Les Battle Royale ont fait une entrée fracassante dans l’univers du gaming. Une tendance vidéoludique qu’il est très intéressant d’analyser puisqu’elle ne ressemble à aucune autre. Elle mêle avec brio instantanéité, viralité, facilité d’accès, suspens et spectacle compétitif. Pourtant, le Battle Royale souffre de différents maux qui font de lui un genre extrêmement versatile. D’ici quelques minutes, vous saurez pourquoi je pense que PUBG et Fortnite en tant que jeux "de salon" seront sans doute dépassés dans moins d’un an.
Cet article entrant dans la rubrique "Débat et opinion", il est par nature subjectif. L'avis de l'auteur est personnel et n'est pas représentatif de celui du reste de la rédaction de Jeuxvideo.com.
Un nouveau monde plein d’opportunités
Quand on parle de mode dans le jeu vidéo, on évoque souvent Dota 2 et LoL introduisant les règles du MOBA auprès du grand public, de WoW ou Minecraft lançant les tendances du MMO et du Survival Craft. Plus récemment, c'est au tour de PUBG et Fortnite d'endosser ce role dans le paysage du BR (Battle Royale). Et pourtant, ce secteur est très différent de ses homologues de par ses attributs et aura, à mon sens, un avenir différent.
En effet, il ne dépend ici d’aucune structure de gameplay établie et se caractérise « uniquement » par une règle de victoire en multijoueur. En d’autres termes : tout est faisable et tout est encore à faire. Le Battle Royale, pourrait donc bien être trusté d’ici peu par une multitude de titres très différents. Du BR mobile en réalité augmentée au BR free to play à bord d’avions de chasse en passant par les shooters asymétriques où la collaboration est de mise, tout est envisageable.
Violence, Speed, Momentum
C’est surtout du côté de l’expérience utilisateur que les différences entre les précédentes tendances et celles du BR se font principalement ressentir. Ici, on comprend facilement le concept et la courbe de progression ne désavantage pas le novice. On peut miser sur le situationnel et la chance afin de gagner, ou du moins le tenter. On vit, littéralement, une partie et c’est aussi prenant pour nous que pour d’éventuels spectateurs. Une formule proche de celle des MOBA, mais qui se veut plus immédiate à prendre en main et bien plus visuelle pour le profane. Fort de ce constat, le BR explosa en stream et sur la scène eSport. Ce sont ces facteurs qui définissent la fulgurance du succès des jeux concernés, mais aussi la rapidité de désertion de leurs communautés…
Les risques de la mode
Car oui, aussi parfaite soit-elle, la médaille a toujours un revers, et celui des BR est imputable à leur fonctionnement. Dans ce cas précis, il nécessite de grosses communautés constamment en ligne pour meubler les parties. Le souci c’est que la moindre perte de joueurs, plus ou moins médiatisée, peut générer un effet boule de neige.
Ce phénomène est accéléré par Twitch qui constitue un indice clair de popularité. Difficile d’attirer de nouveaux curieux lorsqu’un nouveau jeu du même genre est plus fun à regarder et qu’il est joué par les têtes d’affiches du streaming. H1Z1 en fit d’ailleurs les frais, perdant en 5 mois 91% de son trafic, ce dernier ayant migré vers PUBG. Le comble, c’est que quelques mois plus tard, le même début de scénario se reproduit, pour une migration vers Fortnite.
Des formules jetables ?
Mais alors, un BR est-il forcément condamné à mourir quelques mois après sa sortie ? C’est une question qui mérite d’être posée. En effet, en plus de tous les problèmes précédemment cités, que cela soit en matière de concurrence potentielle et de désertion des streamers, le BR procure de moins en moins d’émotions au fil des victoires… Plus les réussites s’amassent, plus la tension s’efface.
Voilà pourquoi il se crée inévitablement chez le joueur une envie de changer de crèmerie à la moindre stagnation en matière d’ajout de contenu. Le moindre nouveau jeu attire et l’essayer quelques heures n’est pas aussi difficile que d’essayer de se mettre à un autre MOBA lorsque l’on a 400 heures sur LoL ou Dota. Les BR ont cet avantage d’être faciles d’accès et relativement interchangeables, voire même complémentaires lorsqu’ils abordent différents concepts.
Des menaces internes, mais surtout externes
De ce fait, PUBG et Fortnite cesseront de dominer le milieu lorsque suffisamment d’alternatives existeront. Depuis peu, nous avons pu voir différents concepts émerger : SOS et son survival battle royale social, où la coopération est de mise entre les 16 participants. Auto Royale d’H1Z1 qui tente de renouveler l’expérience BR et se joue uniquement en véhicules, ou encore The Darwin Project qui privilégie les toutes petites sessions où c’est la traque qui importe. Le mobile devient également un support exploitable : le PUBG chinois de Tencent lancé avec un énorme succès motiva vite Epic Games à lancer son Fortnite Mobile. Tout est ici fait afin de conserver l’initiative et enrichir l’offre, une nécessité qui évite la stagnation, fatale au genre. PUBG sur PC a dangereusement ralenti le rythme de ses mises à jour de contenu et la conséquence est clairement visible sur ses audiences BlueHole vient tout juste de réagir en promettant une roadmap 2018 très chargée histoire de rattraper son retard de croissance sur Fortnite. En attendant, la migration des streamers et des joueurs est déjà un fait. De son côté, Epic devra donc maintenir le cap s’il ne souhaite pas voir son Fortnite PC et console dépérir lorsqu’un nouvel entrant fera son arrivée et cela arrivera forcément. A ce sujet, il se murmure dans les milieux invérifiables que plusieurs blockbusters, prévus pour cette année, devraient proposer du Battle Royale… Une menace de plus qui me fait penser que le succès de PUBG et Fortnite dans leur formule dite "de salon" n’est pas là pour durer...