La future Radeon VII vient donc d’être dévoilée et devrait être disponible sur nos étals dès le mois de février. En attendant, nous avons décidé de nous pencher sur le cas de la RX 590, un autre modèle propulsé sur le marché en novembre dernier par les rouges et noirs. N’attendez toutefois pas de grand bouleversement, puisqu’outre une disponibilité limitée, elle n’offre sur le papier que peu avancées face à des RTX résolument novatrices.
En ce début d’année, Lisa Su a profité du CES pour présenter ce qu’elle considère comme le fer-de-lance de ses GPU dans les prochains mois, la Radeon VII. Une carte portée par un nouveau process de fabrication en 7 nm de chez TSMC, commercialisée autour des 700 dollars hors taxes, et qui pourrait tenter de concurrencer les RTX 2070 / 2080. Pourtant, derrière l’effet d’annonce, il faut bien avouer que la marque peine à concrétiser ses ambitions sur le marché des GPU, et ce, depuis quelques années. Dernier exemple en date, le lancement d’une nouvelle Radeon RX 590, qui n’aura de nouveau que le nom, puisqu’elle reprend l’architecture de la RX 580, elle-même une copie de la RX 480 lancée… en juin 2016.
Plus concrètement, la Radeon RX 590 repose sur une architecture Polaris sans modification de design. La plus-value vient ici principalement du process de fabrication, qu’AMD définit comme étant du 12 nm, mais qui en réalité, s’apparentera à du 14 nm mieux maitrisé. Si vous nous suivez régulièrement, vous vous doutez déjà des conséquences de ces menues améliorations : elles ont permis aux ingénieurs de la marque de pousser encore un peu plus les fréquences de fonctionnement de leur produit. Ainsi, alors que la RX 480 était donnée pour une fréquence optimale de 1266 MHz, la RX 580 montait cette valeur à 1340 MHz. La RX 590 va encore plus loin et atteint les 1545 MHz, ou 1560 sur notre exemplaire de test, une Sapphire Nitro +.
Pour le reste, il s’agit d’un copié-collé de ce que l’on retrouvait déjà sur la RX 580, à savoir, une configuration mémoire basée sur 8 Go de GDDR5 et sur un bus 256 bits, pour une fréquence de fonctionnement de 2 GHz. Ici encore, Sapphire propose un léger boost par rapport aux spécifications officielles, de 100 MHz. D’ailleurs, puisque l’on parle de Sapphire, notons que son modèle repose sur une enveloppe éprouvée : un carter bleuté vient ainsi recouvrir un double système de ventilation axiale, lui-même au-dessus d’un bloc de refroidissement à ailettes traversé par 4 caloducs. Et tandis que l’alimentation passera par deux connecteurs PCI Express 6 et 8 broches, différents systèmes rétroéclairés vont venir reprendre le thème bleu électrique de l’ensemble, au niveau du logo sur la tranche, et sur chaque ventilateur.
Dernière particularité qu’il convient de remonter : la RX 590 de Sapphire comprend un interrupteur à deux positions, chacune correspondant à une configuration de fréquences : celles officielles pour le GPU et la mémoire, et celle que nous avons mentionnée plus haut. Un artifice toutefois bien inutile puisque comme vous allez le constater, la carte offre déjà un fonctionnement optimal, lorsque le plus véloce des deux BIOS est activé.
En effet, Sapphire a équipé cette puce Polaris améliorée d’un système de refroidissement particulièrement efficace. En travail bureautique, la RX 590 Nitro + se montre parfaitement silencieuse, puisqu’elle bénéficie d’un mode de fonctionnement semi-passif, lui permettant de mettre sa ventilation en veille en cas de faible charge (autrement dit, lorsque la température GPU reste sous les 54°C). En charge, les turbines se mettent en route, mais les nuisances restent très contenues : seulement 39,5 dBA, pour une température de 73°C. S’agissant des performances, cette carte trouvera un terrain d’expression idéal sur une résolution 1080P, où presque tous les jeux pourront tourner avec un rendu maximum, et à un frame rate supérieur à 60 : 69 FPS pour The Witcher 3, 77 pour Forza Horizon 4, ou 54 pour Shadow of the Tomb Raider. L'expérience proposée est par ailleurs stable, dans la mesure où le GPU ne montre aucun problème de throttling, avec une fréquence stable à 1560 MHz. Par rapport à ces principales concurrentes, les GTX 1060 overclockées, la RX 590 sera légèrement devant, de 5 à 6% sous DirectX 11, et de 12 à 14% si l’on parle de jeux DirectX 12.
La pertinence face à la concurrence, c’est pourtant clairement ce qu’il manquera à cette RX 590 pour briller, et ce, malgré les résultats de performances que nous venons d’égrener. La carte en elle-même est ainsi un excellent produit graphique. Malheureusement, elle doit composer avec les travers d’un GPU qui accuse un temps de retard. Niveau consommation déjà, une GTX 1060 overclockée peut exiger entre 120 et 135 Watts de puissance en charge. La RX 590 monte quant à elle à 192 Watts selon nos mesures. Certes, le coût en électricité n’est sans doute pas significatif sur la durée, mais il n’en laisse pas moins un sentiment de gaspillage, alors que le contexte écologique nous pousserait à la raison sur ces sujets. Par ailleurs, la RX 590 souffre d’une offre et d’un positionnement tarifaire compliquée : alors que l’on trouve pléthore de GTX 1060 à partir de 210€, la seule RX 590 disponible sur les principales enseignes françaises reste celle que nous avons testée (la Sapphire RX 590 Nitro +), et son tarif se pose là : 299€ environ.
Sachant cela, il nous est difficile de vous conseiller cette référence, quelle que soit la qualité des prestations proposées par les partenaires d’AMD. Il ne reste plus qu’à espérer que le mois de février s’ouvrira sur une période plus rose pour la marque. Nous l’espérons, évidemment, soyons francs : nous n’y croyons pas trop. La Radeon VII repose sur une architecture Vega connue, et les gains liés aux 7 nm semblent avoir été bien plus orientés vers une course aux Mégahertz que vers la recherche d’une meilleure efficacité énergétique. Or, ce dernier aspect était un facteur limitant de l’architecture. Et sans progrès à ce niveau, on voit mal comme les Radeon VII pourraient aller chercher les nouvelles RTX. Dans ce contexte, il nous paraît plus sage de regarder d'ores et déjà vers Navi pour espérer un sursaut de concurrence, ou pourquoi pas, vers Intel, qui pourrait dévoiler les contours d'une architecture GPU pour 2020.