Puisque la Terre est souillée par l'humanité, pourquoi ne pas aller polluer une lune de Saturne en y installant des usines ? Le Conseil y est tout à fait favorable et c'est à bord d’un petit vaisseau que commence l'accès anticipé de Industries of Titan, le city builder des créateurs de... Crypt of the Necrodancer et Cadence of Hyrule. Parviendront-ils à insuffler le bon rythme à nos parties ?
L’espace vide et froid ne sera pas réchauffé par le coeur des hommes ici. Le titre, plutôt réussi graphiquement, dévoile un monde hostile, entre tempêtes et ruines exploitables. Mais ne vous attendez pas à ce que votre arrivée permette de tirer le meilleur de l’environnement pour créer un nouveau paradis. C’est assumé, vous venez ici pour installer des industries et exploiter des ressources et des humains. La forte notion satyrique passe essentiellement par des descriptions textuelles et par les commentaires du tutoriel, mais il s’agit ici d’une idée intéressante qui pourrait aller plus loin au niveau du gameplay, du moins nous l’espérons. Placer des humains dans des centres de monétisation où ils regardent de la publicité en boucle pour générer de l’argent, c’est un bon début ! Trop de jeux de gestion se contentent des phases de dialogue pour justifier une ambiance, espérons que ça ne sera pas le cas ici.
Saturne bien
La dimension écologique est déjà présente, mais vous êtes ici dans le camp des pollueurs. Les humains génèrent des déchets automatiquement et ceux-ci peuvent être traités en les stockant ou en les brûlant, générant une fumée toxique. Faire les poubelles demande du travail et les brûler réduira à terme la santé de vos travailleurs. Industries of Titan se révèle le plus prometteur quand il nous met mal à l’aise, quand le joueur génère lui-même ses problèmes sanitaires parce qu’il doit produire davantage. C’est heureux car, parmi les mécaniques de jeu déjà accessibles, il n’y a rien de révolutionnaire sur le fond. Sur la forme en revanche de bonnes idées sont déjà implémentées.
La gestion de votre colonie se passe sur plusieurs échelles, en plus de créer des bâtiments pour étendre votre emprise sur la lune, vous devez meubler l’intérieur de vos usines. En ressort une gestion de l’espace que les amateurs de puzzle vont apprécier, il faut placer autant d’éléments que possible dans un petit espace, le tout en optimisant les déplacements des travailleurs. Ce sera un élément majeur du titre final, nous pouvons le ressentir via la possibilité de fusionner les bâtiments eux-même ou l’arrivée prochaine des tapis roulants ou des routes.
C'est Pluton poussif
Pour l’heure, Industries of Titan est un jeu parfois pénible à maîtriser. L’IA des travailleurs souffre de quelques bugs, comme quand ils refusent d’utiliser des ressources pourtant bien disponibles en stock, nous rappelant les heures les plus sombres des greniers de Caesar III (brrr). Les interfaces auront besoin de finition pour que la gestion des stocks ou de l’énergie soit plus accessible. Le produit actuel propose une aventure pauvre en contenu et au rythme très poussif. Vous allez ainsi rester oisif à attendre qu’une ressource monte toute seule, ou que les travailleurs terminent enfin leurs tâches, pendant de longues minutes. Mais heureusement, les promesses sont là !
Car des systèmes de combat prometteurs sont prévus, au delà des mécaniques déjà implémentées où les ennemis s'empalent sur votre tour de défense. À terme, on nous promet la construction de vaisseaux personnalisés, dont nous pourrons même concevoir l’intérieur, comme pour les bâtiments. La population aura des besoins en terme de nourriture, de santé, de salaire… et pourra se rebeller s’ils ne sont pas satisfaits. La gestion de l’espace sera largement renforcée par des routes, un volet diplomatique doit également être implémenté… Plein de bonnes choses qu’il faudra tester dans les mois à venir, en espérant que les premiers éléments seront stabilisés entre temps ! Et si ils continuent à étoffer l’aspect caustique du titre, nous pourrions bien avoir un excellent jeu final.
Industries of Titan est, dans l’état actuel, une démo au rythme poussif qui offre quelques possibilités mais qui laisse surtout entrevoir un futur alléchant. Aujourd’hui l’expérience de jeu n’est pas très agréable, la faute à des bugs et des interfaces largement perfectibles. Mais l’ambiance installée et les mécaniques de gameplay qui se dessinent tracent les contours d’un city builder complet, avec une gestion de l’espace et des déplacements millimétrée, un système de combat engageant et une ambiance caustique où il faudra pourrir la lune et enfumer vos habitants pour progresser. Et ça nous irait très bien !