Depuis son annonce à l'E3 2018, Control de Remedy continue d'intriguer avec son monde fait de briques mouvantes envahi par des puissances démoniaques. À l'approche de sa sortie officielle, nous nous sommes introduits dans les couloirs hantés de l’Oldest House à la recherche de réponses. Le studio finlandais est-il toujours maître des séquences d'action saupoudrées de narration ? Contrairement à l'héroïne du jeu, le doute plane de moins en moins.
Control : Nos impressions en quelques minutes
Lors d'un Press Tour organisé par 505 Games à Londres, nous avons pu jouer pendant une heure à la démo E3 2019 de Control.
Un feu de Jesse
Cette nouvelle démo nous met une fois de plus dans la veste saillante de Jesse, interprétée par Courtney Hope, à savoir Beth de Quantum Break. Dans ce jeu d’action à la troisième personne, l'héroïne court, plonge, tir, lévite, et utilise des pouvoirs télékinésiques destructeurs. Elle est en effet capable d’effectuer une charge mortelle au corps-à-corps, ou encore d’attirer un objet du décor afin de mieux le propulser à la trogne d’un adversaire. Des capacités qui peuvent rappeler des titres comme Second Sight ou Psi-Ops. Après quelques minutes sous le feu ennemi, la maniabilité expose sa grande efficacité : il est aisé de faire exactement ce que l’on souhaite exécuter. De ce fait, les rencontres se transforment en jolies chorégraphies où les piliers se cassent façon Matrix tandis que le moteur physique gère avec précision le chaos engendré par les pouvoirs utilisés. Il est véritablement satisfaisant d’atteindre un monstre au loin en lui envoyant un bloc de béton dans les gencives, tordant les barrières de protection à son passage et faisant chuter des objets métalliques à son point d’impact. La télékinésie est puissante, et l’utiliser vide une jauge qui se recharge, heureusement, rapidement. Même si les objets qu’il est possible de déplacer revêtent un filtre blanc lorsqu’ils sont dans le champ de vision du joueur, il n’est pas nécessaire de scruter l’environnement pour en dénicher. Un simple maintien de la gâchette droite attire tel un aspirateur le bibelot le plus proche, ce qui facilite grandement les affrontements.
Sur son CV, la jeune cadre dynamique peut ajouter qu'elle sait gérer les situations stressantes. Jesse n'est pas une bureaucrate. Elle, son truc, c'est l'action. Déjouer les règles de la gravité, c’est bien, mais faire parler la poudre avec gravité, c’est mieux ! L’héroïne possède pour cela une arme un peu spéciale proposant deux formes personnalisables, interchangeables à tout moment. Il incombe au joueur de confectionner le joujou de ses rêves en équipant les modifications débloquées (plus de stabilité, plus de dégâts, etc.) en fonction du niveau de l’arme (qui détermine le nombre de slots). Il est appréciable de voir que cette dernière ne se recharge pas avec des munitions classiques. En fait, le joueur doit juste s’assurer que la jauge d’utilisation ne se vide pas complètement, jauge qui se remplit après quelques instants au calme. Un choix qui prouve bien l’orientation purement action du bébé de Remedy. Le personnage principal dispose lui aussi de compétences à ajouter, allant d’un boost de santé à l’amélioration de la stamina. Difficile en tout cas d’ignorer l’ombre de Quantum Break qui se cache sous Control. Manette en main, le ressenti est très proche. Jesse comme Jack montent sur les petits éléments de décor qui jonchent le sol, créant des animations quelquefois un peu farfelues. Le côté granuleux du moteur et les éléments graphiques de l’Oldest House qui paraissent provenir de Monarch Solutions accentuent cette impression.
Quantum Brique
À l’issue de notre heure de jeu passée sur Control, force est de constater qu’il s’agit sûrement d’un des projets les plus orientés “gameplay” façonnés par Remedy. En plus des armes personnalisables et la présence de modificateurs, les ennemis gagnent des barres de santé alors que la construction est moins linéaire qu’à l’accoutumée. L’Oldest House semble érigée comme un grand monde hub au sein duquel le joueur est amené à progresser. Nous sommes tombés (parfois littéralement) sur des missions annexes, tantôt sympathiques (de la plateforme dans un univers éthéré), tantôt anecdotiques (trouver et détruire des objets spéciaux). Il est encore difficile de déterminer la structure réelle de l’aventure ainsi que l’aspect narratif. Sur ce dernier point, les cinématiques sont pour le moment très classiques avec de nombreux champs-contrechamps pas très inspirés. Le mission design de la démo ne fait pas non plus dans l’originalité, Jesse ayant pour mission de réactiver la centrale électrique du bâtiment par l’intermédiaire de cubes d’énergie à encastrer dans des blocs d’alimentation. La présence de fast travel insiste sur l’aspect Metroidvania que le titre prétend arborer.
Les secrets du Bureau sont encore loin d’être révélés. Les murs formés de grosses briques se déboîtent puis s’encastrent pour former d’autres chemins, chemins menant de temps à autre à des créatures que l’on jurerait sortir de Resident Evil. Ne cherchez pas un univers plausible malgré la banalité des décors, Control ressemble en fait à un Quantum Break qui se déroulerait dans un épisode de Night Springs (Alan Wake). Nous n’avons rencontré aucune grosse difficulté durant notre court périple : la carte permet de se retrouver rapidement, et les ennemis succombent à la première chaise reçue. L’absence d’un niveau de difficulté supplémentaire pourrait se faire douloureusement ressentir auprès des habitués de la gâchette.
Retrouvez toutes les infos de l'E3 2019
Notre temps passé dans les dédales du Bureau nous a donné envie de signer pour des heures supplémentaires. Le titre de Remedy joue avec son intrigue aux multiples tiroirs comme les level designers s'éclatent à emboîter les briques qui construisent les niveaux. Les améliorations d'armes et de caractéristiques mettent en lumière un soft qui embrasse les codes du jeu vidéo malgré une orientation qui aurait pu être strictement narrative. Control semble bien parti pour guider nos pas, nous verrons si au final nous répondrons encore de nous lors de sa sortie fixée au 27/08/19.