C'est au plus célèbre des plombiers moustachus que revient l'honneur de lancer l'année 2021 sur Nintendo Switch ! On ne change pas les bonnes vieilles habitudes de ces dernières années avec un nouveau portage d'un hit Wii U oublié du grand public, qui se veut néanmoins plus audacieux et innovant que le quelque peu paresseux New Super Mario Bros. U Deluxe sorti deux ans plus tôt. En effet, cette fois-ci, le remaster de Super Mario 3D World n'est pas tout seul : il s'accompagne de "Bowser's Fury", un nouveau mode de jeu inédit que nous avons eu l'opportunité d'essayer.
C'est à l'occasion d'un Super Mario Direct spécial, dédié aux 35 ans de sa célèbre mascotte, que Nintendo avait révélé sa première exclusivité Switch majeure de 2021. Idéal pour débuter l'année habilement et sans grosse prise de risque, serait-on tenté de dire… tant le choix de remettre au goût du jour l'excellent Super Mario 3D World relevait de l'évidence depuis toutes ces années ! Si l'on a pu légitimement pointer du doigt l'aspect parfois un peu "facile" de certains portages sur Nintendo Switch, l'éditeur a cherché à nous rassurer à travers plusieurs bandes-annonces révélant Bowser's Fury dans ses grandes largeurs : le nouveau mode exclusif à cette "réédition" du classique de la Wii U ne semble pas être un ajout anecdotique, mais il nous fallait quand même nous y frotter pour avoir le cœur net… et voir si Super Mario 3D World avait subi un quelconque lifting.
Super Mario 3D World Turbo
Revenons cependant en premier lieu sur le portage de Super Mario 3D World : nous avons eu la possibilité d'évoluer dans les 4 premiers mondes de cet excellent platformer, noté 17/20 dans nos colonnes fin 2013. Sans surprise, c'est un vrai bonheur de retrouver un des meilleurs Mario de l'ère 3D, qui n'a pas spécialement pris de ride alors que le fantastique Super Mario Odyssey est passé par là entre-temps. Il faut dire que Nintendo a pris soin de dynamiser un peu la jouabilité de Mario et de ses acolytes, beaucoup plus rapides dans leurs déplacements que sur Wii U. Si le jeu original bénéficiait déjà des sacro-saints 60fps, rebrancher la devancière de la Nintendo Switch nous a fait réaliser la relative lenteur dans les mouvements et courses des personnages : en étant toujours aussi fluide, Super Mario 3D World est beaucoup plus rythmé dans cette mouture Switch. À titre d'illustration, terminer le premier niveau du jeu nous a pris une petite dizaine de secondes de moins dans ce portage, en reproduisant exactement la même séquence de gameplay que sur Wii U :
Super Mario 3D World : un vrai boost de vitesse sur Switch !
Nous avons constaté quelques autres petites différences, allant du discret mais efficace au vraiment sympathique qui fait bien plaisir. Du côté des menus, l'ensemble a été fluidifié et simplifié, avec une meilleure ergonomie du côté de la carte des mondes (affichage des statistiques et des sceaux, déplacement rapide d'un monde à l'autre) mais aussi une option "Recommencer le niveau" qui était absente de l'original : là encore, on évite un retour inutile à la carte pour redémarrer le niveau de zéro, ce qui constitue un gain de temps mineur (surtout vu les loadings vraiment très brefs) mais toujours appréciable. La vraie nouvelle feature se situe au niveau d'un mouvement absent du jeu original : la roulade aérienne, qui consiste à appuyer simultanément, pendant un saut, sur le bouton de charge au sol (ZL ou ZR) et celui du dash (Y). C'est un peu technique, mais cela permet d'attaquer un ennemi latéralement en plongeant dessus… ou même, après un rebond sur un mur, d'atteindre parfois des recoins que la technique de saut du jeu de base ne pouvait vous permettre d'accéder. Enfin, nous ne pouvons que savourer l'arrivée du mode photo, très inspiré de celui de Super Mario Odyssey, qui en outre servira de nouvelle terre d'accueil aux sceaux à collectionner, orphelins du célèbre Miiverse (repose en paix, petit ange parti trop tôt).
Nous avons été invités par Nintendo à tester la coopération en ligne, jouable jusqu'à 4. C'est en effet une des autres nouveautés de ce portage : si l'original disposait déjà de cette fonctionnalité, elle se limitait à l'usage local ! Cette session nous a permis d'apprécier la grande fluidité du titre, même à 4 joueurs, sur des connexions séparées (en wi-fi comme en filaire), ce qui est un point très appréciable pour un titre aussi convivial et qui ne devra plus se limiter à la coopération locale. Un ajout non négligeable en ces temps quelque peu difficiles pour se réunir entre ami(e)s !
Mario & Bowser's Furries
La véritable nouveauté, cependant, réside bel et bien dans le nouveau mode de jeu proposé en marge de Super Mario 3D World. Si le premier trailer révélant Bowser's Fury nous avait intrigué quant à sa réelle nature (mode coop ? compétitif ? scénarisé ?), le second sorti le 12 janvier avait laissé supposer un contenu plutôt ouvert, avec en point d'orgue ce combat titanesque à venir entre un Giga Mario Chat et un Giga Bowser bien plus ténébreux que celui auquel nous avons d'habitude affaire. Encore moins avare en présentations, le troisième et dernier trailer paru le lendemain s'était étendu en explications.
