Après avoir réussi à se faire une place dans le milieu pourtant très exigeant des simulateurs automobile, du sim-racing et de l’e-sport automobile, les Italiens de Kunos Simulazioni entendent bien remettre le couvert avec Assetto Corsa Competizione. Un nouveau titre, une nouvelle forme de compétition, un nouveau moteur… mais toujours la volonté de proposer la simulation auto la plus pointue du marché.
Notre vidéo-aperçu de Assetto Corsa Competizione
Nous avons été invités par 505 Games et Kunos Simulazione à un événement presse, organisé à l’Autodromo Nazional di Monza. À quelques mètres de la pitlane de Monza, nous avons pu découvrir Assetto Corsa Simulazione dans une version PC « presque définitive », selon les mots des développeurs. Nous avons pu jouer environ 4h, dans une configuration plutôt confortable : siège baquet, pédalier et volant, écran 21/9.
C’est donc au temple de la vitesse, sur le légendaire circuit de Monza, que nous avons pu découvrir la toute dernière version d’Assetto Corsa Competizione. Pour l’occasion, Kunos Simulazioni et 505 Games avaient fait les choses en grand, puisque outre un bon nombre de journalistes européens, le duo avait également fait venir plusieurs de ses partenaires (Sparco, Pirelli, AK Informatica) ainsi que Stéphane Ratel, le patron de SRO. Au cas où vous l’auriez oublié, Assetto Corsa Competizione est le jeu officiel des Blancpain GT Series, organisées par la SRO ; cette dernière était d’ailleurs très fier de présenter par la même occasion son SRO E-sport GT Series, une compétition e-sport qui se déroulera sur Competizione. La boucle est bouclée.
Le jeu officiel des Blancpain GT Series
Expédions rapidement la question avant de nous atteler aux vrais sujets. Oui, en sa qualité de jeu officiel des Blancpain GT Series, Assetto Corsa Simulazione possède toutes les licences nécessaires à l’immersion des plus grands fans de la compétition. Toutes les équipes, toutes les voitures, tous les pilotes, tous les circuits sont là. Le choix de la compétition n’est pas anodin, puisque selon le patron de Kunos, les fans demandaient depuis un moment déjà un jeu axé sur les courses de GT3. On parle ici de voitures à la fois puissantes et légères, qui sont donc particulièrement amusantes à conduire ; mais surtout, les bolides affichent des performances assez similaires, ce qui peut créer un suspense bienvenu dans un jeu de ce genre.
Si côté voitures, nous n’avons pas trouvé grand-chose à redire (et pour cause : les voitures que nous conduisions dans le monde virtuel étaient garées, dans le monde réel, à quelques mètre de nous), le joueur peu initié aux spécificités des Blancpain GT Series pourra sans doute reprocher au titre un nombre assez limité de circuits. Zolder, Monza, Brands Hatch, Silverstone, Paul Ricard, Misano, Spa-Francorchamps, Barcelone, Hungaroring et Nüburgring, c’est effectivement assez peu ; d’autant qu’on a remarqué l’absence du circuit hollandais de Zandvoort, pourtant au programme du championnat pour cette saison 2019. À l’inverse, le jeu permet d’aller user ses pneus sur Zolder alors que le circuit a quitté la compétition tout récemment. Peut-être que Kunos manquait de données sur Zandvoort et a préféré faire l’impasse, du moins pour le moment.
Nonobstant ce petit manquement, le reste est hyper fidèle, et les différentes voitures (Aston Martin, Ferrari, Lamborghini, Porsche, Audi, Lexus, BMW, Mercedes, Bentley…) impressionnent de par leurs modélisations. Techniquement, Kunos est encore loin de faire jeu égal avec les cadors du genre, mais le fan de GT ne pourra que saluer le respect et l’amour qui suintent de chaque bolide du jeu. Chez Kunos Simulazione, on est amoureux de sport auto et ça se sent.
Nouveau moteur, nouveau jeu ?
Afin de conserver le même niveau d’excellence qui avait fait la réputation du premier Assetto Corsa, Kunos Simulazioni a fait le pari, plutôt courageux, de construire son Competizione à zéro. Histoire de repartir sur des bases plus saines, mais aussi d’améliorer tout ce qu’il y avait à améliorer. Un travail pas évident, qui a été compliqué par un changement de technologie de première importance : les équipes ont décidé d’abandonner le moteur de jeu maison, pour adopter l’Unreal Engine 4. Malgré sa souplesse et sa facilité d’utilisation, le moteur d’Epic n’est pas nécessairement pensé pour les jeux de course et Kunos a dû travailler à l’intégration de nombreux modules supplémentaires, afin de donner naissance à Competizione.
Mission réussie pour le studio. D’une, même si l’on retrouve la signature graphique de l’Unreal Engine (notamment dans les effets de lumière, ou la colorimétrie), le changement a été indolore et Assetto Corsa Competizione n’a rien à envier à son prédécesseur. De deux, au contraire, il s’enrichit de nombreuses petites nouveautés qui le rendent plus réaliste encore que son aîné. Nous avons pu en discuter avec Aristotelis Vasilakos, le responsable de la physique du jeu. Passionné de courses automobiles, et lui-même pilote sur son temps libre, Vasilakos a bien insisté sur le travail effectué sur la simulation de vent, qui peut venir perturber le comportement de la voiture ; ou leurs relations avec Pirelli, qui a pu leur fournir de nombreuses données cruciales afin de mieux comprendre et simuler le comportement des bolides, en fonction de la température des pneumatiques. Ces millions de paramètres qu’il a fallu rassembler, compiler et calculer afin que la simulation puisse les exploiter à bon escient.
