Annoncé dans le cadre d'un trailer plutôt survolté au cours des Game Awards 2018, The Outer Worlds a immédiatement cristallisé les attentes les plus folles. Obsidian Entertainment, connu pour abriter dans ses équipes des légendes du RPG ayant notamment accouché de la saga Fallout, célèbre son retour au RPG en 3D présenté comme un appel du pied à peine dissimulé aux fans déçus des deux dernières itérations de la saga post-apocalyptique. Exit cependant les retombées nucléaires et bienvenue à l'exploration spatiale dans un univers pas toujours rose, que nous avons pu explorer pendant environ 2 heures.
Notre vidéo-preview de The Outer Worlds
Bienvenue dans les confins de la galaxie
Pour vous resituer la trame principale de The Outer Worlds, sachez qu'il vous propose d'incarner un colon qui, initialement en charge de prendre possession des planètes les plus reculées de notre galaxie, a été victime, ainsi que ses collègues, d'une petite erreur de calcul l'ayant laissé en hibernation plus longtemps que prévu. Ainsi, vous vous éveillez en orbite autour d'une planète soixante-dix ans après votre arrivée au lieu des 10 prévus. Dans une colonie régie par un ensemble de mégacorporations pas spécialement porté sur les considérations morales, inutile de préciser que l'on ne vous a pas attendu pour prendre les commandes des planètes encore vierges ou presque. La trame de l'aventure vous conduira à travailler ou non pour telle ou telle corporation et devrait à terme être focalisée sur les embranchements dictés par votre conduite, vos décisions pour finalement aboutir à plusieurs fins. Si le début de notre session de jeu a été consacré au début de l'aventure, nous ne pouvons cependant pas en évoquer les détails ni même vous les montrer. Nous avons en revanche eu la chance de pouvoir nous essayer à une portion plus avancée du titre, mettant en scène un personnage arrivé au niveau 11, plutôt polyvalent. Les consignes étaient cependant claires : nous ne pouvions qu'explorer cette planète et n'avions pas la possibilité de rejoindre notre vaisseau et jauger plus avant de l'aspect « exploration spatiale » qui devrait cependant être relativement limité. Malgré tout, nous avons pu apercevoir une bonne partie des mécaniques générales du jeu ainsi que sa construction.
Des dialogues et des choix dans la tradition d'Obsidian
En premier lieu, sachez qu'Obsidian, même s'il ne l'a jamais clairement affirmé, semble avoir tout fait pour brosser les nostalgiques de New Vegas dans le sens du poil, en premier lieu par la qualité des dialogues et des choix proposés. En effet, reprenant la formule Bethesda, chaque dialogue se déroule avec un zoom sur l'interlocuteur, chaque réplique donnant lieu à une généreuse poignée de réponses. Bien évidemment, celles-ci ne sont pas standardisées et certaines d'entre elles ne pourront être débloquées qu'en fonction des caractéristiques de votre personnage. Suffisamment de points investis dans la branche dialogue favorisera les répliques requérant de la persuasion, du mensonge ou de l'intimidation, tandis que maximiser les compétences technologiques pourra déverrouiller l'accès aux répliques médicales. Ces différentes approches donnent lieu à des répliques toujours bien senties et accroîtront naturellement les différentes possibilités pour résoudre des quêtes. Il semblerait donc que les amateurs de la voie pacifique et roublarde trouveront en The Outer Worlds le jeu qui leur manque, servi, au cours de notre session du moins, par une écriture qui fait honneur à la réputation d'Obsidian en la matière.
Nous avons pu apercevoir différents éléments de plusieurs quêtes secondaires. Chacune d'entre elles était soignée. De la quête de recouvrement de dettes à embranchements à la collecte de médicaments pour un mourant qui ne le serait pas tant que ça en passant par l'infiltration d'un abattoir... les situations sur la planète de notre session étaient variées et laissaient une place conséquente à la liberté d'action. S'il serait bien cavalier d'affirmer qu'Obsidian tiendra ce rythme sur l'ensemble de l'aventure et que la diversité des approches n'aura pas tendance à se répéter à terme, les premières sensations étaient excellentes. À vrai dire, dans le courant de l'événement presse, nous nous sommes laissés aller à regarder l'écran des confrères et nous nous sommes rapidement rendu compte que, pour une même quête, le déroulement était largement différent d'un poste de jeu à l'autre. Un signe plus qu'encourageant donc. Cerise sur le gâteau, le titre contenant un système de réputation auprès de plusieurs factions, on espère qu'il aura un impact véritable sur le déroulement du jeu.
