Depuis le 13/11/2007, Ubisoft nous permet de nous balader d’époque en époque pour en connaître davantage sur Ceux-qui-étaient-là-avant mais aussi et surtout pour (re)découvrir ces contrées exotiques en opérant un retour dans le temps ou en vivant ces moments qui ont marqué l’histoire mondiale. 10 ans déjà que le premier Assassin’s Creed est sorti et l’ironie de la situation veut que malgré les épisodes et les héros, le nom d’Altaïr résonne toujours autant dans l’inconscient collectif, l’icône de la saga ayant même eu droit à divers échos dans des jeux comme la série des Metal Gear Solid ou plus récemment Final Fantasy XV.
Cinématique d'introduction du premier Assassin's Creed
Mais au-delà de ce personnage par qui tout a commencé, c’est aussi et surtout une saga qui a pris le temps d’évoluer afin de faire progresser son intrigue et son gameplay tout en répondant à la demande toujours croissante des fans. Bien entendu, Assassin’s Creed, comme toutes les séries annualisées, a logiquement subi des critiques liées à son rythme de sorties frénétique même si paradoxalement, on peut imaginer que les personnes qui fustigeaient le plus Ubisoft pour son absence de prise de risques auraient été les premières à faire grise mine si nous n’avions pas eu d’épisode d’une année sur l’autre, du moins au tout début.
Il faut tout de même remettre en perspective cette fameuse évolution qui aura pour beaucoup consisté à améliorer par petites touches le gameplay afin de proposer un contenu toujours plus pantagruélique sans pour autant s’attaquer aux nombreux bugs émaillant les divers épisodes ou tout simplement à l’histoire de manière convaincante. En effet, à l’époque, Ubisoft a besoin d’une nouvelle licence forte sur laquelle s’appuyer et il est donc logique de rapidement capitaliser sur la saga. Bien entendu, dès le départ, Ubi est consciente de ce qu’elle a entre les mains et c’est donc en flux tendu que se fera le développement des opus en mettant à profit la plupart des studios de l’éditeur afin de pouvoir suivre cette cadence infernale d’un épisode par an à l’image de ce qui s’est déjà fait sur les Call of Duty répartis entre deux développeurs.
Ainsi, en prenant un peu de hauteur, on se rend finalement compte que malgré l’impression d’avoir pressé sa licence comme un citron, Ubisoft a toujours fait en sorte que le niveau qualitatif de la série soit stable, Assassin’s Creed ne comptant pas vraiment de mauvais épisode canonique. Certes, chaque joueur vous parlera de son opus préféré, de celui qu’il aime le moins mais malgré tout, il serait hypocrite que parler d’épisode raté, même en évoquant les mal aimés Unity ou Syndicate. Il faut également comprendre que si le gap qualitatif entre le premier et le second Assassin’s Creed est fort appréciable et ce aussi bien sur la forme que le fond, les autres opus, du moins jusqu’à Revelations, auront ce côté «Alpha+» qui collera longtemps à la peau de la série. Néanmoins, ici aussi, il faut relativiser car si en soi les scénaristes ont quasiment grillé toutes leurs cartouches à la fin du deuxième épisode, Ubi rajoutera un mode multijoueur très réussi à partir du troisième segment, Brotherhood, tout en brodant le scénario afin de donner du corps à l’univers et à son nouvel héros, Ezio. L’intention est louable d’autant qu’en parallèle, elle trouvera encore plus de sens grâce à l’univers transmedia très bien implanté et synonyme de bandes-dessinées, romans, courts-métrages ou bien encore de film live qui tentera (tant bien que mal) de prendre le novice par la main pour le plonger dans cet univers foisonnant.
Lister toutes les portes d’entrée vers l’univers d’Assassin’s Creed semble d’ailleurs aujourd’hui fastidieux tant elles sont de plus en plus nombreuses. Jeu de plateau, killer game, Escape Room, Ubisoft semble ici aussi abuser de sa franchise. Il convient toutefois de relativiser car si on y regarde de plus près, nous n’atteignons pas encore le stade de Star Wars et de son merchandising galopant. Ubi semble être assez intelligent pour choisir les idées les plus judicieuses, celles qui s’adaptent le mieux à l’univers de sa poule aux œufs d’or histoire de proposer des expériences complémentaires afin de faire les yeux doux à un public toujours plus large. Certes, la société française n’a pas toujours tapé dans le mile mais il serait idiot de pointer du doigt cette façon de faire à la base de l’économie de marché. La demande existe, il est logique d’y répondre.
