Après nous avoir appâtés avec Project Resistance en septembre 2019, Capcom nous a invités à essayer son titre majeur sortant en 2020 : Resident Evil 3, dans une version revue et corrigée par rapport à celle de 1999. En compagnie de Pete Fabiano, producteur de ce remake, nous avons parcouru les artères de Raccoon City dans l'espoir de rencontrer – puis de fuir – la star de cet épisode qui n’est autre que l'inébranlable Nemesis. De quoi redécouvrir les premières heures d’un jeu d'action sans temps mort, mais avec plein de morts. STARS !
Notre video-preview de Resident Evil 3
Be my Valentine
Deux mois après les événements du manoir Spencer et 24 heures avant les épreuves de Resident Evil 2 , la jeune Jill Valentine enquête sur la société Umbrella dans les rues mal fréquentées de Raccoon City. Le virus-T a transformé la plupart des êtres peuplant la bourgade en créatures sanguinaires. Si vous espériez que les développeurs profitent de cette refonte du mythe RE3 pour rendre Jill plus apeurée face à cette situation infernale, vous serez peut-être déçus. La crocheteuse attitrée des S.T.A.R.S ne semble pas bien impressionnée par le chaos qui l’entoure. Elle se permet même de lâcher quelques petites phrases cinglantes pendant les situations désespérées. À l’image de ce que fut le titre sorti au crépuscule des années 1990, Resident Evil 3 fait la part belle à l’action, aux énigmes, aux monstres et à la fuite. Comme à l’accoutumée, le joueur progresse en repoussant les adversaires qui se trouvent sur sa route, en retrouvant son chemin grâce aux cartes des niveaux collectées, en résolvant des puzzles et en trouvant des objets permettant l’ouverture des nombreuses portes de la ville. Ces derniers peuvent prendre la forme d’une pince coupante, d’un passe-partout ou encore d’une batterie. Par rapport au jeu d’origine, les prises de liberté paraissent nombreuses, du moins dans ce que nous avons constaté pendant nos deux heures de jeu. La carte n’est plus la même malgré la conservation de certains édifices, les énigmes ont changé et les événements sont globalement différents. Nous avons par exemple eu le droit à un combat contre un Nemesis muni d’un lance-flammes lors d'une séquence qui n’existe pas dans le soft sorti en 1999.
La véritable star de cet épisode est, sans surprise, la troisième génération de Tyran conçue par Umbrella. Même si Mister X nous a déjà habitués au rôle du harceleur dans les boyaux du commissariat de Resident Evil 2, le Nemesis atteint un stade inédit en matière d’agressivité. Plus rapide que Jill et doté de différentes compétences allant du fauchage (grâce à ses tentacules) à l’étourdissement, le Tyran a également le pouvoir d’effectuer de gigantesques bonds lui permettant de s’interposer plus aisément entre l’héroïne et ses objectifs. À plusieurs reprises, nous nous sommes retrouvés dans des situations tendues. Contrairement aux rencontres avec Mister X, la course seule ne suffit pas pour l’emporter. Afin d’échapper à la créature d’Umbrella, il est nécessaire d’utiliser à bon escient les grenades, les générateurs électriques (qui étourdissent les ennemis se trouvant à proximité lorsqu’une balle bien placée les active), mais aussi et surtout le mouvement d’esquive qui s’exécute grâce aux gâchettes hautes. Néanmoins, le fait que le Nemesis se trouve régulièrement dans le dos de l’héroïne (ce qui est normal lors d’une fuite) rend délicate l’anticipation du moment opportun pour se soustraire aux attaques. Le Drain Deimos a le pouvoir d’infecter Jill (par l’intermédiaire d’un organe directement inséré dans sa gorge... yummy !). La combattante ne retrouvera sa vitalité qu’après avoir régurgité le poison grâce à quelques plantes vertes.
S.T.A.R.S Academiques
Celles et ceux qui ont parcouru le remake de Resident Evil 2 se retrouveront en terrain conquis avec cette suite. Malgré l’ajout de l’esquive (présente dans le titre de base mais absente de RE2), la maniabilité et l’inventaire sont inchangés. La caméra derrière l’épaule, déjà utilisée précédemment, est efficace mais n’évite pas quelques soucis de lisibilité. Dans les couloirs en angles droits de l’usine désaffectée, les Drain Deimos ont la fâcheuse tendance à bondir inopinément en plein virage. Enfin, la lampe torche, qui ne se déclenche pas manuellement, “oublie” parfois de s’allumer dans les zones sombres. Un détail qui sera probablement réglé lors de la sortie officielle.
Techniquement, le RE Engine continue de faire des merveilles. Les décors sont beaux, les corps sont crédibles et les effets spéciaux sont maîtrisés. Cependant, la baffe graphique est forcément moins prononcée que celle infligée l’année dernière. Sans surprise, Resident Evil 3 ressemble beaucoup à Resident Evil 2. Les textures paraissent similaires, le passage dans les égouts est semblable à celui rencontré l’année dernière, et les zombies ont les mêmes comportements. Si un script commande à ces monstres de ne pas suivre le joueur à l’intérieur d’une zone précise, alors ces derniers reviennent tranquillement sur leurs pas. Exactement comme dans le remake de 2019.
Efficace dans son approche et maîtrisé dans sa construction, du moins dans le passage joué, Resident Evil 3 ne se risque pas à tenter trop de nouvelles choses. Durant notre démo, nous n’avons pas noté de système de choix, et aucune séquence en vue subjective n’était de la partie, contrairement à ce que la première bande-annonce pouvait laisser croire. Sur nos deux grosses heures de jeu, nous avons rencontré des zombies, des dobermans transformés, le Nemesis, des Drain Deimos mais aussi les Hunter γ, d’impressionnants monstres amphibiens capables d'ôter la vie en une seule attaque. Dans notre lutte acharnée, nous disposions d’un couteau, d’un pistolet, d’un fusil à pompe et d’un lance-grenades. Là encore, du grand classique qui fait néanmoins toujours son petit effet, pour le moment en tout cas. Nos confrères qui ont choisi le mode “assisté” bénéficiaient d’un fusil-mitrailleur gracieusement offert. Un petit coup de pouce qui prouve que Capcom pense aussi aux utilisateurs qui veulent vivre l’aventure sans se confronter trop fortement aux règles strictes de la survie.
Nous avons pu tester une nouvelle version du mode multijoueur asymétrique de Resident Evil 3, intitulé Project Resistance. Malgré les nouvelles cartes et les nouveaux personnages (Becca la chasseuse et Martin le geek), nous n’avons pas vraiment été séduits par cette nouvelle rencontre. Le déséquilibre entre le Mastermind et les survivants est toujours notable, tandis que le level design montre rapidement ses limites. Notre aperçu complet de la démo de septembre 2019 est disponible par ici .
Notre aperçu de Resident Evil 3 formule 2020 nous prouve que Capcom a une nouvelle fois plus d’une corde à son arc pour faire évoluer efficacement l’expérience d’origine sortie en 1999. Exactement comme ce qui fut réalisé l’année dernière pour le remake de Resident Evil 2. Le Nemesis, plus dangereux et véloce que jamais, est bien parti pour donner des sueurs froides aux survivants qui vont tenter de fuir Raccoon City avec Jill et toute sa clique. Dans cette démo, les grandes qualités de l’expérience sont malgré tout entachées par un double arrière-goût de déjà vu : celui de parcourir un jeu sorti en 1999 dans une forme datant de 2019. Nous sommes tout de même impatients de découvrir en détail l’ampleur de la relecture du mode histoire.