Overwatch 2 résonne comme une opportunité pour la Team 4, l’équipe de développement en charge du jeu chez Blizzard. Le champ des possibles de la licence s’étend avec l’arrivée d’une forte composante narrative PvE capable d’enjamber les barrières imposées par l’équilibrage nécessaire au PvP du Hero Shooter. L’ADN du projet Titan est plus fort que jamais dans cette suite, qui, sans oublier son orientation compétitive grâce à l’ajout d’un nouveau mode PvP nommé Push (à découvrir plus bas dans notre aperçu), embrasse une approche bien plus narrative. Un peu à l’étroit dans ses modes PvP, le lore d’Overwatch sort aujourd'hui dès que l’occasion se présente des frontières du jeu pour s’étoffer à travers différents médias. Courts métrages animés, comics, musiques, nouvelles, et même un livre de cuisine, Blizzard a fait vivre l’univers de sa licence à une échelle bien plus importante que celle racontée à même le jeu. Désormais fort de 50 millions de joueurs et d’une scène compétitive bien établie, Overwatch revoit ses ambitions à la hausse et se tourne vers son volet narratif, son PvE, l’enrichissement de sa proposition PvP, le tout porté par une séquelle qui entend bien redéfinir le concept même de suite en ne laissant aucun joueur sur le carreau.
Nous nous sommes rendus chez Blizzard, en amont de la BlizzCon, afin de découvrir en exclusivité les nouveautés d’Overwatch 2 via différentes sessions sur le mode histoire PvE du titre ainsi que son nouveau mode PvP Push. L’équipe de développement s’est aussi prêtée au jeu des interviews dans le cadre d’un reportage inédit diffusé prochainement sur jeuxvideo.com
Overwatch à la rescousse !
Jusqu’alors tourné vers son aspect compétitif, Overwatch 2 déploie ses ailes et introduit (enfin !) une dimension PvE aux ambitions nouvelles pour la franchise. Comme à l’étroit dans le cadre JcJ strict de son propre jeu, le lore de la licence s’apprête à faire le grand plongeon narratif. Overwatch s’est certes, à plusieurs reprises, essayé aux modes PvE coopératifs grâce à différents événements temporaires ces dernières années avec les missions Archives, mais sans jamais faire de cet aspect un pilier à part entière de son expérience. Les choses évoluent donc grandement avec cette suite qui introduit non pas un, mais deux modes spécifiques orientés vers le PvE et la narration. Le mode Story Mission est à la base de cet élan scénaristique ; il entend proposer une série de missions articulées autour de différentes équipes de quatre héros mis en scène dans des situations variées à travers le globe. Blizzard souhaite offrir une bien meilleure mise en contexte à l’implication de ses personnages dans la crise mondiale Hommes/Omniums dépeinte dans le lore de son univers futuriste. Le scénario d’Overwatch 2 débute en ce sens peu de temps après l’appel lancé à travers le monde par Winston aux différents ex-agents d’Overwatch. L’organisation tout juste reformée, Tracer, Mei et Reinhardt décollent en direction de Rio pour rencontrer le héros local Lùcio et lutter contre la menace qui plane sur la ville.
Chacune de ces sorties scénarisée débute et se conclut par une cinématique en jeu profitant des améliorations techniques du moteur afin d’offrir une mise en scène inédite. Dialogues, cut-scenes de transition entre les moments clés des missions, variations des plans de caméra, Overwatch 2 se dote d’une véritable campagne PvE, jouable en coopération, capable de porter les futures évolutions de son scénario. Les développeurs nous précisent que tous les personnages du casting actuel, ainsi que ceux à venir, seront liés d’une manière ou d’une autre à l’histoire racontée dans ce mode. Nous débarquons au beau milieu d’une ville de Rio attaquée par les forces Omniums représentées par de nouvelles unités baptisées les Null Sectors. Un effort tout particulier a été apporté à leur design et leurs capacités afin d’offrir un challenge varié selon les situations. La progression sur la carte lors de cette première mission ressemble à celle déjà rencontrée lors des événements Archive : se débarrasser des ennemis d’une zone, survivre durant un temps prédéfini, etc. Blizzard souhaite toutefois apporter plus de diversité par la suite avec des situations de jeu inédites pour la franchise.
