Particulièrement populaire outre-Atlantique, la licence Paranoia est une référence du jeu de rôle papier. Peut-être un peu plus confidentiel chez nous, Paranoïa a cependant eu un impact réel sur des franchises telles que Fallout, autant en raison de ses mécaniques que de son humour corrosif. Le RPG devrait profiter aujourd'hui d'une mise en lumière plus appuyée avec Paranoia : Happiness is mandatory.
Trailer de Paranoïa : Happiness is Mandatory
L'Ordinateur est votre ami
Dans l'univers de Paranoia, la population vit dans un immense complexe isolé, sans avoir connaissance du monde extérieur, au même titre que le joueur qui ignore tout du contexte ayant conduit tant d'âmes à habiter dans ces conditions. L'endroit a pour particularité d'être surveillé en permanence par le Computer Friend, ou Ordinateur. La machine, si elle ne cesse de rappeler que « l'Ordinateur est votre ami », a pourtant la main un peu lourde sur les exécutions de ses citoyens dès lors qu'ils contreviennent à certaines règles élémentaires, comme celle d'être heureux ou propre sur soi, par exemple.
Au sein de cet univers particulier, les citoyens sont hiérarchisés par un système de couleur et n'auront accès qu'aux zones de leur couleur correspondante. De votre côté, vous incarnez un Troubleshooter, ou Clarificateur en français, qui est chargé de débusquer les différents membres des sociétés secrètes qui se sont développées à l'insu de l'Ordinateur. Le problème est que bien souvent, les Clarificateurs font également partie d'organisations illégales, et votre but sera de canaliser la méfiance de vos partenaires, tout en gardant un œil sur eux et, pourquoi pas, les dénoncer en cas de comportement suspect. Il en découle un RPG divisé en deux temps ; celui consacré au hub ou vous pourrez obtenir missions, quêtes secondaires, vous adonner à des interactions et préparer votre équipement, et celui de la mission à proprement parler. Avant de vous embarquer au combat, vous pourrez sélectionner 3 partenaires, dans un panel de 6, qui ont chacun dispose d'une spécificité, en sa qualité de Clarificateur. L'un est un agent du bonheur, l'autre de l'hygiène et chacun a une compétence liée à sa fonction. L'agent du bonheur pourra droguer ses adversaires tandis que celui de l'hygiène dispose d'un spray nettoyant particulièrement corrosif. Voilà qui donne le ton.
La pause active comme philosophie
Une fois arrivé en mission, Paranoia emprunte un système de pause active. Vous pourrez donc gérer le positionnement de votre escouade en activant la pause, vos ordres prenant effet une fois cette dernière désactivée. Les tirs de vos alliés comme de vos adversaires disposent de leur propre physique et pourront se heurter au décor si vous ajustez mal leur trajectoire. Avec un nombre de compétences limitées et une poignée de consommables permettant de booster provisoirement les compétences dans votre escouade, les combats nous ont paru simples, mais assez efficaces, sans que l'on ait pu pour le moment vérifier la technicité ou les impératifs tactiques des affrontements.
À l'exception d'une poignée de mutations possibles qui vous seront imposées en cas d'une mort qui vous laissera incarner votre clone, la personnalisation des personnages, en revanche, ne passera pas par un arbre de compétence touffu ou un panel de classes étendu. Paranoia semble avant vouloir miser sur une certaine accessibilité, tout en maîtrisant son histoire qui, si elle sera toutefois promise à plusieurs fins, vous placera tout de même sur des rails.
C'est essentiellement du côté de son univers que le titre nous a intrigués. Outre la volonté affirmée du développeur de restituer au mieux les mécaniques empruntées au jeu de rôle papier, c'est dans l'ensemble de son propos décalé que Paranoia pourrait se démarquer. Ouvertement absurde et orienté sur l'humour, le jeu dispose également d'un versant philosophique plus sombre. Il faudra par exemple à veiller à ne pas trop remplir votre jauge de suspicion, qui augmentera à mesure que vous ferez des actions contrevenant aux règles de l'ordinateur. Si elle arrive à 100 % vos propres coéquipiers vous prendront en chasse jusqu'à ce que mort s'en suive. Cependant, il sera possible, en faisant un tour dans un confessionnal, de répondre à quelques questions sur le Complexe et ses règles pour regagner la confiance de l'ordinateur.
D'autres petites mécaniques, comme le fait que, dans cet univers obsédé par la propreté, vous n'avez qu'un temps limité pour récupérer votre loot avant que des robots ne viennent nettoyer les sacs à butin nous ont plutôt séduits, par exemple. Le système de suspicion, s'il est bien exploité, pourrait s'avérer intéressant en vous contraignant, par exemple, à pirater le système de surveillance de certaines pièces pour vous soustraire à la vigilance de l'Ordinateur. Enfin, les dialogues semblent nombreux, dans la grande tradition du CRPG dont Paranoia s'inspire naturellement. Reste à savoir désormais si ces bases solides seront converties en un jeu qui le sera tout autant.
Avec son univers décalé, son design cartoon, ses combats a priori simples mais efficaces et son respect de la franchise Paranoia, le titre du même nom, à paraître dans le courant de l'année sur PC / PS4 et Xbox One, a le potentiel pour être une expérience à la hauteur de la licence dont il s'inspire, tout en adoptant une optique d'accessibilité. Ne reste plus qu'à attendre une présentation plus poussée pour savoir si ce terreau fertile donnera naissance à une expérience CRPG complète.