Le verdict se rapproche pour Watch Dogs Legion, désormais plus proche que jamais de sa sortie officielle. À quelques semaines du lancement, nous avons de nouveau pu prendre en main le titre des équipes d’Ubisoft Toronto et nous concentrer cette fois sur son ambiance et son histoire, après en avoir évoqué les nouveautés et le gameplay il y a quelques mois.
La vidéo preview de Watch Dogs Legion
Nous avons ici pu jouer pendant plus de 4h30 à Watch Dogs Legion. Contrairement à celle du mois de juillet qui nous faisait découvrir les premières heures de jeu, cette démo était légèrement plus avancée dans la partie : deux quartiers de Londres étaient déjà libérés et nous avions accès à de nouvelles missions scénarisées. Enfin, du point de vue technique, sachez que cette session se déroulait à distance sur une version de Watch Dogs Legion jouable grâce à la solution de streaming Parsec.
Notre preview du mois de juillet se concentrait sur les nouveautés de gameplay et le système de personnage changeable à tout moment. Nous ne reviendrons donc que partiellement sur ces deux points, que nous vous invitons à lire ou relire dans la précédente preview :
Watch Dogs premier du nom nous emmenait dans un Chicago moderne au ton plutôt sérieux et terre-à-terre. Watch Dogs 2 embrassait pleinement son ambiance californienne, jonglant entre des thématiques liées aux joies et peines de la Silicon Valley et des caricatures d’évènements réels de la pop culture, souvent dépeints avec beaucoup d’humour et de légèreté. Watch Dogs Legion opte pour une approche hybride, même si son contexte tend à la rapprocher du premier opus dans le ton.
Une approche plus sérieuse
Pour la forme, en revanche, Legion est le premier épisode à s’aventurer du côté des récits d’anticipation. Nous retrouvons ici Londres quelques années dans le futur, changée à jamais par une série d’évènements. Un gouvernement autoritaire, des multinationales à l’influence grandissante, des systèmes de contrôle et de surveillance plus denses que jamais font office de toile de fond de ce nouvel épisode, qui démarre en plus sur une attaque terroriste réalisée par un mystérieux organisme et imputée à Dedsec, la célèbre organisation de hackers. Désormais injustement traqués, ses membres - que vous incarnez - partent à la recherche des véritables coupables tout en tentant de nettoyer la ville de la corruption grimpante et de la disparition progressive des libertés individuelles qui la menace.
Des hackers marginaux, un récit d’anticipation, inutile d’aller trop loin : Watch Dogs Legion lorgne sur des thématiques caractéristiques du Cyberpunk, décidément très en vogue ces dernières années. Les quelques missions de l’histoire principale que nous avons pu essayer donnent le ton d’une aventure abordant de nombreux sujets sociétaux, politiques ou technologiques : la question du trafic d’organe ou celle des mouvements anti-immigration côtoie ainsi le transhumanisme et ses potentielles dérives lorsqu’il est abordé par une grande société. Bien loin d’un deuxième opus léger, mais qui ne manquait pas pour autant de caractère, Legion s’offre également beaucoup de personnalité avec une toile de fond certes peu réjouissante, mais qui a le mérite d’offrir une approche crédible d’un Londres épousant des problématiques modernes.
Pour la touche de légèreté, c’est davantage du côté des personnages et de l’approche bac-à-sable du titre qu’il faut se tourner : entre le hooligan et sa magnifique élimination au corps-à-corps - un coup de boule enchaîné avec une célébration durant laquelle le personnage se frappe la poitrine - ou la grand-mère hackeuse qui avait fait sensation lors de la présentation de l’E3 2019, Legion profite de son système permettant de recruter n’importe quel PNJ pour offrir une galerie variée de personnages, mais aussi d’opportunités en terme d’approche. Que ce soit en électrocutant par surprise un ennemi en lui flanquant un spider-bot sur le visage, ou en relâchant le colis d’un drone transporteur pour tenter d’écraser un adversaire, c’est davantage dans l’improvisation que Legion parvient à se montrer léger, sans pour autant trahir son propos.
Spiderbot, spiderbot...
En terme de gameplay, les séquences proposées étaient plutôt traditionnelles pour la série. Quelques résolutions de puzzles physiques basés sur des circuits à compléter venaient ainsi s’intercaler entre des séquences d’infiltration exploitant mises à couvert et utilisation des gadgets (spiderbot ou piratage de drones), tandis que des reconstitutions en réalité augmentée apportent quant à elle une touche de nouveauté à l’ensemble et permettent d’offrir une nouvelle façon de revivre des évènements passés. Le deuxième épisode densifiait les mécaniques de jeu du premier, c’est moins le cas pour Legion qui reprend les bases de son prédécesseur et mise davantage sur son système de changement de personnage, qui a le mérite de bien fonctionner et de donner une réelle sensation de liberté au joueur. Sur ce point, nos bonnes impressions de la dernière prise en main se confirme.
Nous l’avions elle aussi évoquée pour notre précédente prise en main : la refonte du système de combat au corps-à-corps apporte un vrai plus en obligeant le joueur à aborder les missions avec un peu plus de finesse, ou à défaut de mieux s’équiper pour être capable de survivre efficacement en cas de détection. Un problème qui ne se posait pas dans le deuxième opus, où il était possible d’éliminer la plupart des ennemis d’un seul coup en combat rapproché. Malgré cet atout, la structure même de cet épisode témoigne aussi d’une potentielle baisse de diversité dans le level design des missions principales. En effet, le passage d’un seul personnage disposant d’un arsenal complet (drones, spiderbot, armes etc.) à un groupe de héros ayant chacun leurs propres habiletés a forcé les équipes à repenser l’approche des niveaux pour les rendre viables quel que soit l’avatar concerné. Il est par exemple fréquent de tomber sur des caisses permettant d’appeler un spiderbot au cas où vous n’auriez pas équipé votre avatar actuel d’un exemplaire. De même, ces missions semblent plus linéaires que les zones secondaires, plus riches en diversité d’approche. Fort heureusement, ce manque est ici bien comblé par la variété visuelle des zones (toit en extérieur, bâtiment high-tech, égouts, maison ultra-moderne surconnectée ou bidonville créé dans un stade) qui évite tout sentiment de redondance.
Malgré l’utilisation de plusieurs personnages, dont un recruté par hasard en cours de route, nous avons eu la bonne surprise de découvrir que chacun bénéficie d’un doublage. Un choix qui peut sembler anecdotique, mais au regard de la proposition de base qui peut sembler démesurée, nous pouvions craindre que l’aventure se vive davantage au travers de quelques personnages prédéfinis, mais non jouables, que de vos héros, ici réduits à l’état d’agents silencieux. Ce n’est pas le cas, et si la réalisation s’attarde moins sur le personnage principal au cours des cinématiques, il reste appréciable de voir que celui que vous choisirez d’incarner reste impliqué dans les discussions. Un vrai plus pour l’immersion.
Watch Dogs Legion confirme nos bonnes impressions d’il y a quelques mois, gommant au passage les doutes autour de l’intégration visuelle et sonore d’avatars qu’il est possible de changer à tout moment. Plus équilibré grâce à un corps-à-corps moins puissant que dans le second opus, il perd peut être un peu de variété d’approche sur ses missions principales, mais compense avec des activités annexes fournies sur ce point et une ville d’une grande richesse visuelle, que l’on prend plaisir à parcourir. S’il ne sera pas un épisode riche en changements susceptible d’attirer les réfractaires à la licence, son approche en terme de personnages et son univers ont de bonnes chances de plaire aux fans auparavant divisés par un deuxième opus à l’approche plus clivante.