La progression est rythmée, les assauts ennemis sont constants et demandent une grande coordination d’équipe pour survivre et compléter les objectifs en cours. Dans le ciel face à nous, surplombant une rue envahie par les unités ennemies, un énorme vaisseau Omnium largue ses troupes ; notre but est de rejoindre une navette de transport afin de pénétrer à l’intérieur de cette forteresse volante. Grâce à une nouvelle cinématique réalisée avec le moteur du jeu, nos quatre héros parviennent à infiltrer la terrible machine et se lancent dans la seconde phase de la mission. Ici, le décor change du tout au tout, les allées ensoleillées de la citée Brésilienne laissent place à une ambiance plus industrielle éclairée par les lueurs violettes des machines. D’immenses chaînes d’assemblage de robots offrent un bon aperçu des possibilités de narration environnementale dans ce mode scénarisé. La mission apporte une dernière variation d’objectif dans la salle du générateur du vaisseau où notre équipe doit surcharger le cœur énergétique de la structure en tirant dessus lorsqu’il s’ouvre à intervalle régulier. Les Null Sectors ne se font pas prier pour débouler par vagues jusqu’à l’arrivée d’un boss bien plus dangeureux à affronter.
Pour satisfaire cet élan narratif, le moteur d’Overwatch 2 se dote de plusieurs améliorations graphiques dont la plus notable concerne la modélisation des personnages. L’ensemble du casting sera retravaillé visuellement avant la sortie du jeu (en l’état, sept héros ont déjà été retravaillés). Ce bond technique améliore grandement la qualité des textures des modèles avec des tenues plus détaillées, des yeux bien plus expressifs, des cheveux bien mieux rendus. La présence de nombreux gros plans lors des nouvelles cinématiques du mode Histoire explique en partie ces évolutions nécessaires à la crédibilité de l’ensemble. Plus qu’une amélioration visuelle du rendu des héros, leur look évolue aussi afin de refléter une certaine progression scénaristique, Reinhardt change de coupe de cheveux et porte désormais une armure est bien plus influencée par la patte de Brigitte, Genji s’humanise grâce à un style vestimentaire plus urbain, Tracer affirme sa personnalité avec un look encore plus acéré. L’important pour l’équipe de Jeff Kaplan est de conserver l’essence d’un personnage tout en modernisant son rendu. Le HUD du jeu subit lui aussi un lifting avec une nouvelle police d’écriture et d’une lisibilité accrue des différents éléments de l’interface.
Vers un aspect plus RPG ?
Les missions d'histoire disposent à l’heure actuelle d’un mode expert à la difficulté rehaussée (spawn plus nombreux des adversaires, vie et dégâts accrus). Elles dévoilent aussi une totale autre nouveauté pour Overwatch avec l’introduction de différents objets consommables à récupérer dans des coffres ou dans des endroits plus secrets. Cet aspect entend renforcer les possibilités tactiques d’une équipe grâce à nouvelles capacités soumises à des temps de chargement. Ces objets prennent la forme de grenades de différentes raretés (inhabituelles, rares, épiques et légendaires) dont les effets vont du déploiement d’une tourelle de combat à la levée d’un large bouclier circulaire en passant par des soins de zone ou des grenades acides augmentant les dégâts effectués sur une cible. Toujours en cours de développement au sein du studio, la fonctionnalité apporte de nouveaux outils de gameplay aux joueurs. Notez qu’à l’heure actuelle, les quatre héros peuvent relever un allié tombé au combat grâce à une interaction au contact et que l’équipe au complet peut mourir jusqu’à trois fois avant que la mission ne soit un game over.
