Après le succès de Diablo 3 sur Switch, Blizzard est bien décidé à se tailler une part encore plus large du délicieux gâteau que représentent les quelques 35 millions de propriétaires de Switch du monde. Alors l'éditeur remet le couvert, cette fois avec son jeu étendard : Overwatch. Il amène son action rapide et ses teamfights pyrotechniques au pays de Nintendo, et on est allé jusqu'à Irvine pour voir ce que ça donne.
Video-preview : Overwatch est-il le Fast-FPS tant attendu sur Switch ?
En ce jour de fin d'été, les bâtiments du campus Blizzard renfermaient deux trésors : une clim, capable de stopper la torride chaleur californienne, et le portage Switch d'Overwatch. Pas de temps à perdre, à peine arrivé à l'étage où travaillent Jeff Kaplan et ses acolytes, une console nous est placée entre les mains et les 12 invités se lancent en jeu.
Ils sont où mes Fps ?
Attaquons avec le principal problème de cette version, Overwatch tourne à 30 fps seulement. Un shooter ultra rapide à l'action souvent frénétique et parfois confuse, où pouvoir suivre l'action au milieu du chaos est une condition essentielle de victoire, est vendu dans une version capée à 30 fps. Bon sang Blizzard, si frame per second et first person shooter ont le même acronyme, c'est pour nous rappeler qu'il faut avoir le premier pour pouvoir bien jouer au second. Et si Sinatraa, champion de la seconde saison de l'Overwatch League avec son équipe des San Francisco Shock, joue sur un écran 144hz, il y a probablement une raison.
D'un autre côté, Overwatch est l'un des titres les plus ambitieux à avoir jamais débarqué sur la console hybride : la taille des cartes, les 12 joueurs présents en même temps, la nature ... lumineuse des capacités des héros et leur manie d'être toutes activées en même temps dans une implosion de couleurs, font de lui un titre difficile à gérer pour la petite machine. Les raisons pour lesquelles Overwatch ne dépasse pas les 30 fps sont évidentes et compréhensibles, mais vu la nature du jeu, on ne peut s'empêcher de regretter cet état de fait.
Le nombre d'images par seconde a beau ne pas être élevé, il a cependant le mérite de très peu varier. Même lorsque le teamfight bat son plein, les pertes de fps sont négligeables. Si l'expérience 30 fps est indéniablement inférieure à celle proposée sur les autres consoles, elle n'est pour autant jamais désagréable, un nombre d'images par seconde faible mais constant étant infiniment préférable à un framerate potentiellement élevé, mais faisant le yoyo.
Notons enfin que certains titres Switch proposent une option "performance" permettant d'atteindre les 60 fps en échange d'un downgrade dans la résolution du jeu, une option pour l'instant aux abonnés absents sur Overwatch Switch. Et qui risque bien de le rester longtemps d'ailleurs puisque celle-ci fonctionne généralement en diminuant la résolution du jeu. Or Overwatch Switch démarre déjà avec une résolution assez basse.
C'est joli en fait
Parlons résolution justement, c'est du 720p en version portable et du 900p en docké. C'est pas follement élevé mais ça rend très bien, surtout en version portable où le résultat est propre et net. Une fois en version dockée, c'est un peu moins sexy : les limitations d'une version Switch étant forcément plus exposées sur grand écran.
Du côté de l'équipe de développement, on admet avoir tapé dans la qualité de certaines textures pour obtenir un 30 fps quasi-constant. Cela se voit principalement sur les armes des héros qui apparaissent en gros sur l'écran et qui comportent de nombreux détails : soudain, les numéros inscrits sur la sulfateuse de bastion sont un peu moins nets et les ongles de Moira un peu moins acérés. N'allez cependant pas croire que ce portage est laid. Les détails mentionnés ci-dessus sont quasiment indiscernables en version portable et très peu gênants en version dockée. C'est visuellement excellent pour de la Switch et, durant plusieurs heures de jeu, on n'a jamais eu l'impression de jouer à une version au rabais. En somme, on comprend en regardant le jeu pourquoi on n'a droit qu'à 30 fps, Blizzard et Iron Galaxy poussent la machine dans ses derniers retranchements pour offrir une version d'Overwatch qui n'aura pas à rougir sur le plan visuel.
Une prise en main aux multiples facettes
Il y a 35 façons différentes de jouer à Overwatch sur Switch. La machine de Nintendo se doit, après tout, de mériter son titre de console hybride. En mode portable, on vous conseillera de détacher les Joy-Con pour pouvoir prendre une position de jeu plus confortable. Les joysticks de ces derniers ne sont évidemment pas au niveau de ceux qu'on peut trouver sur une Dualshock ou sur une manette de Xbox mais ils font le travail, leur principal défaut étant leur petite taille impérant quelques peu les mouvements rapides. Opter pour une manette Switch Pro permet immédiatement d'obtenir une prise en main supérieure, mais c'est 60 euros de plus.
L'aim assist est évidemment de la partie. Ccomme pour les versions PS4 et Xbox One celle-ci sera désactivable et utilisable en parties compétitives. Elle s'est d'ailleurs fait particulièrement sentir durant notre phase de test, les rafales de tracer allant sagement se loger dans la tête du tank ennemi au lieu d'aller redécorer les murs de la carte.
