Mets un pouce bleu si tu cherches l'Arche

Même si l'épisode The Pre-Sequel ! date de 2014, les fans de la licence Borderlands attendent ce troisième épisode depuis maintenant bien des années. L'interlude assez oubliable Battleborn derrière lui, le studio Gearbox Software s'est remis au boulot sur sa bien-aimée franchise il y a un peu plus de quatre ans maintenant avec un objectif simple, celui d'offrir une suite capable de répondre aux (nombreuses) attentes des joueurs. Mais, alors, quelles sont ces attentes, qu'est-ce qui fait le charme d'un Borderlands demande-t-on aux développeurs durant notre session de jeu ? Pour eux, pas l'ombre d'un doute, Borderlands c'est un mélange entre des personnages forts, un univers barré, des quêtes mémorables, du solo autant que de la coopération et une irrépressible envie de toujours nous arroser de butin.

Borderlands, c'est le looter shooter que nous sommes beaucoup à avoir fait et refait, que ce soit pour incarner un nouveau personnage, écouter une fois de plus le Beau Jack nous parler de son canasson "Étalon du Cul" ou parcourir Pandore avec des amis et être le premier à looter les coffres. Autant dire qu'un certain poids pèse sur les épaules de ce troisième volet dont cette première session de gameplay nous permet d’affirmer une chose : Borderlands 3 reprend à son compte tout ce qui fait le charme de la série, améliore certaines de ses mécaniques et, pour tomber dans l'affirmation un poil clichée, se positionne d'avantage comme une évolution plutôt qu'une révolution de la formule établie ll y a maintenant presque dix années de cela.

Quoi que, la révolution est tout de même présente en jeu. Elle est même menée par les jumeaux Calypso, Tyreen et Troy, les deux nouveaux bad guys de Borderlands 3. Le duo hérite de la lourde tâche de passer après l'emblématique Beau Jack et compte sur un certain charisme maléfique pour séduire. On adore déjà les détester, eux que le studio a imaginé sur le modèle d'influenceurs obsédés par leur image, ralliant à leur cause les différents gangs de la galaxie, Mutants et autres Psychos devenus ici des followers aveuglés par le culte de leurs idoles. Le frère et la sœur semblent être obsédés par la quête des reliques extraterrestres et ouvrent pour ce faire différents postes de recrutement pour leur organisation nommée les Enfants de l'Arche (Children of the Vault en vo). C'est dans le but d'enquêter sur cette nouvelle menace que Lilith, la sirène du premier épisode, devenue depuis un personnage principal de la série, recrute de nouveaux chasseurs de l'Arche (c'est nous) et les envoie en mission sur Pandore.

Une suite plus nerveuse

Nous incarnons ainsi l'un des quatre nouveaux héros du casting : Zane, l'opérateur, Fl4k le chasseur robotisé, Moze la soldate au mécha et Amara, la sirène aux bras magiques et musclés. Pour les besoins de cette première démo, seuls les personnages de Zane et d'Amara étaient disponibles. Tout débute donc sur Pandore, comme à l'ancienne, face à une station Quick Change où personnaliser le look de son héros ainsi que ses emotes ou encore le skin de son appareil de suivi de quête. Cette première partie du jeu est surtout l'occasion de constater que s'il reste graphiquement assez proche de ses prédécesseurs, Borderlands 3 gagne en finesse d'affichage grâce à son passage sur l'Unreal Engine 4. C'est Claptrap qui sert comme à l'accoutumée d'accompagnateur d'infortune de notre phase de tutorial ; le petit robot se montre d'ailleurs toujours aussi barré, usant de tous ses talents pour une séquence d'infiltration à l'issue vous vous en doutez assez prévisible. La boîte de conserve est, en effet, capturée par les gardes d'un avant-poste des Enfants de l'Arche, ce qui offre une excellente occasion de se familiariser avec les nouveautés de déplacement et de combat de ce Borderlands 3.

Nos héros peuvent désormais effectuer une glissade après un sprint, et même s'accrocher à des surfaces élevées pour prendre un peu de hauteur. Deux améliorations synonymes d'un gain de dynamisme dans le mouvement et de possibilités accrues de placement stratégique. Les zones sont ainsi pensées afin de tirer partie de ces fonctionnalités et les points d'escalade, symbolisés par un marquage à la peinture jaune, pullulent dans les différents environnements visités. Si les combats de ce troisième épisode reprennent à leur compte la plupart des mécaniques de la saga, ils s'enrichissent de plusieurs nouveautés liées à la très nette augmentation de la personnalisation de nos héros et de nos armes. L'environnement joue toujours un très grand rôle dans l'action avec la présence de différents barils à faire exploser au moment opportun, des zones au sol qui réagissent à certains éléments pour causer d'important dégâts et un focus tout particulier sur les couvertures destructibles, qui forcent à la fois le joueur et l'ennemi à ne pas rester planqué indéfiniment derrière le même muret lors des gunfights. On bouge donc bien plus durant l'action, on se met à couvert uniquement s'il le faut et on n'hésite pas à profiter du retour de l'attaque lourde plongeante sur chaque classe, une fonctionnalité reprise de l'épisode The Pre-Sequel.

