En 2008, Codemasters offrait un héritier à TOCA avec Race Driver : GRID, premier épisode d’une sympathique série de jeux de course, portée disparu depuis 2014. Il faut dire qu’après GRID : Autosport, on ne pensait pas revoir la série, a fortiori parce que le studio n’a pas chômé ces dernières années ; on serait donc tenté de penser que les cartons de Codemasters sont déjà bien encombrés. Et pourtant, regardez ce qui débarquera le 11 octobre prochain : un certain GRID, justement. Il fallait qu’on vérifie ça de nos propres yeux.
Notre vidéo-preview de GRID
Nous nous sommes rendus dans les locaux parisiens de Koch Media pour essayer GRID pendant environ 2h30. La démo tournait sur PC. Précision utile : nous avions déjà joué à GRID à l’occasion de l’E3 2019 mais la démo présentée ce jour-là était trop limitée pour donner lieu à un article pertinent.
GRID a toujours eu le fessier coincé entre deux chaises. Si la position n’a jamais mis en valeur qui que ce soit, le jeu de Codemasters avait pourtant réussi à trouvé un équilibre, entre simulation grand public et arcade décomplexée. Un placement pas évident, pour une proposition qui pouvait potentiellement diviser les joueurs. Pourtant, Race Driver : GRID et sa suite avaient plutôt bien fonctionné, preuve que le public avait été séduit par la formule. Aujourd’hui, alors que le jeu de course automobile devient de plus en plus niche et qu’en dehors des AAA du genre ou des simulations hyper pointues, plus rien ne semble pouvoir se vendre, Codemasters tente à nouveau sa chance. Après tout, pourquoi pas : il y a probablement des personnes à la recherche d’un titre accessible, qui tire son imagerie des sports mécaniques. On peut avoir envie de faire des tours de Silverstone sans passer son temps à tenter de dompter son bolide, se dit-on raisonnablement. C’est d’ailleurs le mot d’ordre de ce GRID 2019, comme nous l’expliquait un membre du studio : « On veut que le joueur passe plus de temps à essayer de battre les autres concurrents, qu’à se battre contre sa propre voiture. » Une démarche qui s’entend et qui se respecte, encore faut-il que cela soit fait correctement. Mais après tout, il s'agit de Codemasters : les gaillards en connaissent un rayon sur le sujet.
Une belle variété
Nous avons commencé notre essai en nous dirigeant tout de suite vers le mode Carrière de GRID, véritablement le cœur du jeu, puisque c’est là qu’en un clic ou deux, l’on peut accéder à pléthore de courses différentes. La Carrière de GRID ne s’embarrasse pas de règles trop compliquées, c’est le moins que l’on puisse dire : terminer une course pour accéder à la suivante. Voilà, c’est à peu près tout ! Il n’est pas nécessaire de gagner, ni même de terminer sur le podium, pour progresser. L’idée, c’est que le joueur puisse accéder rapidement à un maximum d’épreuves, sans avoir à recommencer la même course en boucle, pour obtenir le précieux sésame. Sur le papier cela peut paraître un peu étonnant mais dans les faits cela fonctionne plutôt bien : les perfectionnistes et les collectionneurs pourront farmer les mêmes championnats à leur saoul, tandis que les autres pourront progresser plus rapidement. Évidemment, obtenir des premières places permettra de débloquer plus d’argent et donc acheter plus de voitures ou de stickers pour celles-ci, mais on ne peut pas tout avoir. Si certains estimeront peut-être que le jeu est trop bienveillant à l’égard des débutants, ce choix a le mérite d’être en alignement parfait avec la philosophie du jeu : tout le monde doit pouvoir y trouver son compte.
La Carrière propose différents types d’épreuves, réunis dans plusieurs catégories. C’est ici assez classique, avec des courses de muscle cars américaines, de petites compactes sportives, de GT3, de monoplaces… On trouve même une catégorie "Tuner", qui regroupe essentiellement des voitures japonaises hyper modifiées. Toutes ces disciplines ont toutefois en commun un amour évident pour le spectacle. L’IA a été pensée de telle sorte à venir challenger régulièrement le joueur, avec un système dynamique de rivaux, tandis que les accidents sont plutôt fréquents. C’est très hollywoodien, parfois un peu trop mais le moins que l’on puisse dire, c’est que les courses sont vivantes et que les retournements de situation sont nombreux. Et l’on retrouve la même ambiance en course de rue que lors des courses de GT ; cela surprend un peu mais on finit par s’y habituer, cela donne clairement à ce GRID une petite touche très personnelle qui est appréciable. Au diable le réalisme !