Abordons maintenant l'aspect le plus intéressant de ce portage : la possibilité de jouer avec le motion control. Jouer à un FPS au joystick, c'est déjà devoir utiliser une interface moins instinctive qu'une souris pour viser, mais c'est également ne pas pouvoir contrôler la vitesse à laquelle on tourne : une fois la sensibilité du joystick réglée, votre personnage prendra toujours autant de temps à se retourner, que la situation soit pressante ou non. C'est la grande force de la souris qui, d'un large mouvement sur la table, permet les demi-tours en catastrophe et les "flicks" lors desquels le joueur ajuste son tir à la dernière seconde. Toutes ces merveilleuses choses sont pour toujours hors de portée des joueurs Joystick, jusqu'au moment où le motion control de la Switch est activé.
Soudain, le Joy-Con droit se transforme en sorte de Wiimote et votre héros vise dans la direction où vous pointez la main. C'est plus instinctif encore qu'une souris car pointer vers un écran vient plus naturellement que de faire glisser une souris sur un bureau, et les flicks sont de nouveau possibles puisque le héros pivote à la vitesse à laquelle le joueur déplace sa main. Il y a là de quoi réconcilier un joueur PC avec un shooter sur console.
Tout ça c'est merveilleux, mais ce n'est pas encore au point. Si le joueur incline son poignet vers la droite pour prendre un virage, son héros opère bien le tournant à droite mais le joueur se retrouve alors le poignet coincé dans une inconfortable position inclinée vers la droite. S'il tente de remettre son poignet droit, la console y voit un mouvement vers la gauche et envoie alors le personnage dans le mur.... À l'heure actuelle, la miraculeuse technologie n'est pas utilisable. Notez que le Motion Control a été implémenté avec succès sur Splatoon 2 où il a rencontré un grand succès et où il est utilisé par quasiment tous les meilleurs joueurs. L'exploit est cependant nettement plus difficile à répliquer sur un jeu à la première personne. Les équipes de Blizzard assurent que la version finale du portage comprendra un motion control fonctionnel. Espérons de tout coeur qu'ils y parviennent parce que ce truc, c'est le futur.
Des sensations bien présentes
Parce que ce portage parvient à sauver les meubles à la fois en terme de framerate et de rendu visuel, les qualités indéniables du matériau de base se font très rapidement sentir. La satisfaction d'utiliser son personnage parfaitement, l'impatience qui accable le joueur en train d'attendre sa réapparition alors que son équipe a besoin de lui, les quelques secondes frénétiques de l'overtime où tout est lancé en même temps en espérant que ça passe, ou encore la joie générée par une synchronisation d'ultimes parfaite. Toutes ces sensations sont présentes sur Overwatch Switch comme elles l'étaient sur les versions qui l'ont précédé. Et le court temps d'adaptation aux Joy-Con est l'unique prix à payer pour y avoir accès.
Lorsque la D.Va de l'équipe a placé une auto-destruction parfaite, envoyant 4 joueurs de l'équipe adverse à la case réapparition, tous les joueurs présents dans la salle de test ont crié de joie, preuve que ni les 30 fps, ni les 720p, ni le motion control encore inutilisable n'empêchent ce portage de fonctionner.
Raccourcis à foison et durée de vie incertaine
Au niveau du mapping des touches, le titre conserve l'aspect hautement personnalisable qu'il a sur les autres plateformes. N'importe quel bouton peut devenir une hotkey pour n'importe quelle action et avec 14 boutons différents répartis sur les deux Joy-Con, il y a de quoi faire. À moins d'exiger d'avoir un raccourci spécifique pour chacune des phrases de communication du jeu, n'importe quel joueur devrait pouvoir créer la configuration qui lui convient.
Quelques mots sur l'espérance de vie de la batterie. Impossible pour l'instant de savoir en combien de temps exactement Overwatch vide une Switch, notre phase de test ayant été effectuée sur des devkits (version modifiée d'une console, utilisée par les équipes de développement pour leur travail et présentant notamment une durée de vie différente de la version commerciale), mais les développeurs estiment que la Switch tiendra "au moins deux heures", une déclaration quelque peu inquiétante, mais prévisible, Overwatch s'annonçant comme l'un des titres les plus gourmands de la console. À titre indicatif, la majorité des jeux switch mettent entre 3 et 6 heures à vider la console, espérons que vos déplacements ne seront pas trop longs.
Pour finir, un prix de vente de 40€ est prévu en Europe et le jeu pèsera entre 11 et 12 Go en version dématérialisée.
Gêné par les limitations de sa machine mais bourré de bonne volonté, Overwatch sur Switch opère un véritable numéro d'équilibriste en tentant de sauver à la fois fluidité et performance visuelle. Le titre se place ainsi dans cet interstice très précis où on ne le conseillerait pas à quelqu'un qui peut jouer à Overwatch sur un autre support, mais où on le recommanderait sans problème à un joueur qui n'a que la Switch.