La principale nouveauté, c’est probablement la gestion de la météo, dynamique bien entendu. Aux abonnés absents sur le premier jeu, elle fait une entrée remarquée dans Assetto Corsa Competitione, grâce à l’Unreal Engine 4 qui pour le coup a largement facilité le travail des différents ingénieurs du studio. La pluie peut tomber plutôt légèrement, de manière soutenue ou à seau, et comme on pouvait s’y attendre, cela influe très largement sur le comportement des voitures. En bout de ligne droite, à l’approche d’un virage, on craint toujours l’aqua-planning ou le survirage. Et à vrai dire, après 4h de jeu, nous n’avions toujours pas trouvé la bonne méthode pour domestiquer les intempéries. Le studio en a peut-être trop fait, ou peut-être que nous n’avons pas encore trouvé le bon réglage : cela demandera encore quelques essais, mais l’impact sur le gameplay comme le rendu visuel sont vraiment séduisants.
Toujours aussi pointu
Vous l’aurez compris, malgré le succès d’Assetto Corsa, Kunos Simulazioni n’a pas l’intention de mettre de l’eau dans son vin, et donc de proposer un jeu plus accessible, plus « grand public ». Competizione est au moins aussi exigeant que son aîné, si ce n’est plus. Le studio a fourni un incroyable travail de restitution des sensations et l’on peut sentir les différentes spécificités d’une voiture à l’autre, quand bien même elles peuvent paraître minimes. Rarement on a autant eu ce sentiment de « sentir » sa voiture, notamment la partie avant de celle-ci : on a toujours conscience de vers où celui-ci pointe, ou de sa manière de réagir aux différentes changements de direction. C’est, d’une certaine manière, très rassurant puisque cela offre un sentiment de contrôle plutôt appréciable, a fortiori dans un jeu où l’on cherchera à gratter le moindre dixième de seconde.
Pour l’un de nos tests, nous avons fait quelques tours de Monza, à bord d’une Huracan, puis d’une Audi R8. Les deux autos, dans leur version commercialisée, sont deux frangines et l’on s’attendait à retrouver des sensations finalement assez similaires… Mais jusqu’à quel point ? Eh bien l’exercice s’est révélé assez amusant puisque les deux autos proposent un feeling d’adhérence assez semblable, notamment en sortie de longs virages rapides, ou dans la souplesse de leur direction sur les dépassements. En revanche, au moment d’entrer dans un virage, les comportements sont quelques peu différents, les transferts de masse n’ayant pas le même impact au moment des gros freinages. Certains préféreront la précision chirurgicale de la direction de la Lambo, tandis que d’autres préféreront l’assise de l’Audi.
On a ainsi passé plusieurs heures à jouer avec les différentes autos du jeu, avant d’arriver à la conclusion suivante : impossible de trouver notre préférée. Malgré des performances similaires, toutes ont ce ou ces petits trucs qui font la différence. La précision des détails est franchement impressionnante, et encore, on est reparti avec l’agréable sensation d’avoir à peine gratté la surface de ce qu’a à proposer Assetto Corsa Simulazione. Kunos nous l’a promis : il a travaillé main dans la main avec tous les constructeurs qui ont pu leur fournir de très nombreuses informations sur leurs autos. Aérodynamique, pneus, suspensions, freins, électronique… On a donc hâte de pouvoir éprouver plus longuement cette affirmation.
Un jeu pensé pour la compétition
Sans surprise, Assetto Corsa Competizione intégrera nativement de nombreuses fonctionnalités qui mettront en valeur la compétition en ligne. Outre les nombreux outils qui permettront aux streamers de diffuser et commenter comme des pros les courses de Competizione, on compte également plusieurs features pensées pour le plus grand public, comme par exemple la possibilité de sauvegarder pendant une course d’endurance ; de quoi permettre aux pilotes de mettre en pause leurs courses et d’aller vaquer à leurs occupations, quitte à reprendre le lendemain. Le système de matchmaking du premier jeu, qui a été affiné pour l’occasion, fait également son grand retour. Comprenez par là que chacune de vos performances pourront être évalués et si vous avez la fâcheuse tendance à conduire comme un cochon, alors vous finirez par ne rouler plus qu’avec des pilotes du même genre.
Kunos a insisté sur le fait que tout a été fait pour que les fans de GT3 puissent vivre la compétition virtuelle dans les meilleures conditions possibles : on attendra la sortie du jeu pour pouvoir en juger.
Les images illustrant cet aperçu ont été fournies par l'éditeur.
Assetto Corsa s’était rapidement imposé comme l’une des références du sim-racing, et Assetto Corsa Competizione ne changera rien à l’affaire : les Italiens de Kunos Simulazione savent où ils vont, et leur nouvelle simulation est d’une richesse et d’une précision ahurissante. Envoûtant par sa fidélité, sa complexité et le réalisme des sensations qu’il procure, Competizione est bien parti pour être la sortie à ne pas manquer, en 2019, pour tous les amateurs de simulation de course.