Bref, vous l’aurez compris, il y a du choix et GRID a, sur le papier, tout le nécessaire pour proposer au gamer une expérience riche et palpitante. Cette Carrière est plutôt séduisante et on a apprécié la variété de bolides à disposition (une soixantaine dans le jeu final), tout comme le nombre de destinations (une quinzaine) et les nombreux tracés que le jeu propose. Comme pour les voitures, il y a un peu de tout, avec quelques circuits officiels (Brands Hatch, Silverstone…) et des circuits inventés de toute pièce, certains étant installés dans quelques destinations touristiques de premier choix (Shangai, Barcelone, San Francisco…). En conséquence de quoi, le jeu se renouvelle assez régulièrement, y compris sur l’aspect visuel. Le jeu n’est pas franchement joli mais la direction artistique est plutôt soignée et les environnements sont bien remplis, ce qui crée un certain équilibre. En somme, et sans mauvais jeu de mots, tout semble rouler pour ce GRID millésime 2019. Mais ce serait omettre un segment important du titre : la conduite.
Une conduite qui pose question
Dès ses origines, GRID a tenté de satisfaire les amateurs de conduite arcade, et les joueurs à la recherche d’un peu de précision, de réalisme. Néanmoins, après ce second essai, on n’est toujours pas convaincu par ce que propose le nouvel opus. Ce n’est pas que GRID soit trop accessible, ou trop technique : dans l’absolu, il suffit de jouer avec les aides à la conduite pour customiser son expérience de jeu. De quoi trouver son bonheur ? Pas forcément. Cette plus longue session a confirmé ce que l’on avait remarqué à l’E3, à savoir un manque de cohérence dans les réactions des voitures. Quel que soit le niveau de difficulté choisi, le jeu donne l’impression d’être assez facile à prendre en main : sauf exception les autos chahutent assez peu le joueur. Alors, à moins d’enfoncer l’accélérateur comme une brute en sortie de virage, il est difficile de perdre le contrôle de son auto, même lorsque toutes les aides au pilotage ont été désactivées. Le souci, c’est que les voitures de GRID ont tendance à sur-virer un peu n’importe quand, sans grande logique, de quoi créer quelques mauvaises surprises. Un comportement erratique qui finit par se montrer désagréable et frustrant, puisqu’on a du mal à prédire comment va réagir son auto. Cela peut résulter en sortie de piste bien entendu, mais aussi en collisions, et ces dernières ne pardonnent pas. Même avec les aides à la conduite activées au maximum, on finit par se montrer très prudent : autant dire que si Codemasters voulait que l’on passe moins de temps à se battre contre notre propre voiture, c’est loupé. Rarement un jeu de course ne nous aura autant piégé ces dernières années, ce qui est quand même un peu paradoxal.
Pour rajouter à notre frustration, on a vite remarqué que l’IA n’avait aucune pitié. C’est un sujet que nous avons abordé avec Codemasters et il semblerait que certains problèmes soient déjà connus, et soient en cours de correction. Espérons qu’à la sortie du jeu, cela fonctionnera puisqu’en l’état, l’IA est sacrément agressive, même en Facile. Capable de ré-accélérations fulgurantes en sortie de virage, elle n’hésite pas à venir s’essuyer sur les ailes du joueur dans les virages. Un vrai problème puisque les chocs sont nombreux et rarement (sinon jamais) à l’avantage du joueur. Là encore, Codemasters en a conscience et un patch existerait déjà, en interne. Celui-ci devrait notamment réduire l’influence des contacts sur le comportement de la voiture contrôlée par le joueur. Ce ne sera pas du luxe.
Difficile d’avoir un avis catégorique sur ce GRID qui, s’il propose quelque chose d’intéressant sur le papier, n’a pas vraiment réussi à nous convaincre, la faute à une technique défaillante. Entre la physique des véhicules et les soucis d’IA, l’expérience en conduite n’était pas franchement agréable. La bonne nouvelle, c’est que Codemasters a conscience des défauts qui entachent son jeu à l’heure actuelle ; on peut légitimement espérer que le studio, grâce à sa longue expérience, sera capable de corriger tout cela d’ici la date de sortie, fixée au 11 octobre 2019.