Nous avons été invités à la mi-janvier à Los Angeles pour tester Valorant, nom de code “Project A” dans les locaux de Riot Games, studio à l’origine de League of Legends et d’une flopée de projets depuis six mois. Présenté pendant quelques heures en long en large et en travers, Valorant s’est donc laissé approcher deux jours durant, l’occasion pour nous d’y faire nos premiers pas et nos premiers frags… FPS compétitif, pensé pour contrer la concurrence, Valorant brille davantage par son futur positionnement stratégique au sein de la scène des shooters en ligne que par ses idées…
Ce qu'on a pensé de Valorant après plusieurs heures de jeu...
Rien qu’un simple “Counter Strike avec des pouvoirs ?”
Pour être tout à fait honnête, nous avons été, de prime abord, un peu déçus de ce que nous avons vu... Valorant ne nous a pas mis une claque et ne nous a jamais vraiment étonné. Il ne fait que reproduire et optimiser ce que le FPS compétitif nous a offert de mieux depuis 20 ans, piochant ça et là des idées à Rainbow Six Siege, à Apex Legends, à Overwatch, et plaçant ce melting pot au sein d’un gameplay signature franchement très proche de celui de Counter-Strike, voire même de CS 1.6.
Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’on aurait pas forcément cru au potentiel de Valorant si quelqu’un d’autre que Riot nous l’avait présenté. Car c’est sur son support long terme et sur sa fiabilité en compétitif (via un anticheat efficace et un maillage réseau fiable) que Valorant sera ou non un succès. D’ailleurs, les développeurs nous ont d’ores et déjà montré qu’un Battlepass était en préparation et l’on a pu voir une ribambelle de skins pour nos armes, pour l’instant très sobres. Pour autant, il reste un flou autour du modèle économique du titre, prévu comme un free to play. Le socle de gameplay du jeu, que nous avons pu essayer, ne faisait pas forcément rêver, mais offrait tout de même un certain potentiel et des sensations grisantes lors de gros affrontements.
Malgré tout, ce “Counter-Strike avec des pouvoirs” a encore besoin de trouver ses marques et est d’ailleurs en constante évolution, Riot nous ayant fait essayer deux builds différentes durant l’événement, probablement exprès pour renforcer cet aspect "évolutif" dans notre perception du jeu. En termes de positionnement, le jeu se veut comme un tactical shooter compétitif, à TTK (time to kill) extrêmement faible, et glorifiera donc la prise de décision rapide, la précision, et la coordination entre les membres d'une même équipe.
Epurer pour mieux régner
Se lancer dans Valorant est assez troublant tant on a l’impression de jouer à Counter-Strike vous disais-je… Développé sur Unreal Engine 4, le FPS de Riot nous propulse sur des matchs en 5 contre 5, se bouclant en 24 rounds, alternant entre l’attaque et la défense de différents "bombsites" comme sur les maps “de_” du FPS de Valve. Dans ce moule déjà connu, on remarque très vite des graphismes "très épurés" qui donnent parfois un petit aspect daté et pauvre à l’oeuvre. Il s’agit là d’un parti pris afin de faire tourner Valorant sur la majorité des PC, même les plus modestes.
Aussi, il importe énormément à Riot d’offrir une lisibilité de l’action sur les lignes de tir comme sur les zones d’étranglement des carte, et c'est à première vue une réussite sur Valorant. Toujours côté design, on note un chara-design pour l’instant assez proche de celui de Team Fortress 2, tout aussi coloré mais bien moins cartoon. Et pour cause, on retrouve au design un ancien de chez Valve, ayant opéré sur la création des personnages de TF2. Et ce n’est pas le seul vétéran à l’oeuvre sur Valorant puisque côté map-design, on retrouve un ancien joueur pro de CS:GO, à qui l’on doit notamment la carte “Cache”.
