'adversaire récupère la balle, le compteur retombe à zéro. Si le concept même de Roller Champions est efficace, nous avons plus de réserves quant à son application.
La surface ovale du terrain a du sens et s’inscrit dans la continuité du Roller Derby, mais n’apporte qu’assez peu de frissons et manque de dénivelés. Ainsi les joueurs sont relativement limités dans leur manière d’approcher les contacts et les tactiques permettant de gagner en vitesse manquent de variété. Si quelques dos-d’âne sont présents et que les bords inclinés offrent un moyen d'accélérer, le tout manque de folie. De plus, marquer un but est d’une facilité déconcertante tant le panier est large et la vitesse de déplacement modérée. Finalement le secret d’une phase de jeu réussie tient plus à la capacité de l’équipe à enchainer les passes pour éviter les tacleurs qu'autre chose. Ce n’est pas bien compliqué, car ces passes bénéficient d’un lock automatique généreux. Le participant qui réceptionne la balle doit simplement limiter ses mouvements latéraux pour la rattraper à coup sûr. Il est évidemment toujours possible de tacler le meneur pour récupérer le ballon et il est amusant de fondre sur le joueur ayant la possession pour lui asséner un coup de pied plongé en plein visage. Mais il n’est pas rare de tourner en rond pendant de longues secondes pour tenter de le faire. Lors de nos parties, il a été assez fréquent que nous nous retrouvions à simplement rouler en faisant le tour de la piste pour tenter de défendre. S’il est logique d’avoir des temps morts dans une expérience compétitive, ceux-ci se sont avérés assez barbants. De plus, il suffit qu'un coéquipier se décide à jouer trop personnel pour que la partie perde instantanément en intérêt.
Nous n’avons pas passé un moment désagréable sur Roller Champions mais il est assez ironique que nous nous soyons plus amusés en freeride dans le Skatepark que lors de nos parties compétitives. S’y déplacer est bien plus grisant et les courbes de l’environnement procurent un réel plaisir de jeu. Le jeu de balle en retrait et la monotonie des terrains du mode principal peinent à procurer un frisson compétitif. Toutefois, ce mode incite les joueurs à effectuer des choix stratégiques intéressants, ce qui est toujours une bonne chose. Vais-je freiner pour attraper le meneur à son prochain passage ? Devrais-je marquer au premier tour pour sécuriser un point ou plutôt risquer le tout pour le tout et en enchainer trois dans l’espoir de décrocher la victoire en une seule phase de jeu ? Ces prises de décisions sont intéressantes d'un point de vue tactique, mais il est dommage que les sensations ressenties lors des parties soient en retrait.
Lors de cette phase de beta nous avons pu constater un souci d’affichage de modèles. Notre personnage était dépourvu de torse dans les menus. Hormis cet écueil pas bien dérangeant, nous n’avons eu aucun souci technique et le jeu affiche un rendu sympathique sans être époustouflant. Si la direction artistique manque un peu de personnalité, il ne fait aucun doute que les joueurs pourront s’équiper de dizaines d’accessoires glanés dans des lootboxes pour customiser leur avatar. Ce Free-to-Play étant prévu sur une multitude de supports, du PC à la Switch, en passant par nos téléphones, il est essentiel qu’il tourne sans heurts sur toutes nos machines. On comprend mieux le manque d’ambition visuelle. Ce constat est cependant loin d’être dommageable, car Roller Champions n’est pas vilain pour autant. Le rendu graphique a l’avantage d’être très clair et l’on a constamment une vision dégagée de l’action.
Difficile d’être trop catégorique quant aux qualités et aux défauts de ce Roller Champions pour le moment. Nous nous sommes vite lassés de courir en rond derrière la balle tandis que les buts que nous avons marqués ne nous ont pas enthousiasmés, la faute à une trop grande facilité d’exécution. Mais si Ubisoft doit revoir sa copie pour proposer des matchs prenants sur le long terme, on ne peut nier que les bases sont là car se mouvoir est réellement plaisant. On sent que le gameplay de ce jeu de sport est bridé par ses règles qui manquent de folie. En l’état, nous n’avons pas été transcendés par l’expérience proposée, mais il n’est pas impossible que d’ici sa sortie et quelques mises à jour Roller Champions trouve sa voie.