À cheval entre le ton sérieux du premier et celui plus léger du deuxième, Watch Dogs Legion espère surtout s’imposer comme l’épisode le plus complet et abouti d’une saga née sur cette génération. Malgré un postulat de départ très ambitieux qui pouvait inquiéter sur sa faisabilité, ce nouvel opus semble bien parti pour tenir ses promesses.
Tout comme pour Assassin’s Creed Valhalla, nous avons ici pu jouer pendant plus de 3 heures à Watch Dogs Legion. La démo nous permettait de découvrir une introduction scénarisée avant de nous lâcher dans le monde ouvert de ce Londres légèrement futuriste. Enfin, du point de vue technique, sachez que cette session se déroulait à distance sur une version de Watch Dogs Legion jouable grâce à la solution de streaming Parsec.
Un peu de contexte, tout d’abord. Watch Dogs Legion se déroule à Londres et opte pour la formule du récit d’anticipation : il s’agit d’une version légèrement futuriste de la capitale anglaise, qui a basculée dans un régime autoritaire suite à une série d’attentats perpétrée par un mystérieux adversaire et directement imputé à… Dedsec, le célèbre groupe de hackers. Après cette introduction d’une vingtaine de minutes dans la peau d’un agent Dedsec vivant ces évènements, vous êtes donc propulsé dans le monde d’après : une agence de sécurité privée assure le contrôle des rues à grands renforts d’outils informatiques (péages de contrôle automatique, drones de surveillance…), des groupes mafieux locaux s’occupent des bas-fonds et les membres de Dedsec sont traqués et persécutés.
Marche à Londres
L’ambiance de la ville s’avère d’ailleurs très réussie, offrant un mélange convaincant entre le Londres actuel et l’ajout de quelques éléments plus futuristes : des panneaux publicitaires en réalité augmentée, quelques affichages avec des écrans transparents, sans oublier les drônes et les postes de contrôle automatiques évoqués un peu plus haut. Sans trop en faire ni dénaturer la ville, Legion parvient à en offrir une version séduisante et d’autant plus agréable à explorer qu’elle ne manque pas de vie, autant en terme de circulation routière que d’errement des piétons aux alentours.
Point controversé d’un deuxième épisode optant pour une approche bien moins sombre que l’opus original, le ton de l’aventure se veut ici sérieux sur le fond, mais parvient à insuffler une touche de légèreté par le biais des personnages et de leurs caractéristiques. Ces derniers singent allègrement quelque clichés anglo-saxons, comme l’ex-agent du MI-6 disposant d’une voiture équipée d’un lance-missile et le hooligan capable d’appeler sa bande au combat, ou adoptent une approche moins réaliste, comme la très utile et étonnante éleveuse d’abeilles de combat.
Watch Dogs Legion : du gameplay d'infiltration et un mini-jeu de réalité augmentée
Hacker à vif
Sitôt l’introduction terminée, vous vous retrouvez dans la peau d’un membre de Dedsec. Et la principale différence avec les jeux précédents, c’est que vous n’avez pas d’héroïne ou de héros fixe, mais comme nous l’évoquions à l’instant, une multitude de personnages aux caractéristiques différentes qu’il est possible de recruter librement. Concrètement, vous aurez juste à utiliser la touche de hack sur n’importe quel personnage pour connaître son profil : nom, profession, caractéristiques et compétences sont alors affichées, de même que son affection pour Dedsec. Pour des personnages déjà en phase avec la philosophie de votre groupe de hackers, la démarche est simple : il suffit d’engager la discussion avec eux et de généralement remplir une mission pour qu’ils viennent alors compléter votre casting.
Mais certains seront d’office plus réfractaires à votre cause, vous obligeant alors à lancer un profilage appuyé pour connaître leurs routines et découvrir un point faible susceptible de vous aider à les convaincre de vous rejoindre. Concrètement, tout cela se matérialise donc par un simple enchaînements de missions visant généralement (sur notre session) à récupérer ou détruire un fichier compromettant pour notre cible, ou à le sauver d’un ennemi dangereux. D’autres moyens de recrutement plus naturels semblent possibles : outre certains personnages indiqués clairement par un marqueur d’objectifs, intervenir en pleine rue pour empêcher un potentiel allié d’être molesté par les agents de sécurité d’Albion peut ainsi vous faciliter la tâche si vous espérez ensuite le recruter.