Priorité aux maps
Un des points les plus importants lors de la présentation du jeu, et qui se ressent d’ailleurs lorsqu’on enchaîne les matchs, c’est justement le map-design. Valorant aura très peu de maps : quatre au lancement, voire cinq si les 150 développeurs qui travaillent d’arrache-pied sur le titre arrivent à suffisamment peaufiner leurs créations pour diffuser cette carte au sein du jeu, dès le lancement. Chaque terrain dispose de son propre ADN et de sa propre ambiance. Situé sur Terre, Valorant nous a proposé durant nos essais deux maps : Bind, qui mise sur des téléporteurs pour relier ses deux sites de bombes, et Haven qui dispose de trois sites de bombes. Les développeurs les conçoivent comme des cartes sur lesquelles de très nombreuses stratégies vont émerger. En quelques heures, nous avons d’ailleurs pu en expérimenter certaines, allant du faux appel vers un site, sur Haven, divisant alors le groupes de défense qui assure la garde des trois sites de bombe, jusqu’aux passages dans les téléporteurs de Bind, passage dont le son peut donner de fausses indications aux joueurs adverses. Et encore, il s’agit là que de stratégies “basiques”, n’impliquant pas les pouvoirs de nos “agents”...
A quoi ressemble un round de Valorant ?
Des héros au potentiel bien présent
Car oui, si 80% de la victoire vient de la visée, 20% de votre réussite dépendra de votre capacité à bien utiliser votre agent. Nous avons pu en essayer une demi-douzaine, répondant à des archétypes assez classiques. Globalement, on distingue des DPS (personnages offensifs) et des supports (personnages qui assistent l'équipe). Côté DPS, on a particulièrement apprécié celle qui se nommait Woosh, Juno et désormais Jett suivant la version essayée et s’était déjà illustrée sur de nombreux extraits. Elle manie ses trois pouvoirs pour notamment s’élever dans les airs et dasher, et dispose d’un sort ultime qui lui permet de dégainer de petits couteaux qui tuent en un seul coup. D’autres nous ont séduit durant nos tests, tels que Phoenix qui tel son animal-totem peut "renaître de ses cendres" grâce à son sort ultime. Cela lui permet de scouter une zone, et d’avoir techniquement deux chances de faire face à un groupe d’adversaires. Ses compétences tactique en revanche ressemblent beaucoup à ce que pourrait faire un joueur sur Counter Strike qui s’équipe de grenades flash...
La liste actuelle des persos de Valorant et leurs compétences expliquées
Flashbang, molotov, fumigène, autant d’outils qui, sur Valorant, sont tout simplement limités à certains personnages, qui en ont fait des compétences. Toutefois, on retrouve pas mal de bonnes idées dans ces compétences, telles que le sort permettant de réanimer un allier, ce qui permet de retourner la situation... D'autres personnages sont encore plus intéressants, tels que Cypher, capable de révéler la position des adversaires en analisant le cadavre d'un ennemi. Plus étonnant encore, les compétences des agents ont des charges et ne sont pas soumises aux cooldown : c'est à vous, après votre round, d'évaluer votre économie et d'acheter armes et compétences comme on achèterai une ou deux flash après un round gagné sur Counter-Strike. Nul doute également que de nombreux "exploits" seront trouvés après le lancement du jeu, et que des synergies de sortilèges deviendront monnaie courante après quelques jours d'activité. C'est sur ce point que le titre va pouvoir également se démarquer, en plus de sa potentielle fiabilité en compétitif et de son support, venant faire de ce "Counter-Strike made in Riot" un nouveau champion en puissance du secteur compétitif...
Valorant n'invente pas grand chose mais met en pratique des bonnes idées piochées ça et là, optimisant au passage la technique, le réseau, et le support, dont Riot a une science inestimable. Après l'avoir essayé pendant plusieurs heures, on peut difficilement séparer le jeu de son inspiration, mais il est également bien plus grisant de jouer à Valorant qu'à Counter-Strike tant l'ajout des Agents, de leurs pouvoirs, et l'exploitation de maps au concept singulier change la donne dans l'approche stratégique que l'on fait des matchs... Valorant n'est pas une révolution, c'est une évolution, bien partie pour dominer son secteur, face à un Counter-Strike vieillissant et dont les deux failles, support et anticheat, sont particulièrement ciblées par la stratégie de Riot sur ce Valorant. Qui des deux survivra ? Réponse à partir de l'été 2020 sur PC...