Une personnalisation encore plus poussée

Cette remise à jour du feeling des combats est accompagnée d'une augmentation significative des options de personnalisation de nos héros et de leurs armes. Un petit point sur le nouveau système de compétences s'impose donc ici. Si, tout comme dans les précédents épisodes de la saga, nos chasseurs de l'arche sont équipés d'une compétence active soumise à un temps de rechargement, Borderlands 3 marque l'arrivée de variantes pour nos capacités. Chacun des trois arbres de talent des personnages débute par une compétence active spécifique à customiser par la suite grâce à l'aide de différents emplacements d'effet. Amara la sirène est par exemple capable de faire jaillir un poing magique du sol afin d'immobiliser ses ennemis. Mais cette technique peut être par la suite améliorée par différents effets passifs qui lui ajouteront des bonus de dégâts, de soin, d'effets d'éléments, etc. Ce poing n'est pas la seule technique disponible pour le personnage et le joueur peut à tout moment choisir de la remplacer avec l'une des deux autres capacités disponibles. Amara est alors capable de projeter une manifestation énergétique face à elle ou bien de mettre à profit la force brute de sa magie pour bondir et écraser ses ennemis dans un fracas de poings psychiques.

De son côté, Zane possède l'avantage de pouvoir équiper deux capacités actives en même temps au prix néanmoins du sacrifice de son emplacement de grenade. Le personnage est le maître des projections holographiques et autres matrices défensives, il peut déployer un double de lui-même afin de leurrer l'adversaire, envoyer son drone attaquer les ennemis ou bien activer un mur défensif que seules les balles de ses alliés peuvent traverser. Gearbox nous précise que ce large éventail d'options dans les builds offrira plus de diversité d'approche des situations de jeu et permettra à deux joueurs d'une session coop d'incarner le même personnage sans pour autant tenir le même rôle au combat. Si cet ajout se montre bienvenu, on aurait apprécié retrouver les deux emplacements de techniques actives sur tous les personnages, ce qui aurait conduit a encore plus de flexibilité et de fun dans le gameplay,

Il me faut du loot, du loot !

Vous pensiez que Borderlands 2 était déjà très généreux question butin ? Attendez un peu de voir ce que ce troisième épisode vous réserve... Les différents constructeurs sont de retour avec plusieurs surprises dans les pages de leurs catalogues. Au rayon des nouveautés les plus marquantes, l'arrivée des armes à effet modulable risque de chambouler nos habitudes. La plupart des pétoires lootées durant cette démo possédaient deux modes de tirs spécifiques ou bien deux effets élémentaires séparés. D'une simple pression, le joueur alterne entre ces modes et ouvre de toutes nouvelles perspectives de combat. Un fusil sniper se transforme en fusil à pompe, passant d'une arme à longue distance en un puissant outil de combat rapproché ; une SMG aux dégâts corrosifs se mute en arme électrique en une seule pression, offrant alors plus de possibilités face aux boucliers ennemis.

Les exemples de ce type sont légion et s'ajoutent à une foule de nouveautés concernant les effets de notre armement. On notera ainsi l'arrivée de l'élément radioactif, remplaçant du Slag, dont l'effet provoque des dégâts sur la durée sur l'ennemi et déclenche une explosion de zone à la mort de ce dernier. Des missiles dirigés par laser, un fusil d’assaut à balles à tête chercheuse en référence directe au ZF1 du film Le Cinquième Élément, des armes à refroidir à l'aide d'un pistolet à eau (oui oui), d'autres qui se transforment en tourelle autonome lors du rechargement, le département armement de Gearbox n'a pas chômé et nous livre un titre dont le loot agit une fois de plus comme une véritable plus-value pour le fun et la richesse du gameplay. Ah oui, au passage, certaines armes gagnent bel et bien des jambes lorsqu'elles sont rechargées et les voir courir dans tous les sens pour shooter à vue est une chose assez hilarante.

Vers d'autres mondes

Passé cette phase d'introduction musclée sur Pandore, Borderlands 3 dévoile son autre atout de choc, Sanctuary III, le nouvel HUB central du jeu. Un HUB central nommé Sanctuary ? Quelle originalité me direz-vous ! Sauf que cette ville n'est pas qu'un simple lieu de rencontre avec une farandole de PNJ emblématiques de la saga, c'est aussi votre vaisseau spatial ! Le titre lève en effet la tête vers les étoiles et conduira le joueur à explorer de nouveaux mondes aux quatre coins de la galaxie. Toute la progression scénaristique de ce troisième volet est donc articulée autour de cet astronef qui, s'il ne peut pas être piloté par le joueur, sert de point d'outil de voyage à destination de planètes inédites où se lancer à la recherche de nouvelles Arches.