Une évolution du personnage complète et ajustable
Nous en parlions un peu plus haut, différentes options de dialogue seront grisées ou non en fonction des compétences de votre personnage. Obsidian a opté pour un système d'évolution plutôt bien pensé, qui devrait autant satisfaire le fan de statistiques et de spécialisation que le novice, pouvant être intimidé par une feuille de personnage trop touffue. Effectivement, au cours de votre progression de départ, vous pourrez répartir une certaine quantité de points de talents dans des branches « générales ». Ainsi, plutôt que d'être partiellement contraint à, par exemple, choisir entre l'affectation de points aux armes de poings au détriment des armes longues ou lourdes, vous pourrez tout simplement attribuer la valeur de votre choix à la branche « distance » pour être polyvalent. Si vous vous sentez par exemple plus à l'aise avec un fusil qu'avec une arme de poing, la compétence associée à cette catégorie d'arme augmentera avec la pratique, y adjoignant alors une valeur ajustée de compétence. Une fois que cette spécialité atteint une valeur de 50 , vous pourrez y affecter spécifiquement des points afin, pourquoi pas, d'en devenir un virtuose et donc de débloquer des bonus associés. Il devrait donc être possible de façonner autant un personnage très polyvalent que très spécialisé, même si là encore, difficile d'être catégorique en seulement deux heures de temps.
Des combats qui laissent sceptiques
En somme, le socle RPG, les dialogues, les quêtes, la liberté d'action, l'évolution du personnage semblent être des éléments incontestablement solides de The Outer Worlds. En revanche, nous serons sans doute moins catégoriques sur la section combat, manifestement difficilement évitable dans le jeu. La planète que nous avons eu l'opportunité de visiter, sous couvert d'une semi-ouverture, nous proposait de nous rendre aux différents marqueurs de quêtes d'une manière particulièrement balisée. Effectivement, inutile d'espérer, du moins en ce qui concerne notre session, pouvoir emprunter de véritables chemins de traverse. Non, le jeu déploie des routes dont on ne peut pas dévier et qui sont d'ailleurs régulièrement jalonnées de différentes caisses de munitions ou de petits avant-postes occupés par des PnJ donneurs de quêtes. Cette approche n'est pas un drame, les moyens d'Obsidian ne permettant sans doute pas d'offrir un véritable open world. C'est davantage la construction des routes qui s'est avérée parfois pénible.
En effet, planète extra-terrestre oblige, vous serez régulièrement confronté à des créatures hostiles. Trop souvent, peut-être. Le bestiaire s'étant avéré assez peu varié, la perspective de faire plusieurs trajets jalonnés d'ennemis tous semblables était presque rédhibitoire. Car outre la monotonie du décor, ce sont surtout les affrontements qui manquent pour l'heure de punch. Si certaines armes ne sont pas désagréables à manipuler, une grande lourdeur se dégage de combats en raison notamment des déplacements plombés du personnage. Outre la certaine confusion qui peut régner lors de combats réunissant 5 ou 6 créatures en plus de vos propres compagnons, l'ensemble manque de pêche et tombe assez rapidement à plat. Certes il existe bien la possibilité de déclencher un ralenti permettant d'apposer des afflictions aux ennemis en fonction de l'endroit ciblé par les tirs, ou de donner quelques instructions d'assaut à vos compagnons, mais dans l'immédiat, les deux fonctionnalités nous ont semblé anecdotiques. Mais à l'exception de ces quelques écueils (autres que purement techniques et artistiques) et des questions qui restent encore en suspens, The Outer Worlds pourrait bien être un excellent RPG, directement inscrit dans la philosophie que les fans attendent d'Obsidian.
Bande-annonce de The Outer Worlds
Avec la richesse de ses dialogues, la diversité d'approches pour la résolution d'une quête et ses grandes possibilités de personnalisation statistique de l'avatar, The Outer Worlds semble taillé pour séduire les fans d' Obsidian comme les amateurs de RPG dans lesquels les choix comptent. Si de nombreuses questions restent encore sans réponse (exploration spatiale, durée de vie, nombre de planètes, embranchements réels) et que les combats gagneraient assurément à être dynamisés, The Outer Worlds doit être surveillé de très près et pourrait bien constituer une valeur sûre de cette fin d'année.