Cela fait déjà dix ans que l’espiègle Faith a parcouru pour la première fois les gratte-ciels d’une mégalopole où les libertés individuelles s’estompent comme neige au soleil. Une aventure qui a su plonger les joueurs dans l’art du déplacement en milieu urbain, que certains ont découvert par l’intermédiaire de films comme Yamakasi. Le jeu débute dans la peau de la jeune héroïne qui distance la police en s’agrippant au train d'atterrissage d’un hélicoptère. Le ton est donné.
Nous nous rappelons tous du job de Faith qui consiste à distribuer du courrier sans passer par les voies normales surveillées par la police, d’où la nécessité de prendre de la hauteur. L’action du jeu se déroule en effet dans un climat politique tendu où les dérives sécuritaires ont engendré la censure et la surveillance à outrance des citoyens. Sur fond d’élection municipale et de police privée, Mirror’s Edge nous amène à nous questionner sur notre propre rapport au sentiment d’insécurité et à ses dérives possibles.
Mirror’s Edge a laissé une trace dans le monde du jeu vidéo grâce à deux points en particulier. Déjà, sa direction artistique originale met en valeur un code couleur qui a du sens, sans que ce dernier ne jure avec le rendu épuré des niveaux. Ainsi, les gouttières s’illuminent en rouge, signifiant qu’elles peuvent être escaladées. Ensuite, la vue à la première personne est utilisée non pas pour des séquences intensives de shoot, mais pour de longues fuites en avant faisant aussi bien appel à l’observation qu’à la dextérité. Faith escalade, rebondit, glisse et s’accroche de manière à créer des séquences de jeu aussi impressionnantes qu’agréables à parcourir.
Le point le plus positif vient du sentiment d’immersion réussi que l’on doit à une vue à la première personne très bien gérée, ainsi qu’à une ambiance sonore de premier ordre. Les musiques de Solar Fields rythmant l’épopée ont même été remixées sur un album intitulé “Still Alive” par des artistes allant de Benny Benassi à Junkie XL. Le souffle de l’héroïne retentit à chaque sprint, et la caméra virevolte de manière réaliste en fonction des mouvements exécutés.
Mirror’s Edge, développé par DICE, faisait partie avec Dead Space des nouvelles licences chapeautées par le géant Electronic Arts dans le but de diversifier son portefeuille de jeux. La réception fut bonne de la part de la presse comme des joueurs, malgré quelques critiques plus tempérées principalement causées par l’aspect répétitif des “parkours”. Les ventes du titre, estimées à deux millions d’exemplaires, ont en tout cas poussé Electronic Arts à faire une suite, sous-titrée “Catalyst”. Mirror’s Edge a laissé son empreinte dans le paysage jeu vidéo, et c’est donc avec un grand plaisir que nous souhaitons son dixième anniversaire.