Après un naufrage en pleine mer, le jeune Seth se réveille sur la plage, secouru par une jeune femme et un vieil homme. Rapidement remis sur pied, l’héroïsme de Seth va le pousser à faire de nombreuses rencontres, formant un groupe avec la jeune femme Gloria, princesse d’un royaume détruit, Elvis, mage dans une longue quête guidée par un livre mystérieux, et Adèle, une mercenaire au passé trouble. Ensemble, ils vont partir à la recherche de quatre puissants cristaux élémentaires afin de rétablir l’ordre du monde.

Bravely Default II pose rapidement les bases d’un JRPG volontairement old-school. Une quête aux allures simplistes, des personnages attachants et des méchants tout ce qu’il y a de plus caricaturaux, on ne peut pas dire que le pitch de départ compte révolutionner le secteur. Toutefois, le titre de Team Asano ne fait pas l’erreur de se perdre dans les défauts un simplisme autoritaire. D’une, même s’il se veut un peu verbeux au début, Bravely Default II nous met rapidement dans le rythme avec des combats fréquents et des discussions qui ne s’éternisent pas trop. De plus, il possède un système d’affrontement au tour par tour qui est sans doute ce qui se fait de mieux quand il faut marier accessibilité et stratégie.

En effet, on retrouve le système de combat qui a fait le nom de la série : un tour par tour classique à la Final Fantasy auquel est ajouté le principe de Brave et de Default : la possibilité d’utiliser plusieurs tours à la fois ( y compris en avance), ou celle d’économiser une action (en diminuant les dégâts reçus) pour se la garder en réserve. Ce double choix (que l’on a aussi vu dans Octopath Traveler avec quelques variations) ouvre drastiquement le champ des possibles. Contre les boss, il faut souvent jouer les stratèges pour trouver l’ouverture au milieu d'un barrage d’attaques adversaires, et ainsi placer tous ses dégâts d’un coup. Pour les combats plus simples, le système permet de les expédier rapidement en envoyant toute la sauce dès le début. Couplé avec la possibilité d’accélérer les animations de combat de manière drastique, Bravely Default II devient très agréable à jouer et on a rarement l’impression de farmer, du moins pendant les deux premiers chapitres auxquels nous avons pu jouer.

Mais ce système de combat ne serait rien sans l’évolution des personnages, qui reprend une nouvelle fois le système de job de Final Fantasy III tout en l’affinant de bien des manières. Chaque perso peut avoir une classe principale et une classe secondaire, et en changer à tout moment. Outre les statistiques, fonctions spéciales et compétences de sa classe principale, il peut aussi utiliser toutes les compétences débloquées de sa classe secondaire, sans exception, ce qui permet des combinaisons intéressantes. De surcroît, chaque personnage peut garder les compétences passives qu’il a débloquées et les mélanger, quelle que soit leur classe initiale. De par son côté permissif, le système laisse le joueur personnaliser son équipe et ceci très tôt dans la partie. A vrai dire, sur les seuls deux premiers chapitres, plus d’une dizaine de jobs sont déjà déblocables, dont certains optionnels. On retrouve les classiques Mage Noir, Mage Blanc et Voleur auxquels il faut ajouter des choix plus originaux comme le Flambeur qui utilise la monnaie du jeu (et la chance) pour des résultats surprenants.

Outre son système de combat, Bravely Default II propose un gameplay plus varié que l’on pourrait le croire aux premiers abords. D’une, parmi les nombreuses quêtes annexes se trouvent des scènes très intéressantes, qui non seulement développent le background de certains personnages de la quête principale (y compris vos compagnons, mais pas que) mais qui donnent souvent accès à des items inédits, voire à de nouveaux jobs. Mieux encore, c’est un pan entier, le jeu de cartes Barrage & Domination (B&D…), qui se cache derrière une simple quête secondaire. Un jeu d’une profondeur étonnante que l’on pourrait voir comme un mélange entre Otello et jeu de rôle plateau avec des cartes à effet, un système d’évolution, des règles spéciales qui changent la stratégie et la frayeur de perdre une de ses cartes fétiches à chaque partie… Si vous avez jouer à FF8 et à son Triple Triad, vous voyez parfaitement de quoi nous parlons ici ! Une excellente surprise qui permet de se faire des petites pauses pendant la progression du scénario.

Pour en revenir à l’histoire justement, malgré le pitch de base très classique, Bravely Default II cache en fait une certaine profondeur que l’on ne découvre qu’à partir du second chapitre. Son manichéisme semble s’effacer et les histoires deviennent plus profondes et intéressantes, ce qui n’est pas facile à expliquer sans trop en dire. Sachez juste que si le titre continue d’évoluer ainsi après son deuxième chapitre, il pourrait fort bien offrir des moments des plus mémorables. Mémorables aussi sont les décors des villes, dans un style peint à la main du plus bel effet ! Tout comme l’épisode original, une vue d’ensemble permet d’apprécier ces pièces d’art dans toute leur splendeur. Une beauté visuelle qu’il faut mettre en contraste avec l’aspect technique du titre, malheureusement bien en deçà. L’aliasing, notamment, est particulièrement prononcé, avec cet effet de brillance constante sur les bords de modèle de personnage. Notez aussi que le jeu subit quelques ralentissements, rien de bien grave point de vue gameplay, mais notable tout de même.

Enfin, ayons un dernier mot sur la bande-son que l’on doit une nouvelle fois à REVO. Sur ces deux chapitres, pratiquement toutes les musiques sont de très grandes factures, avec des mélodies marquantes et des variations de thèmes selon la région traversée. Même si le choix de certains instruments peut surprendre, on part sur une belle réussite sur ce point.