Pour les besoins de cette première démo, Blizzard introduit à ce mode de jeu scénarisé l’une des principales nouveautés du second mode PvE d’Overwatch 2 baptisé Hero Mission. Prévu pour le lancement d’Overwatch 2 et lui aussi jouable en coopération jusqu’à quatre joueurs, ce mode n’impose pas de restriction côté casting. Le joueur y fera progresser son ou ses héros via une série de 20 niveaux octroyant à la fois une montée en puissance côté résistance et dégâts, mais aussi des points de talent à dépenser dans de toutes nouvelles modifications de compétences. Les développeurs s’affranchissent ici de toutes les contraintes liées à l’équilibrage PvP de leur shooter puisque la partie PvE d’Overwatch 2 est totalement décorrélée de son volet compétitif. Il n’est donc pas question de points de talents en match JcJ, ni de montée en niveau des personnages comme c’est le cas dans ce mode Hero Mission. Chaque personnage dispose de trois points à répartir parmi six modificateurs de talents, le premier rang dès le niveau 1, le second au niveau 10 et le dernier une fois atteint l’ultime niveau 20.
Des héros de grand talent !
Et l’on sent tout de suite que Blizzard s’est fait plaisir sur ces effets inédits et autres façons totalement repensées d’envisager les capacités existantes de son casting. Marre de recharger vos blasters sur Tracer ? Un talent lui permet de remplir automatiquement ses chargeurs dès qu’elle utilise la moindre de ses capacités. Un autre permet à la bombe de son ulti de déclencher des explosions en chaîne sur toutes les cibles présentes dans son rayon d’action. L’ensemble des personnages bénéficie pour ce mode jeu de cette relecture rafraîchissante de leurs capacités. Le bloc de glace de Mei peut désormais geler toutes les cibles à proximité une fois détruit, voire se transformer en boule de neige à faire rouler vers l’avant pour tout écraser sur son passage. La capacité de protection de la technique est conservée, mais son usage se voit totalement repensé.
C’est avec des étoiles plein les yeux et des idées originales plein la tête que les développeurs nous font ensuite la démonstration d’un Genji désormais doté d’une lame du Dragon capable de projeter ses attaques à distance, ou d’un Hanzo équipé d’une capacité permettant à ses flèches de toucher automatiquement l’ensemble des cibles détectées par sa flèche radar. Les démonstrations s’enchaînent avec un tir secondaire sur Lùcio qui, en plus de repousser l’ennemi, peut désormais soigner les alliés ou bien une Amplification qui déclenche, une fois améliorée, à la fois la capacité de soin et de boost de vitesse du héros sur toute l’équipe. D’un lourd coup de marteau, Reinhardt met à terre ses adversaires non plus dans un cône frontal, mais dans une large zone autour de lui. Torbjorn sort de sa poche non plus une, mais trois tourelles et peut changer leur mode de tir pour un lance-flamme.
Bref, on comprend bien vite qu’un véritable champ de possibilités s’offre à Blizzard avec à ce système de talents et plus important encore, la fonctionnalité se montre diablement amusante à l’usage. Rappelons tout de même et avant que certain(e)s d’entre vous s’insurgent des répercussions d’un tel système sur la meta du jeu, que ces modifications de talent ne concernent pour le moment que le mode PvE Hero Mission du jeu. De confessions de développeurs, il se pourrait qu’il intègre à terme le mode histoire de cette suite tant la fonctionnalité est plein de promesses. Si le mode histoire porte avec lui les ambitions narratives d’Overwatch 2, le mode Héros y apporte une forte dimension de rejouabilité. Chaque mission, située pour le moment sur des maps existantes du jeu (Route 66, Busan, Paris, etc.) compte proposer plusieurs variations d’objectifs à la manière du mode Aventure de Diablo 3 ou des World Quests de World of Warcraft. Blizzard intègre ainsi à son jeu une fonctionnalité pensée sur la durée, capable de séduire un public jusqu’alors peut être hermétique à la simple dimension PvP du titre. Le mode entend s’enrichir de nouveaux contenus au fil des mises à jour, proposer à n’en pas douter des défis quotidiens ou hebdomadaires et donner une raison supplémentaire aux joueurs de se connecter régulièrement sur Overwatch.
Si le casting d’Overwatch reprend l’intégralité des personnages du premier jeu, il sera lui aussi enrichi sur la durée avec de nouveaux héros. Déjà mise en scène lors d’un événement Archives, la Canadienne Sojourn rejoindra officiellement le roster de cette suite, accompagnée par la suite d’autres personnages. Si l’on pense bien entendu à Écho, présente dans la cinématique de présentation du jeu, Blizzard indique vouloir conserver une arrivée progressive des nouvelles têtes en jeu de manière à se prémunir de potentiels problèmes d’équilibrage.
