Cela fait presque deux ans que nous entendons parler de Concrete Genie, le curieux titre développé par la petite équipe de PixelOpus. Présenté comme une œuvre faisant la part belle à la créativité, il s’est laissé approcher pendant deux bonnes heures afin que nous puissions en évaluer son potentiel. À l’intérieur de cet univers où les peintures prennent vie, nous avons joué les critiques d’art satisfaits.
Notre video-preview de Concrete Genie
Dessinez, c’est gagné
Concrete Genie met le joueur dans la peau de Ash, un jeune garçon introverti qui trouve l’épanouissement dans le dessin. Il faut reconnaître que la ville de pêcheurs dans laquelle il vit, Denska, ne semble pas la plus encline à lui proposer des occupations puisqu’elle est abandonnée et polluée. Malheureusement, les autres gamins de la bourgade sont aussi corrompus que la cité elle-même : après avoir harcelé l’artiste, ils mettent la main sur son carnet d'illustrations et le déchirent, faisant voler les feuilles griffonnées aux quatre coins de la carte. Au début de l’aventure, Ash met la main sur une sorte de pinceau magique capable de donner vie à ses créations, ce qui rappelle forcément Epic Mickey. Car oui, Concrete Genie donne la possibilité au joueur de peindre des monstres sur des murs. Ces derniers s’animent alors à la manière des transformations de The Legend of Zelda : A Link Between Worlds et aident le joueur dans sa progression, collés contre les briques des constructions.
La création d’un génie est une étape aussi ludique qu’indispensable à la progression. Différentes caractéristiques physiques (cornes, antennes, etc.) sont consignées dans le carnet du héros afin de rendre le monstre plus original.
Les créatures sont à créer grâce à différents modèles proposés. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’un génie heureux est un génie généreux. En peignant (grâce à la reconnaissance de mouvements de la DualShock 4) différents objets ou paysages demandés par les créatures, le dessinateur se voit affublé temporairement d’un super pinceau lui permettant de recouvrir les éléments corrompus de la ville d’un peu de peinture magique. Cela a pour effet de rendre les surfaces murales praticables pour les génies, qui pourront par voie de conséquence utiliser leurs pouvoirs afin de brûler, par exemple, les débris bloquant un chemin. Nous imaginons que d’autres créatures munies de compétences différentes apparaîtront au fil de l’aventure. La maniabilité liée à l’illustration est, en tout cas, réussie. Plutôt que du dessin pur, il s’agit en fait de faire pousser des tags sur des murs grisâtres. Si vous souhaitez créer de l’herbe par exemple, il n’est pas nécessaire de crayonner chaque brin, le jeu va de lui-même faire pousser la végétation le long de la ligne horizontale tracée.
Génie mécanique
Les zones du monde sont découpées en fonction des objectifs à accomplir. Les pages flottantes à dénicher au sein de la cité donnent accès à des dessins supplémentaires qui feront le bonheur des bestioles gourmandes de nouvelles illustrations. Un peu à la manière d’un Max and the Curse of Brotherhood, le pinceau permet d’altérer la réalité grâce à des actions surprenantes. Il est possible de rallumer les lumières de la ville en peignant les ampoules, ou bien de glisser rapidement sur le sol grâce à l’encre magique. Lorsqu’il s’agit de se déplacer dans l’environnement empoisonné de la petite ville portuaire, Ash court, bondit et s’accroche. Il a la faculté d’attirer les groupes de zonards vers lui en les interpellant, et de feuilleter la carte du monde pour ne pas se perdre dans les dédales. Le gamin peut également attaquer directement des adversaires ouvertement hostiles, comme nous l’avons constaté lors de l’affrontement contre un boss concluant notre session.
Le monde exposé dans notre démo introduisait les bases du jeu et ne laissait pas vraiment de place à la recherche, les zones à explorer étant relativement petites et la narration très présente. L’énigme la plus compliquée à laquelle nous nous sommes frottés consistait à faire rouler un chariot jusqu’à une plateforme dont le revêtement était à enflammer avec l’aide d’un génie. Malgré son statut de “petit jeu” fait par une équipe d’une vingtaine de développeurs, Concrete Genie dispose d’une réalisation remarquable. Même si l’on repère des textures pas toujours très détaillées et quelques étirements aux jointures des articulations, il faut reconnaître que le travail de PixelOpus est impressionnant. La qualité des effets spéciaux, la magie des peintures vivantes et la mise en scène qui n’hésite pas à coller les caméras près des protagonistes laissent une très bonne impression.
VR l’infini et au-delà ?
Concrete Genie dispose d’une expérience VR qui complète le titre d’origine. Elle invite le joueur à entrer dans le monde du sidekick mignon qui équipe le sac du jeune Ash. Oubliez toute notion de challenge en équipant le casque de Sony, le mode PSVR du titre conçu par PixelOpus est un délire plus contemplatif que technique. Dans un univers en 3D, il est tout simplement demandé de façonner le monde grâce aux PS-Move en fonction des demandes du petit génie. Un arbre par-ci, un feu par-là, une nuit étoilée au-dessus, des plantes au-dessous, et le tour est joué ! Sur la version testée, il était surtout dommage de constater que les éléments disparaissaient petit à petit afin de libérer de la mémoire.
Concrete Genie semble disposer de toutes les nuances nécessaires à l’élaboration d’un tableau doté d’une jolie profondeur. Si l’aspect exploration paraît pour le moment plutôt simple, les mécaniques liées aux génies à dessiner promettent des phases intéressantes, voire touchantes. La bonne variété de ces premiers instants de jeu ainsi que la réalisation exemplaire prouvent que le petit studio de PixelOpus est à deux coups de pinceau d’accoucher d’une grande œuvre. Concrete Genie sortira sur PlayStation 4 le 9 octobre 2019 au prix de 29,99 euros.