Un bruit dans le système de ventilation, une présence se fait ressentir. Des expériences étranges se déroulent dans cet immense complexe scientifique. Le bruit s'intensifie, visqueux, organique, menaçant. Soudain, une chose difforme surgit du plafond, tentacules en avant et tout devient noir. Sauf que cette créature, c'est vous ! Carrion se présente en effet comme un Metroidvania en 2D dans lequel la notion d'horreur est inversée. Nous ne campons pas un héros, ni un scientifique à lunette en combi orange armé d'un pied-de-biche, mais une créature de chair avide de violence et de liberté. Fruit du travail de la petite équipe Polonaise de Phobia Game Studio, supportée par Devolver à l'édition, le concept original de Carrion nous a agrippé lors de cet E3 2019.
Trailer E3 2019 Carrion
The Thing
Que diriez-vous d'incarner une créature rampante, organique et un peu dégueue pour semer le chaos dans les dédales d'un immense complexe scientifique ? Carrion débute à la manière d'un film d'horreur avec le dysfonctionnement d'une cuve dans un mystérieux labo souterrain. Des tentacules émergent, une forme étrange tombe au sol et nous voilà déjà aux contrôles de cette bête de cauchemars. Libérée, délivrée, notre créature peut désormais tenter de s'échapper de son immense prison, non sans tout ravager et dévorer sur son passage !
Carrion reprend à son compte les codes du Metroidvania avec sa construction basée sur la récupération de différentes capacités utilisées à la fois pour semer la terreur et progresser dans le complexe. Nous avons posé les mains sur le jeu durant une trentaine de minutes au cours desquelles nous sommes tombés sous le charme du concept original, sombre et poisseux du jeu. Le retournement de situation fait mouche et confère de très bonnes sensation de jeu portées par une horreur organique à la The Thing et la jouissance d'incarner une menace surpuissante à la Predator.
Notre créature n'est pas un tas de chair inactif, elle se déplace rapidement, se colle au plafond grâce à ses tentacules, ouvre des conduits d'aération, défonce des portes et instaure la terreur chez les scientifiques. Le feeling manette en main est de suite jouissif grâce à la combinaison d'une vitesse de déplacement élevée et d'une grande liberté dans les mouvements. Si notre créature débute avec une taille modeste, ses premiers festins sanglants de gardes apeurés accroissent peu à peu son volume corporel. La chose difforme est porteuse d'une corruption à l'aspect grouillant et tentaculaire qu'elle doit propager dans les sombres salles de l'installation via différents nœuds organiques faisant par la suite office de checkpoints. En quelques minutes, la bête a déjà quadruplé de volume, nourrie par les cadavres des agents de sécurité et par l'aspiration de différentes ressources.
La menace tentaculaire
Telle une Samus, mais en plus rampante et maléfique, on récupère en cours de route de nouvelles mutations à utiliser ensuite pour progresser ou combattre. La première est une projection de matière organique capable d'empaler les ennemis, mais aussi d'actionner certains mécanismes à distance. On enchaîne par un violent dash vers l'avant très utile pour écraser du gentil et défoncer des portes. Plus tard, c'est une invisibilité temporaire qui rejoint la panoplie de nos actions, une compétence alimentée par de l'énergie à accumuler auprès de transformateurs électriques.
Toutes ces capacités débloquent l'accès à des salles plus reculées du complexe où l'on finira nécessairement par en trouver de nouvelles pour toujours mieux avancer et répandre le chaos. Attention toutefois, si Carrion transmet un sentiment de puissance instantanée, notre créature n'en est pas pour autant invulnérable. Les différents gardes sont armés de pistolet ou de lance-flamme et des tourelles de sécurité n'hésiteront pas à vous faire goûter à une bonne volée de plomb. Chaque dégât encaissé réduit endommage la structure physique de la bête et réduit sa taille, la privant par la même occasion de certaines des capacités acquises précédemment. Il est donc nécessaire de faire preuve de rapidité dans l'exécution de ses déplacements ou attaques et d'aller se régénérer à intervalle régulier auprès des grosses cellules souche. Certains passages sont d'ailleurs inaccessibles si la bête est trop volumineuse, obligeant alors le joueur à s'infliger des dégâts pour progresser.
L'exploration repose sur des mécaniques de puzzle comme l'ouverture de portes associées à des leviers et sur des allers-retours liés à l'utilisation réfléchie de nos techniques. L'équilibre entre la puissance de la créature et les dangers de cette zone est bien dosé ; Carrion est porté par une ambiance sombre et glauque en pixel art agréable à l'œil et lisibles. Selon les déclarations de sa petite équipe de développement, le jeu devrait nous réserver d'autres surprises et entend laisser planer le doute sur les motivations et les origines de la créature incarnée. Un mot enfin sur le sound design du jeu qui retranscrit avec réussite les déplacements visqueux de la chose et la réverbération des cris dans les salles métalliques du complexe
Retrouvez toutes les infos de l'E3 2019
En plongeant le joueur dans le rôle de la créature organique tapie dans l'ombre, Carrion inverse les enjeux du jeu d'horreur traditionnel. Les possibilités offertes par un tel retournement de concept donnent naissance à un Metroidvania cauchemardesque au plaisir immédiat et aux mécaniques intelligentes. Une très bonne surprise de cet E3 2019 dans laquelle nous avons déjà hâte de ramper et de semer le chaos lors de sa sortie prévue quelque part en 2020 selon ses développeurs.