Push it to the limit !
Overwatch 2 n’en oublie pas pour autant ses racines PvP avec l’arrivée du premier véritable nouveau mode de jeu compétitif depuis le lancement du jeu. Le mode Push intègre la rotation habituelle des cartes avec dans sa besace un futur lot de maps inédites spécialement pensées pour ce type de rencontres. Première incursion d’Overwatch sur le sol canadien, Toronto rejoindra officiellement le casting des cartes du jeu en tant que première arène dédiée au Push. Ce mode se déroule sur une carte symétrique où un robot attend les deux équipes au centre. L’objectif consiste à faire avancer cette unité au plus loin en direction de la base adverse en se plaçant simplement à côté de lui à la manière d’un payload. Il suffit d’un seul joueur au pied du robot pour le mettre en mouvement et lui faire pousser une sorte de mur de protection vers l’objectif final.
Si un adversaire entre à son tour dans le champ d’action du robot, ce dernier s’arrête en attendant l’élimination des membres de l’une des deux équipes à ses pieds. L’équipe qui parvient à faire avancer l’unité jusqu’au spawn adverse ou au plus loin à la fin du temps imparti remporte la victoire. Petite particularité, le robot avance plus lentement lorsqu’il pousse face à lui le mur symbolisant la progression des deux équipes. Ce mode de jeu a été pensé afin d’encourager le team fight sur l’ensemble de la carte et non à des endroits spécifiques. Les affrontements se concentrent autour d’un objectif toujours en mouvement convoité par les deux équipes en même temps contrairement au mode Payload. Tortueuse, la carte promet une meta bien plus frontale avec une mêlée rapide à rejoindre en cas de mort. Elle n’en oublie pas non plus de proposer divers bâtiments et intérieurs pour encourager le flanking. Visuellement réussie avec son mélange d’architectures typiques de la ville canadienne et d’une vision plus futuriste des lieux, Toronto sera secondée d’autres cartes spécifiques au mode Push.
Redéfinir l’idée d’une suite
Les spéculations et autres fuites étaient nombreuses ces derniers jours autour de cet Overwatch 2. Certains se demandaient si le titre allait être une suite au sens strict du terme, un nouveau jeu reléguant au passé le contenu du premier Overwatch. La réponse de Blizzard est claire : avec Overwatch 2, le studio tente de redéfinir l’idée même d’une suite pour ne laisser aucun joueur sur le carreau. Tout le contenu PvP actuel, toute la progression du joueur, ses succès, ses skins, emotes et autres récompenses seront transférés dans cette suite. Plus intéressant encore, les possesseurs d’Overwatch 1 n’auront pas besoin d’acheter Overwatch 2 pour continuer de jouer à l’intégralité des modes PvP de la licence. Les volets JcJ du premier et du second jeu fusionnent dans le but de créer une scène unique accessible à tous. Seul les modes PvE ainsi que la refonte des modèles graphiques des personnages seront soumis à l’acquisition d’une copie d’Overwatch 2. Les joueurs actuels d’Overwatch auront toujours accès à l’ensemble des contenus PvP du jeu, anciens et à venir, cartes, modes de jeu (y compris le Push) et nouveaux héros. Cette suite s’inscrit en ce sens dans la continuité directe de son prédécesseur et entend proposer à sa communauté une transition débarrassée des limitations traditionnelles de l’industrie.
Son volet compétitif aujourd’hui bien établi, Overwatch explore une autre facette de sa proposition. Lui, dont l’univers se sentait peut-être un peu à l’étroit dans le cadre PvP du jeu, se laissera pousser des ailes narratives avec une suite pleine d’ambitions et de nouvelles possibilités. Un véritable mode histoire, des missions en coopération dotées d’une forte rejouabilité, l’introduction d’un système de talents pour les héros, Overwatch 2 affirme son ADN de jeu Blizzard et prend une toute nouvelle ampleur. Il n’en oublie pas pour autant ses racines PvP avec l’arrivée d’un nouveau mode de jeu et entend même assurer une continuité assez inédite avec son prédécesseur en garantissant l’accès à tous ses modes compétitifs aux possesseurs d’Overwatch 1.