La promesse d’un recrutement libre est donc tenue, et elle présente de nombreux atouts : chaque personnage dispose de son propre background et est susceptible d’apporter différents bonus à l’équipe. Ainsi, certains seront particulièrement utiles sur le terrain (l’espion pour ses gadgets et sa maîtrise du corps-à-corps, l’ouvrière pour son drone de transport, la hackeuse pour son spider-bot, etc.), tandis que d’autres seront davantage intégrés pour leurs bonus passifs (réduction du prix des achats en boutique, baisse du temps d'indisponibilité d’un personnage blessé ou emprisonné, par exemple).
Plusieurs d’entre eux ont même des compétences négatives, comme une addiction aux jeux d’argent qui vous fera régulièrement perdre quelques ETO, la monnaie du jeu, ou une vulnérabilité plus importante au corps-à-corps par exemple. Sur le papier, vous serez donc plus souvent à la recherche de recrues susceptibles d’apporter des atouts manquants à votre équipe et enclin à choisir votre personnage selon la situation à aborder. Mais vous pouvez tout à fait jouer avec n’importe qui, et il reste également possible de changer une partie de l’équipement des personnages selon vos besoins. Notez d’ailleurs que l’équipement concerné - tasers, armes non-létales, drones notamment - peut être amélioré par paliers successifs afin que votre organisation profite à terme de meilleures technologies.
Watch Dogs Legion : le spider-bot et les clubs de combat en action
Un nouveau système de combat au corps-à-corps
Ceci dit, nous regrettons que le permadeath ne semble ici plus être d’actualité. Tous nos personnages ont ainsi systématiquement fini en prison ou à l’hôpital pour un temps déterminé (par défaut une heure de temps de jeu réel), mais malgré quelques fusillades ayant mal tourné, aucun n’a réellement passé l’arme à gauche. Il faut en revanche saluer l’intégration d’un véritable système de combat. Il était bien trop facile de se débarrasser des ennemis au corps-à-corps dans Watch Dogs 2, ce que corrige son successeur en vous permettant d’esquiver, de casser la défense d’un ennemi et de frapper : les one-shot corporels ne sont plus permis, il faudra maintenant se défendre convenablement si vous êtes repéré. Ce nouveau système s’accompagne d’ailleurs de missions secondaires vous permettant de vous faire un peu d’argent ou de recruter des alliés dans des clubs de combat.
Pêle-mêle, cette prise en main nous a aussi permis de découvrir plusieurs petites nouveautés de gameplay intéressantes, comme un objet permettant de vous dissimuler lorsque vous êtes immobile (et qui fonctionne aussi sur les ennemis à terre pour cacher leur corps), le fait que certains personnages aient un accès libre à certaines zones de par leur fonction, ainsi que des mini-jeux allant de la reconstitution de scènes en réalité augmentée au piratage d’affichages publicitaires. Mais il reste encore beaucoup à voir, surtout que la présentation pré-session de jeu évoquait la traque du véritable responsable des attentats comme toile de fond de l’histoire. Un point que nous n’avons pu qu’effleurer à travers une mission scénarisée basique et qu’il faudra donc creuser lorsque nous pourrons de nouveau poser nos mains sur Watch Dogs Legion.
Successeur d’un épisode déjà très convaincant sur ses mécaniques de jeux et son level design, Watch Dogs Legion n’a pas lésiné sur les moyens pour étendre encore la qualité de sa proposition : plus de gadgets, de nouvelles approches, des niveaux soignés et variés, le résultat est convaincant et s’accompagne en plus d’un vrai système de combat au corps-à-corps, gommant ainsi l’un des principaux défauts de son prédécesseur. Il mise toutefois gros sur sa principale grande nouveauté, à savoir la possibilité de recruter n’importe quel personnage pour créer un groupe aux capacités variées et complémentaires. Un ajout qui fonctionne très bien sur trois heures, mais qui devra faire ses preuves sur la durée : Watch Dogs 2 y parvenait grâce à un cadre narratif et une structure plus classique, tandis que Legion semble davantage s’orienter sur une expérience bac-à-sable très libre et permissive, misant énormément sur la diversité de sa proposition en terme de mécaniques de gameplay et de level design. Le choix est plus risqué, mais si le pari s’avère réussi, Watch Dogs Legion pourrait être une des belles surprises de cette fin d’année.