Supermassive Games intégrait le cercle fermé de l'horreur vidéoludique en 2015 avec l’aventure narrative Until Dawn. C’est désormais sous la houlette de l’éditeur Bandai Namco que ce studio britannique réitère l’expérience 4 ans plus tard. The Dark Pictures se définit comme une anthologie horrifique dont le premier épisode intitulé Man of Medan accostera sur nos rives fin août 2019.
The Dark Pictures Man of Medan : Les impressions de la rédaction
Lors d’un événement organisé par l’éditeur Bandai Namco à Paris, nous avons pu en apprendre plus sur le jeu de Supermassive Games et plus particulièrement sur sa vision multijoueur de l’horreur lors d’une session découverte des 90 premières minutes de The Dark Pictures : Man of Medan.
Un cri dans l’océan
“Ce n'est pas une défaillance de votre téléviseur, n'essayez donc pas de régler l'image.” Qui se souvient encore aujourd’hui de La Quatrième Dimension (The Twilight Zone), Au-delà du réel (The Outer Limits) et Les Contes de la Cryptes (Tales from the Crypt) ? Ces séries passées à la postérité ont fait trembler en leur temps les fans d’épouvante. Et The Dark Pictures leur rend un vibrant hommage. Cette anthologie se compose de plusieurs épisodes indépendants au casting, à l’univers et au sous-genre horrifique différents, mais liés entre eux par un mystérieux conteur. Ce Conservateur d’Histoire, comme il aime se présenter, plonge les joueurs dans les eaux de la polynésie française. Man of Medan peut débuter.
Inutile de témoigner en faveur de la plume de Supermassive Games. Celle-ci a montré ce dont elle était capable avec Until Dawn et n’a rien perdu ni de son savoir-faire ni de sa précision bien au contraire. Les scénaristes dépeignent les vacances pas si tranquilles d’un groupe hétéroclite de jeunes adultes au beau milieu de l'océan Pacifique sud. Et le séjour va tourner court pour nos 5 protagonistes. L’atmosphère chaleureuse des premiers instants laisse place à la froideur d’un bâteau fantôme et à l’urgence d'une situation chaotique qui mènera nos héros à se révéler.
La mise en scène et les dialogues ciselés participent grandement à nous immerger dans ce récit puisant aux sources de l’horreur. Le studio ne force jamais sur les Jump Scare pour imposer une peur de façade. Ce dernier préfère distiller l’effroi une séquence après l’autre et s’insinuer discrètement partout et de tout temps. Le rythme lui-même joue avec nos nerfs et sait faire une pause quand cela est nécessaire afin de mieux nous surprendre quelques minutes plus tard. Certes, Supermassive Games utilise des ficelles connues de tous, mais avec la manière et un timing qui force le respect. Cette narration horrifique nous prend aux tripes pour nous entraîner dans les profondeurs de Man of Medan.
Ce premier épisode de l’anthologie The Dark Pictures, aussi photoréaliste soit-il, ne peut échapper à l’effet Uncanny Valley (ou Vallée Dérangeante) inhérent aux productions du studio. Par instant, l’humanité des personnages semblent s’évaporer et ne laisser qu’une coquille vide. Un regard vide, une expression faciale étrange, un mouvement inhumain… nous rappellent l’état de pixels de ces êtres pourtant crédibles la majorité du temps grâce à un jeu d’acteur convaincant. De plus, les contrôles approximatifs et la lourdeur des déplacements au sein des environnements ne plaident pas en faveur de ce réalisme tant recherché. Néanmoins, cela ne ruine en rien l’expérience de jeu et le plaisir de découvrir les mystères engloutis au fin fond de l’océan Pacifique sud.
Man of Medan : le trailer d'Halloween
Le duo maudit
The Dark Pictures n’a pas pour prétention de surprendre par ses mécaniques de gameplay. Les aventures narratives répondent à certaines prérogatives et suivent les règles d’un genre extrêmement codifié. Nous retrouvons dans Man of Medan les traditionnelles actions contextuelles (ou QTE pour Quick Time Event) et les discussions à choix multiples. Par leurs actes et leurs choix, les joueurs influent sur le déroulement de l’histoire, sur les relations entre les personnages, et en assument les conséquences. Supermassive Games en rajoute une couche et prend un malin plaisir à taquiner notre moralité. Cette boussole éthique perd vite le nord en cas de stress, laissant nos instincts primitifs supplanter la raison sociale. Le gameplay de Man of Medan mise sur l’efficacité au détriment de l’innovation. Enfin… c’est ce que nous serions tentés de croire.
The Dark Pictures conservait jalousement une feature qui plaira aux amateurs de coopération. Jouable en solo ainsi qu’à plusieurs (de 2 à 5 joueurs) en local, Man of Medan se dote d’un mode coopératif en ligne. “Histoire partagée” invite ainsi deux joueurs à vivre en parallèle les deux points de vue d’une même aventure. Certaines scènes sont donc uniques à l’une ou l’autre des deux trames. Mais l’impact sur l’histoire est lui bien réel et modifie en profondeur une expérience de jeu déterministe. Les choix d’un partenaire d’infortune pousse les joueurs à douter, s’entraider, se remettre en question, trahir… bref agir pour simplement survivre. Et le résultat est à la hauteur de la surprise. L’horreur selon Supermassive Games prend tout son sens à plusieurs… surtout seul devant son écran.
The Dark Pictures : Man of Medan titille notre curiosité de la meilleure des manières. Ce jeu d’horreur, loin de se reposer sur le savoir-faire de Supermassive Games, tente de surpasser en terme de narration et de réalisation les précédentes productions du studio. Mieux encore, la coopération en local, mais surtout en ligne, s’invite à bord. Cet ajout de taille devrait pimenter à n’en pas douter une aventure contée par les joueurs eux-mêmes.