Avec le projet The Dark Pictures Anthology, Bandai Namco et Supermassive Games cherchent à retrouver la saveur des séries télévisées horrifiques des années 90’s, des séries anthologiques qui ont marqué en leur temps le petit écran. Nous pensons forcément à la Quatrième Dimension, aux Contes de la Crypte ou encore à Au-delà du Réel. Malgré ses intentions cinématographiques et ses multiples inspirations, le premier épisode intitulé “Man of Medan” n’a pas fait l’unanimité et surtout exposé certaines limites du jeu d’aventure narratif. Le Conservateur ouvre alors un autre de ses livres pour nous conter l’histoire funeste de la petite ville de Little Hope.
Les impressions de la rédaction en 3 minutes
Le confinement étant toujours d’actualité, Bandai Namco a organisé un événement en ligne pour mettre en lumière The Dark Pictures Anthology : Little Hope. Supermassive Games en la personne de Pete Samuels (PDG et producteur exécutif de The Dark Pictures) nous a présenté durant une demi heure le second volet de cette anthologie, dont 20 minutes de gameplay couvrant le prologue du jeu. Par la suite, la rédaction de jeuxvideo.com s’est entrenue quelques instants avec ce dernier.
Requiem for a Witch
Supermassive Games promettait de changer radicalement d’ambiance et de destination entre chaque épisode de son anthologie. Une chose est sûre, le studio britannique a tenu parole. Le second volet de The Dark Pictures s'intéresse au sous-genre de la ville fantôme et prend pour cadre Little Hope, une petite bourgade plongée dans un épais et mystérieux brouillard sur fond de sorcellerie et de paranoïa collective. Cette approche n’est pas sans rappeler la franchise Silent Hill. Cette ville abandonnée coupée du monde puise ouvertement dans l’histoire des tristements célèbres Salem et surtout Andover, victimes d’une intense chasse aux sorcières au cours du 17e siècle ainsi que des procès et exécutions qui suivirent.
Les scénaristes nous convient à un voyage d’étude horrifique porté par un casting 100% renouvelé et ballottent les protagonistes au coeur d’une intrigue entrelacée entre plusieurs périodes historiques (1692, 1970’s, le présent) pour mieux nous désorienter. La présence d’acteurs de renom traduit une nouvelle fois les intentions cinématographiques du studio. Ce nouveau groupe composé de quatre étudiants et d’un professeur est interprété par Will Poulter (Black Mirror : Bandersnatch, Le Monde de Narnia : L'Odyssée du Passeur d'Aurore, The Revenant…) ainsi que Louis Atkins, Martin Walsh et Adam Jowett.
Les références cinématographiques, vidéoludiques et litteraires fusent en explorant Little Hope. The Witch, Season of the Witch, Blair Witch, Hellbound, Hellraiser, It Follows, The Omen, The Crucible (par Arthur Miller)... la ville est un pot-pourri corrompu d’où suinte une malice enfantine. Cet amour du 7e Art et de l’horreur se ressent dans la majorité des plans de caméra et dans l'utilisation des codes du genre. La mise en scène s’amuse avec nos nerfs et ceux des héros qui n’en mènent pas large. Une simple apparition entre l’objectif et le sujet, un jump scare, etc… suffisent à installer une atmosphère pesante propice à l’angoisse. Ce sens de la narration doit toutefois faire ses preuves sur la durée et ne pas casser le rythme, tout au long des 4 à 5 heures nécessaires pour échapper à Little Hope et faire éclater la vérité au grand jour.
Bande-annonce de The Dark Pictures Anthology : Little Hope
Dommage collatéral
Le jeu d’aventure narratif est une genre ultra codifié d’où peinent à émerger des idées novatrices. Il va sans dire que The Dark Pictures Anthology : Little Hope reprend intégralement les mécaniques de gameplay de Man of Medan... à savoir les dialogues à choix multiples, les actions contextuelles, les fins multiples, les relations évolutives, la découverte des environnements... et les modifie uniquement en surface. Supermassive Games cherche simplement à améliorer l’existant et à atténuer quelques points problématiques remontés par la communauté sur l’épisode précédent.
Le studio s’est donc penché sur son système de caméra considéré comme trop dirigiste et trop statique au point de cloîtrer l'aventure dans des espaces beaucoup trop restreints. Ainsi les angles de vue plus larges et la caméra libre lors de certaines scènes permettent de mieux appréhender ce qui nous entoure et d'offrir une certaine liberté. Néanmoins, les développeurs ne sacrifient ni l'approche cinématographique ni l'intimité nées de plans fixes et/ou rapprochés essentiels pour nous faire vivre pleinement l'intrigue. De plus, les phases d’exploration et les QTE gagnent en clarté grâce à de nouvelles informations contextuelles affichées à l’écran selon la situation. Tout cela sert un but précis… fluidifier au mieux une expérience de jeu jouable seul ou à plusieurs (de 2 à 5 joueurs) selon les différents modes multijoueurs en ligne et hors ligne.
The Dark Pictures Anthology : Man of Medan oscillait techniquement entre le bon et le correct, et son successeur emprunte une voie similaire. Rien à redire sur les décors, les jeux de lumières et l’ambiance oppressante qui s’en dégage. Cependant, certains travers techniques ont la vie dure. Le manque de vie dans le regard des personnages, les expressions faciales perfectibles par instant et ce sentiment trop présent de Vallée de l’étrange (ou Uncanny Valley) sont toujours du voyage. Il faut noter a contrario les efforts consentis pour tout ce qui touche aux animations. Ces dernières perdent en rigidité, mais deviennent un peu trop amples au point de s’ajouter aux phénomènes étranges, souhaités ou non, qui hantent Little Hope.
The Dark Pictures Anthology : Little Hope et Man of Medan reposent fondamentalement sur des bases techniques, narratives et ludiques communes avec tout ce que cela implique en termes de qualités et de défauts. Le contraire aurait été étonnant. Supermassive Games ne bouleverse pas ses plans avec ce nouveau conte horrifique, mais en peaufine simplement les détails. Ce nouveau volet revisite un autre sous-genre de l’horreur… celui de la ville fantôme... sur fond de sorcellerie le temps d’une aventure surnaturelle pensée pour être partagée via ses différents modes multijoueurs.