Cela va peut-être en surprendre plus d’un mais Xenoblade Chronicles, l’un des grands classiques de la Wii, fêtera au mois de juin les 10 ans de sa sortie japonaise. Considéré comme l’un des meilleurs jeux de rôle de sa génération, le titre de Monolith Soft a fait l’objet d’adaptation sur Nintendo New 3DS et se voit aujourd’hui gratifié d’un épilogue qui prend la forme d’une édition définitive sur Switch. Avec cet épisode, Tetsuya Takahashi, transfuge de Squaresoft et créateur de Xenogears et Xenosaga, pose les dernières lignes de sa création et livre un remaster, à la fois visuel et musical, de haute volée. Nous avons pu poser nos mains quelques heures sur cette itération ultime et on vous glisse nos impressions avant le test.
Exceptionnel et inoubliable, Xenoblade Chronicles fait partie de ces jeux dont on parlera encore dans deux décennies. Condensé d’émotions, de paysages grandioses et de combats épiques, le jeu de Monolith n’a pourtant pas fait l’unanimité, la faute – entre autres – à un character design très particulier. Ce mécontentement est remonté très largement aux développeurs et cette mouture de nouvelle génération leur a permis de gommer ce défaut, en plus de booster considérablement les graphismes. Le rendu est désormais plus proche de Xenoblade Chronicles 2 avec un style beaucoup plus coloré, des modèles plus fins et des environnements plus détaillés. En parallèle de ce gap visuel, les thèmes musicaux, déjà fabuleux à l’origine, ont été réorchestrés pour les besoins de cette nouvelle édition. Ce qui donne des harmonies encore plus riches pour une immersion totale. Ce dépoussiérage en règle de l’œuvre originale est donc plus que bienvenue et permet, véritablement, de redécouvrir le jeu. Et pour le plus grand plaisir des puristes, il est possible de choisir entre les voix anglaises et japonaises !
ÉGAL À LUI-MÊME
Impossible de ne pas avoir un pincement au coeur en visualisant une nouvelle fois la sublime introduction, qu’il s’agisse du combat entre les deux titans ou du prologue mettant en scène Dunban lors de l’attaque des Mékons. Xenoblade Chronicles reste un jeu d’exception porté par un gameplay d’une grande richesse. La combinaison des arts, les relations entre les différents protagonistes, les multiples enchaînements… chaque mécanique a été pensée avec le plus grand soin. Les affrontements mêlent tactique (lorsqu’il faut déséquilibrer les adversaires) et placements pour un résultat très efficace. Oui, Xenoblade Chronicles est une aventure bavarde et dense mais qui sait se montrer suffisamment fluide pour ne pas lâcher le joueur en cours de route. Sur ce point, Xenoblade Chronicles : Definitive Edition ne devrait pas déroger aux qualités de l’original. Mais, bien évidemment, le double-intérêt de cette mouture provient de son chapitre additionnel intitulé Future Connected, traduit par Un Avenir Commun chez nous.
DANS LA BRUME
Épilogue oblige, le jeu vous invite logiquement à terminer l’aventure principale avant de vous frotter à ce contenu additionnel. Légèrement différent de sa base, ce chapitre se déroule sur l’épaule de Bionis et voit Shulk et ses compagnons (Mélia et deux Nopons appelés Kino et Nene) être confrontés à une nouvelle menace : Le Roi des Brumes, une entité qui barricade la capitale impériale d’Alcamoth. Son pouvoir est tel que la petite troupe est impuissante face à ce terrible adversaire. Ce chapitre se focalise ainsi sur cette lutte en jouant avec les évènements – via des flashbacks par exemple – de l’histoire principale. Le gameplay, s’il reste fidèle à sa structure originelle, apporte tout de même des nouveautés. Il sera ainsi possible de recruter des ponspecteurs, des Nopons provenant d’une guilde spécialisée dans la topographie des lieux. Chaque ponspecteur est relié à une couleur qui définit son approche tactique. Rouge pour l’offensive, bleue pour pour le soin et, enfin, jaune pour les handicaps causés aux ennemis. Véritables petits soldats, ils profitent en plus d’un état de furie lorsque la relation que vous avez avec eux est forte. Nul doute que le chapitre, dans sa globalité, nous réserve quelques secrets supplémentaires.
Les affrontements, quant à eux, reposent sur un nouveau système d’assaut. Les compétences des personnages ont disparu (il n’est plus possible d’effectuer des enchaînements avec le reste du groupe) et Shulk a perdu une de ses capacités – qu’on va éviter de révéler sous peine de spoiler celles et ceux qui n'ont pas fait l'aventure principale. Il est donc indispensable de rester constamment sur ses gardes pour survivre aux offensives les plus virulentes des créatures ennemies. Comme auparavant, le placement est primordial et il existe plusieurs façons pour faire évoluer son niveau, notamment en améliorant les Arts ou en extrayant des gemmes à partir des gisements d’éther disséminés un peu partout. Chaque personnage dispose d’un niveau élevé dès le départ mais on se retrouve rapidement face à des adversaires imposants et beaucoup plus résistants. En complément de tout cela, Kino et Nene, les Nopons qui vous accompagnent ont leur rôle à jouer, tout comme les ponspecteurs que vous aurez recruté. La structure des combats est donc proche de celle de Xenoblade Chronicles mais profite de modifications et optimisations qui devraient apporter leur lots de surprises. Par exemple, certains alliés ne se battent plus de la même manière.et oblige à redéfinir l'approche du groupe face aux boss.
En bref, Xenoblade Chronicles Definitive Edition ne bouleversera pas les habitudes mais ses remaniements par petites touches et son chapitre complémentaire devraient lui conférer une belle durée de vie. Sans révéler les premiers temps de l’histoire, on ne peut que fondre devant le duo Kino et Nene. La traduction est excellente et certains dialogues sont truculents, ce qui participe à l'ambiance et aux personnalités très disparates des protagonistes. Sachant que les animations ont été améliorées, cela donne lieu à des scènes cocasses qui promettent quelques fous rire durant l’aventure. Et forcément, on a hâte de voir ce que le chapitre tout entier a dans le ventre. Activez la Monado, le combat est pour bientôt !
Ce premier contact avec Xenoblade Chronicles Definitive Edition est prometteur. Plus beau, plus coloré et doté de musiques réorchestrées sublimes, le remaster est à la hauteur des attentes et reste digne de son socle d’origine. Il suffit d’ailleurs de relancer le titre de 2010 pour se rendre compte du gap considérable apporté par les développeurs. Pour celles et ceux qui ont retourné le jeu principal dans tous les sens, l’ajout du chapitre additionnel est la bonne nouvelle de cette édition Switch. Avec ses nouveaux personnages, son scénario qui s’annonce plutôt sympathique et ses environnements aussi vastes que dépaysants, cette toute dernière itération devrait conquérir bien des cœurs. Rendez-vous à la fin du mois pour le verdict final.