Près de dix ans après nous avoir enchanté avec les personnages d’Altaïr et d’Ezio, Patrice Désilets revient à la tête d’un studio, Panache Digital Games, armé d’un nouveau titre pour l’occasion. Ancestors : The Humankind Odyssey entend nous faire revivre les premiers pas de nos ancêtres, le tout sous la forme d’un jeu de survie dans lequel chaque expérimentation, chaque étape, sera l’occasion de se rapprocher d’un instant clé de l’humanité : celui de son départ de l’Afrique. Après 2 heures de jeu et un bref entretien avec son créateur, nous vous proposons nos premières impressions sur ce nouveau titre.
Nos premières impression sur le jeu en format vidéo
Ancestors vous permet dans un premier temps d’incarner un singe du sexe de votre choix, avant de présider - dans un monde ouvert basé sur les différents biomes africains - aux destinées de son clan, sa descendance et de progressivement évoluer sur près de 8 millions d’années. Chaque mort est permanente et vous oblige à prendre le contrôle d’un autre membre du clan, ce que vous pouvez d’ailleurs librement faire à tout moment si le coeur vous en dit. Si nous n’avons pu ici qu'apercevoir le potentiel de cette progression évoquée quelques lignes plus haut, cette première session nous a au moins permis de nous familiariser avec les contrôles, les mécaniques de base ainsi que quelques éléments qui vous permettront à terme d’avancer vers une ère plus proche de la nôtre.
Partir un jour, en Parkour
Les premiers pas s’avèrent difficiles. Une fois passé les réglages de base qui vous permettent de lancer une partie plus ou moins fournie en HUD et en tutoriel, ainsi que de définir la difficulté de votre expérience de jeu, vous voilà aux commandes d’un singe qui a tout à apprendre de son environnement. Pour cela, il dispose de plusieurs atouts : sa capacité à grimper partout tout d’abord, d’interagir avec les éléments de l'environnement en buvant, mangeant, ou en tentant de trouver une utilité à un objet, mais aussi d’utiliser ses sens. Dans les faits, la prise en main s’avère plutôt simple dès qu’elle concerne l’utilisation de ces derniers, qui permettent via votre odorat de détecter de potentielles sources de nourritures, ou de repérer par le biais de votre ouïe des dangers (serpents, alligators, sangliers…) voire un jeune singe égaré à ramener au camp. Les interactions de base s’avèrent tout aussi simples et logiques, nécessitant le plus souvent une simple pression sur la touche A.
L’ensemble s’avère toutefois moins intuitif sur quelques points particuliers, comme l’escalade parfois trop automatisée (avec le moindre rocher aux alentours) et d’autre fois pas assez (lorsqu’il s’agit de se rattraper aux branches), l’utilisation de vos deux mains entre lesquelles il faudra jongler selon que vous souhaitiez utiliser un objet, l’inspecter, ou tenter de le modifier pour en créer un autre… Sans être incompréhensible, le début de l’aventure s’avère souvent rustique et confus, d’autant plus que la dimension “survie” très marquée de l'ensemble vous oblige à passer par une phase d’apprentissage à la dure, dans un parcours ponctué d’échecs et d’erreurs. Fort heureusement, ceux-ci s’avèrent ensuite très instructifs et rendent la suite de votre odyssée bien plus agréable. Les éléments de base comme la gestion de la faim, de la soif, ou du froid en cas de pluie deviennent notamment plus familiers, créant une routine sur des éléments basiques qui vous permet de vous concentrer sur d’autres plus avancés. Notons cependant que même après 2 heures, l’escalade peine encore à convaincre et qu’un soupçon de rééquilibrage sur sa prise en main ne serait pas de trop.
L’apprentissage ne faiblit pas après ces premières réjouissances, puisque vous allez alors accentuer vos expérimentations pour tenter d’apprendre de nouvelles compétences dont vos descendants pourront bénéficier. Ainsi, inspecter et tenter d’interagir avec une branche d’arbre peut vous amener à en fabriquer un pieu qui sera utile pour pêcher dans certaines zones. Il en est de même avec les noix de coco, que vous pourrez ouvrir en tenant et en exploitant une pierre dans votre main dédiée à l’action, et la noix de coco dans la main “passive”. Inutile de vous faire l’inventaire des possibilités, nous en avons trouvé une dizaine sur notre session et sommes encore visiblement loin du compte au regard des points d’interrogation indiquant à côté des éléments trouvés leurs potentielles utilisations. Le jeu s’avère étonnement solide sur ce point, puisqu’il existe un très grand nombre d’interactions et d’utilisations possibles pour chaque, l’ensemble ayant en plus le mérite de se faire entièrement en jeu, sans passage par une interface superflue. Pas d’inventaire, de zone de craft dédiée, donc, mais un ensemble de combinaisons et d’expériences qui lorgnent clairement du côté du gameplay émergent et ne cassent pas le rythme d’une aventure qui est d’ailleurs légère en cutscenes. Le potentiel est là, reste à voir si ces promesses d’une logique de mécaniques de gameplay réalistes seront tenues sur la durée.
Clash of Clans
Nous évoquions l’absence de menus, sachez qu’il en existe tout de même un dédié à la progression de votre clan par lequel vous pourrez passer en revenant dans votre camp. Vous disposez en effet d’un clan peuplé d’autres singes, dont des petits qu’il vous faut régulièrement emmener dans vos déplacements afin de générer des points d’héritage. Ces points vont ensuite servir à débloquer des compétences suivant l’évolution de l’espèce à travers les âges : sa capacité à se tenir débout, communiquer plus efficacement par exemple. Mais le plus intéressant, c’est que pour réellement débloquer ces compétences, il faut d’abord les avoir découverte en réalisant des actions en phase avec la compétence concernée.
Un autre onglet du menu ici évoqué permet en plus de passer directement 15 ans plus tard, à la génération suivante, pour se retrouver aux commandes de nouveaux singes dont les caractéristiques reprendront les compétences débloquées par le passé. Celles-ci peuvent aussi dépendre de certains traits développés avec vos singes : par exemple, un héritier peut être omnivore si vous avez privilégié ce régime particulier chez ses parents. En revanche, il faudra encore attendre un peu pour savoir comment se déroule le passage d’une période à une autre, notre session de jeu ne nous a pas permis d’aller aussi loin et Patrice Désilets a souhaité garder le mystère sur ce point. Reste que sur les points déjà évoqués, le système témoigne là aussi d’un vrai potentiel de profondeur tout en restant simple à appréhender.
Malgré quelques errances dans sa prise en main, matérialisées par quelques combinaisons de touches qu’il convient d’apprivoiser et des phases d’escalade parfois délicates, Ancestors parvient déjà à dévoiler une partie de son potentiel en moins de deux heures. Son contexte dépaysant suffit déjà à le distinguer de la masse des jeux de survie existants, tandis que son idée d’offrir une progression à base d’expérimentation logique, via un gameplay “réaliste” ou “émergent”, jouit d’un véritable potentiel. De belles promesses, donc, qu’il nous tarde de mettre à l’épreuve sur la durée.