Après le très réussi Oxenfree, les Anglais de Night School Studio remettent le couvert avec une nouvelle aventure narrative. Cette fois, point de voyage entre copains sur une île supposément hantée, mais l’histoire de deux jeunes adultes, Milo et Lola ; fraîchement débarqués en Enfer, les deux amis tentent de retrouver le monde des vivants, en défiant Satan et ses sbires dans un jeu à boire. La démo d’Afterparty qui nous a été présentée était un peu courte mais on est déjà convaincu.
Nous avons pu essayer Afterparty lors d’un événement ID@Xbox organisé par Xbox à Paris. Le jeu tournait alors sur PC et était présenté à travers une démo longue d’environ 30 minutes. Il s’agissait de l’introduction du jeu.
Si vous avez déjà joué à Oxenfree, le concept de d’Afterparty ne devrait pas franchement vous surprendre. Comme son aîné, Afterparty est une aventure narrative où le gameplay se limite finalement à quelques actions, à savoir se déplacer, parler ou interagir avec des PNJ, et boire. Autant dire qu’avec une proposition aussi limitée, il fallait que le reste du jeu soit sacrément impressionnant. Pas de soucis, les qualités du titre de Night School Studio se trouvent ailleurs.
Party hard
Le pitch d’Afterparty est finalement assez simple : le joueur / la joueuse contrôle tour à tour deux personnages humains, Lola et Milo, et doit se débrouiller pour obtenir une invitation à l’une des soirées organisées par Satan. Leur but : défier le Prince des Ténèbres et ainsi gagner leur billet de retour pour le monde des vivants. Sauf que dans Afterparty, Satan a un penchant pour les fêtes alcoolisés et pour obtenir leur ticket de sortie, Lola et Milo devront le battre dans un jeu à boire, le passe-temps préféré du Malin. La tâche ne sera donc pas aisée, surtout que les fiestas du roi des démons sont plutôt select et pour pouvoir y accéder, nos deux héros vont devoir aller de soirées en soirées et écumer les nombreux bars que compte l’Enfer pour faire des rencontres, réussir à obtenir des invitations, etc. Le joueur / la joueuse doit donc se débrouiller pour trouver les PNJ qui pourront lui permettre d’avancer dans son aventure, ce qui n’est pas toujours évident puisqu’il faut parfois réunir certaines conditions pour les voir apparaître… ou même attirer leur attention. Car voilà, dans Afterparty, plus Milo et Lola sont ivres, et plus les options de dialogue sont riches ; mieux, en fonction des boissons ingérées et de leurs propriétés, ces mêmes options peuvent grandement varier. De quoi épicer les rencontres et les discussions, et surtout créer un effet domino : qui sait, en devenant pote avec un démon, peut-être celui-ci vous présentera à l’une de ses connaissances, qui vous permettra de rencontrer quelqu’un d’autre… ainsi de suite. À vous de faire bonne impression.
Sans alcool, la fête est moins folle
Vous l’avez compris, dans Afterparty, l’alcool joue un grand rôle : il faut choisir judicieusement ce que l’on s’apprête à avaler puisque toutes les boissons n’ont pas les mêmes effets, ni le même degré d'alcool. Grâce à la touche dédiée, Lola et Milo peuvent boire quand le souhaite le joueur / la joueuse, ce qui permet d’en garder sous le pied pour les moments les plus importants. Mais forcément, siroter sa bière n’aura pas le même effet qu’avaler cul-sec l’un des shooters infernaux proposés par le barman du coin. Le jeu consiste alors à savoir quoi, quand et comment boire, ce qui a évidemment une incidence sur les tentatives de nos deux amis d’attirer l’attention. Dans la démo qui nous a été présentée, Milo et Lola devaient réussir à accéder à la fête privée organisée à l’étage du bar où ils se trouvaient. Pour cela, une seule solution : obtenir une invitation en impressionnant l’organisateur, ce qui est passé par une partie de bière-pong d’anthologie contre le champion local. Mais aussi une dose considérable d’alcool, quelques choix de dialogue bien sentis et surtout une impressionnante efficacité dans l’art subtil du jet de balle dans un gobelet, dans des conditions peu avantageuses.
Le poids des mots, le choc des alcoolos
Maintenant que nous avons présenté les bases de ce qu’est Afterparty, vous vous demandez probablement : mais qu’en a-t-il pensé ? Beaucoup de bien, à vrai dire. Afterparty séduit de trois manières différentes : par son concept, évidemment, mais aussi par sa direction artistique et ses dialogues. Ces derniers sont vraiment la star du jeu, et si l’on avait deviné chez Night School Studio une certaine maîtrise en la matière en jouant à Oxenfree, Afterparty va plus loin encore. Par l’intelligence de ses dialogues, bien évidemment, mais aussi par l’incarnation des deux protagonistes : Milo et Lola sont doublés par un comédien et une comédienne qui sont amis dans la vie réelle et en jeu, cela se ressent. Il suffit de quelques minutes de jeu pour profiter de la complicité qui existe entre les deux personnages. On accroche au jeu et à sa proposition principalement parce que Lola et Milo sont extrêmement convaincants et enchaînent les petites phrases, les réflexions débiles, ou les provocations plus ou moins assurées. Il est très amusant de voir Milo, sous l’influence de l’alcool, jouer les gros bras face à des démons qui ne feraient qu’une bouchée de lui.. mais qui finit par se débiner lorsque son cocktail ne fait plus effet. Ou d’écouter le trashtalk de Lola qui tente de déstabiliser son adversaire de bière-pong. Tout est très bien écrit, y compris les répliques et réactions des PNJ du jeu qui donnent un charme diabolique à cet Enfer qui mélange les références à Dante et à Whitman. Afterparty est profondément drôle et a réussi à provoquer, en trente minutes, quelques éclats de rire, fait rare dans un jeu vidéo.
Toutefois, entre deux verres, survient de temps à autre la prise de conscience : Milo et Lola sont en Enfer et le lieu n’est pas fréquenté par des enfants de chœur, quant bien même on s’y amuse follement. Le type qui organise une fête privée à l’étage du bar, et que l’on essaie de séduire pour obtenir une invitation ? Un tueur en série qui a assassiné de très nombreux gamins, avant de finir par se suicider pour échapper à la police. Sa petite boom fêtant son décès (une tradition au royaume de Satan, apparemment) prend alors une autre tournure. Une forme de réalisation qui apporte son lot de choix moraux : souhaite-t-on vraiment s’acoquiner avec de tels individus, même si cela permet de revenir à la vie ?
Cette introduction à Afterparty a su nous prouver que son concept tient la route et a entériné notre confiance en Night School Studio et sa capacité à écrire des dialogues captivants. Franchement joli, drôle et original, Afterparty surprend autant qu’il amuse et l’on a hâte de voir la suite. Car cette session de jeu fut plutôt courte et l’on a désormais envie de savoir si le titre réussira à rester intéressant sur la durée, passé la phase de découverte.