Beaucoup de choses se passent à Sanctuary III et la ville est peuplée de têtes connues par les amateurs de la licence. Moxxi nous attend derrière son comptoir en face de ses machines à sous, Earl le Dingue vend des babioles rares contre notre éridium, Marcus y refourgue des améliorations d'armes et de sac à dos, Sir Hammerlock nous envoie chasser des créatures rares pour décorer son boudoir avec différents trophées. Le vaisseau sert donc tout autant de quartier général personnalisable au joueur avec une zone privée à décorer à sa guise, de HUB scénaristique, et de points de relais entre les différentes planètes du jeu.

Nous nous sommes d'ailleurs posé sur l'une d'entre elles, Prométhea, dans les rues de Meridian, une immense métropole futuriste, siège d'Atlas, désormais envahie par les publicités du constructeur Maliwan. Le joueur y fait la connaissance de Lorelei, nouvelle arrivée au casting, un personnage bien badass qui ne crache pas sur une bonne tasse de café et un bon burger comme nous l'apprendrons via quelques missions annexes. Chaque planète devrait disposer de son propre environnement et être divisée en plusieurs zones à visiter. La construction de ces mondes reste assez classique pour les habitués de la franchise avec une trame scénaristique principale entrecroisée de plusieurs missions secondaires à l'écriture toujours aussi déjantée.

Ces zones s'explorent soit à pied, soit grâce à plusieurs véhicules eux aussi très personnalisables grâce à l'arrivée d'un système de collecte de pièces détachées lors de la capture et la revente de véhicules ennemis. Le Cyclone, sorte de monocycle léger, fait son apparition ; il offre un compromis intéressant entre mobilité et puissance de feu et semble tout recommandé pour les déplacements en milieu étroit. La mobilité des véhicules, tout du moins en ce qui concerne les contrôles à la manette (imposés pour cette démo) n'est pas encore optimale et souffre de lourdeurs que l'on espère voir corrigées pour la sortie du jeu.

Préparez-vous à croiser quelques têtes connues à Meridian, un certain Rhys patron d'Atlas issu du très recommandable Tales from the Borderlands de feu Telltale, bien décidé à reprendre sa planète du joug de Maliwan et au coeur de la campagne de Prométhea. Il nous demande d'aller causer un peu de grabuge dans les réserves de son rival avec l'aide précieuse d'un assassin assez connu de Borderlands 2, à la personnalité... cryptique. Borderlands 3 sait mettre les formes autant dans les retrouvailles avec les personnages clés de son casting que dans ses introductions de boss, que l'on nous promet encore plus nombreux que par le passé. Notre petite virée urbaine s'est d'ailleurs conclue par un combat contre Megamind, un super cerveau cybernétique du futur à la matière grise pleine d'informations de premier ordre sur les petites affaires louches de Maliwan. Notez au passage que de nombreux PNJ vous accompagneront au fil des quêtes, des IA désormais aptes à vous relever en cas de mise à terre, même si la mécanique du second souffle continue aussi de fonctionner.

Et la coopération dans tout ça ?

Pour beaucoup, l'expérience Borderlands est indissociable du jeu en coopération. La licence a toujours mis en avant cette feature et souhaite franchir une étape de plus avec ce troisième épisode. Gearbox a en effet planché sur deux fonctionnalités optionnelles pour l'occasion : le loot instancié et le l'équilibrage automatique du niveau du jeu. Qui n'a jamais pesté sur un « ami » lorsque, face à l'ouverture d'un coffre, ce dernier se jette littéralement sur le loot avant même de savoir si l'objet en question n'aurait pas mieux fait de revenir à un autre joueur ? L'arrivée de l'option de butin instanciée permet désormais à chaque membre d'un groupe de ramasser son propre butin dans Borderlands 3.

Les différents objets et armes sont donc dupliqués en autant d'exemplaires que de joueurs et leurs statistiques adaptées au niveau de chaque membre de l'escouade. Cette option est secondée par celle de l'équilibrage automatique (et toujours optionnel) du niveau des ennemis en fonction de celui des joueurs. Ainsi, un joueur de niveau 35 peut, par exemple, rejoindre la partie d'un joueur de niveau 10 tout en bénéficiant d'un challenge et de butins adaptés à son niveau. Peu importe leurs progressions respectives dans le scénario, les dégâts effectués et la vie des ennemis seront différents pour chaque joueur présent dans l'équipe de sorte que la coopération soit plus que jamais aisée pour tout le monde si votre groupe décide d'activer ces deux options. Il est tout à fait possible de profiter d'une expérience coop "à l'ancienne" si ces fonctionnalités ne vous plaisent pas.

Un mot pour conclure sur l'aspect technique de cette démo ; si le moteur graphique fait des progrès, notamment au niveau des effets d'éclairage et de destruction en temps réel des décors, l'écart avec un Borderlands 2 n'est pas flagrant au premier coup d’œil. Nous avons rencontré des chutes de framerate, notamment sur notre session avec Amara et plus particulièrement lors des combats contre plusieurs adversaires en même temps. Gageons que la version de sortie du titre n'héritera pas des mêmes soucis grâce à la mise à disposition de pilotes graphiques adaptés au jeu.