Si notre session se limitait à une première zone que nous pouvions intégralement visiter, cela a eu pour effet de nous frustrer dans le bon sens, suscitant une curiosité très positive. Bowser's Fury est en effet bien un jeu à part entière aux allures de stand-alone qui aurait pu être vendu comme un DLC séparé, et qui réexploite l'univers et le gameplay de Super Mario 3D World dans un environnement 100% ouvert, avec une caméra totalement libre comme dans un Super Mario Sunshine à qui il semble d'ailleurs emprunter quelques éléments, surtout pour ce qui est de sa thématique. Prenant place dans un environnement lacustre répondant au doux nom de Lac Saudechat, l'open world de Bowser's Fury semble dévasté par une marée noire répandue par un Giga Bowser incontrôlable, dont vous devrez repousser la menace (et la pollution engendrée) en ramenant la lumière. Le tout dans un environnement encore plus placé sous le signe du chat que Super Mario 3D World, avec des traces de pattes et des oreilles de minou à peu près partout dans le décor, et une localisation française très inspirée côté jeux succulents de mots dans l'appellation des différentes zones.
Astres à la chaîne
Pour nettoyer toute cette saleté et faire régner de nouveau la lumière, il vous faudra collecter des Astres Félins au cours de missions variées. Il s'agit d'équivalents des bonnes vieilles étoiles de Super Mario 64 ou Galaxy, ou des lunes d'Odyssey, qui viendront redonner de la lumière aux phares éclairant le lac. En outre, Mario sera amené à gérer les apparitions de Giga Bowser dans son fameux mode "furie", sur fond de heavy metal et de tempête déchaînée, qu'il faudra calmer soit en récupérant des Astres Félins, soit en le combattant directement en tant que Giga Mario Chat. Nous n'avons cependant pas eu l'occasion de sonner la Giga Cloche des Sables et de découvrir ce qui s'annonce être, nous l'espérons, un duel dantesque !
Pour remplir cette mission, Mario ne sera pas seul et un personnage pour le moins original viendra lui prêter main-forte : Bowser Jr. ! Le rejeton de son plus célèbre ennemi assistera le héros sous forme de PNJ allié (dont vous pourrez régler le degré d'aide selon trois niveaux dans les options de jeu), dans le but de rendre sa forme habituelle à un Bowser de toute évidence pas dans son état normal. Cet associé inédit pourra également être jouable par un deuxième joueur, bien que sa responsabilité soit évidemment réduite. En effet, en solo ou en coop, le rôle de Bowser Jr. se borne à faire office de soutien et ramasser des pièces, ou bien donner des coups de pinceau sur les ennemis les plus gênants entravant la progression de Mario… ou sur des murs pour faire apparaître des power-ups (champignons, fleurs, cloches, etc.). En coop, cela devrait déboucher sur un déséquilibre entre les deux joueurs comparable à ce que proposait cette expérience avec Cappy dans Super Mario Odyssey.
Notre session de test, à nos yeux trop courte pour nous faire une vraie idée de la durée de vie potentielle de Bowser's Fury, a néanmoins mis en lumière l'essentiel : il s'agit bien d'un second jeu, certes moins ambitieux que Super Mario 3D World, mais il nous paraît plus que jamais justifier cette réédition qui semble tout sauf paresseuse. Le seul et unique bémol à déplorer, s'il faut vraiement en chercher un, se situerait au niveau de la technique : si Super Mario 3D World tourne parfaitement à 60fps aussi bien en docké qu'en portable, ce n'est pas (tout le temps) le cas de Bowser's Fury. D'une fluidité quasi irréprochable (avec quelques drops lors des passages de Bowser en furie) à 60fps en mode TV, le jeu est étonnamment verrouillé à 30fps en nomade, avec des petites chutes de framerate lors des mêmes séquences (heureusement très brèves). Une différence qui se ressent immédiatement quand on a pris l'habitude de jouer au jeu principal et/ou qu'on a commencé Bowser's Fury en docké. Hormis ce petit impair outre lequel la majorité des joueurs passera sans doute sans s'en rendre compte, ce mode inédit est très prometteur, et vient se greffer avec efficacité à un titre culte remasterisé avec beaucoup de soin !
Pour l'instant, Super Mario 3D World + Bowser's Fury est très convaincant ! Le jeu principal est calqué sur le titre Wii U d'origine, avec le charme qu'on lui connaît, et vous pourrez le (re)découvrir avec beaucoup plus de dynamisme et de micro-détails améliorant gameplay et ergonomie, le rendant encore plus agréable qu'en 2013. Quant à Bowser's Fury, même si nous ne sommes pas encore en mesure d'évaluer sa densité, ni ce qui se cache exactement derrière les combats contre Bowser en furie, son concept bien maîtrisé est plutôt rafraîchissant. On semble avoir affaire à un contenu inédit digne de ce nom offrant une véritable dimension "nouveauté" à un titre visiblement très complet, sur lequel nous avons hâte de mettre les pattes !