A cela, il faut également reconnaître une grande qualité à Ubisoft : la société sait s’entourer des bons artistes. La saga regorge en effet de somptueux environnements que le niveau technique parfois balbutiant ne saurait minimiser l’impact visuel. Parcourir les rues grouillantes de vie de Jérusalem, évoluer dans les combles de la Chapelle Sixtine ou naviguer au large de la Havane marque les esprits. Encore plus vrai quand la bande-son suit le même chemin, les compositions de Jesper Kyd, Lorne Bafle ou bien encore Olivier Derivière participant activement à l’ambiance de chaque jeu.
N’oublions pas aussi qu’au delà de tout ça, la dimension historique, et donc éducative, est belle et bien présente. Certes, Ubi prend parfois des libertés pour faire l'époque à son histoire mais le socle de chaque opus s’appuie sur de très nombreuses recherches historiques débouchant sur nombre de documents à lire nous renseignant sur les figures importantes de la période traversée, les bâtiments, les événements marquants...
Logique donc que le dernier né de la saga, Origins, propose dès le début de l’année prochaine un mode gratuit dédié à l’éducation (et accessoirement à tous ceux ayant acheté le jeu), expurgé de tous combats et dispensant davantage d’informations sur les lieux traversés, les monuments visitables, etc.
Assassin's Creed IV : Black Flag se dévoile
Quoi qu’il en soit, la saga vidéoludique aura réussi contre vent et marée à perdurer en prenant même le temps nécessaire pour revenir sur le devant de la scène cette année avec un épisode reboot mentionné un peu plus haut. Dans l’absolu, le coeur de la série subsiste dans Assassin’s Creed Origins mais Ubisoft semble avoir entendu les joueurs en améliorant tout ce qu’il y avait à améliorer afin de sortir la saga de ce carcan dans lequel elle s’était enfermée pour prendre un bol d’air frais synonyme d’aventure plus riche, plus enivrante, plus dans l’air du temps tout simplement. Si on peut donc remercier les développeurs d’avoir pris le temps d’offrir à AC ce nouvel écrin placé sous le sceau du RPG-aventure (cette décision étant certes conditionnée par les retours des fans mais aussi les ventes décevantes de Syndicate), on est d’ores et déjà curieux de savoir de quoi sera fait l’avenir de la série.
Ubi étant passé maître dans l’art de proposer des open world toujours plus vastes, il faudra désormais les remplir de façon harmonieuse et intelligente tout en creusant l’histoire afin de redonner aux joueurs l’envie de suivre la série non plus uniquement pour la destination proposée mais aussi pour son scénario, chose qui n’était plus vraiment le cas depuis plusieurs années. Origins a démontré avec brio qu’avec beaucoup d’huile de coude et les bons artistes, il était possible de remettre tout à plat pour en sortir un nouvel épisode mettant tout le monde (ou presque) d’accord. Cependant, sortir un Action-RPG chaque année étant quasiment mission impossible, même pour le développeur français et ses équipes rompues à cet exercice, on peut d’ores et déjà entrevoir que la société misera plus que jamais sur le Game as a service afin de faire vivre son titre via diverses mises à jour et contenus additionnels afin d’allonger le temps de développement du prochain épisode qui arrivera probablement en 2019.
Assassin's Creed Origins : Toute histoire a un commencement
Pour autant, nous n’en sommes pas encore là et pour l’heure, souhaitons simplement un joyeux anniversaire à la série en espérant que la flamme vacillante de la dernière bougie s’éteindra pour briller à nouveau, plus éclatante que jamais. Origins semble être l’étincelle qui ne demande qu’à embraser une fois encore la sphère vidéoludique pour les dix prochaines années. Souhaitons qu’Ubisoft poursuive dans cette voie, que les joueurs adhérent et que la Confrérie des Assassins nous livre des secrets qu’on croyait à jamais perdus…