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Enfin, quelques jeux d’importance issus de licences à succès nous permettent d’avoir un premier aperçu des performances pratiques offertes par DirectX 12. Et si les premiers benchmarks réalisés sont très intéressants à analyser, il reste malheureusement difficile de se baser dessus pour dégager la moindre tendance.
Derrière le très controversé Gears of War Ultimate Edition, deux nouveaux titres offrant une compatibilité avec la nouvelle API graphique DirectX 12 viennent d'arriver sur le marché... Enfin... "Nouveau" n'est peut être pas le terme approprié pour au moins l'un d'eux, puisqu'il s'agira de Rise of the Tomb Raider, dont la version PC vient d'être patché afin qu'elle supporte la nouvelle API de Microsoft. Quant au second, ce sera le dernier Hitman, d’IO Interactive. Forcément, cette double arrivée attise la curiosité des joueurs PC amateurs de performances graphiques, et soucieux de voir quelles différences ces évolutions techniques peuvent opérer sur un jeu triple-A.
Commençons donc par parler de Hitman. Avant de pouvoir vous offrir une analyse plus complète avec nos propres chiffres, il est d’ores et déjà possible de mesurer les grandes tendances dessinées par les premiers benchmarks sur ce jeu, que l’on peut trouver sur des sites tels que PCGamesHardware ou ComputerBase. Sur le premier site, on constate que si la carte la plus performante en DirectX 12 reste, en 1440p et 2160p, la GeForce GTX 980 Ti de NVIDIA, il est étonnant de voir qu'elle semble largement "sous performer" par rapport à la concurrence, une Radeon Fury non X arrivant à se hisser à son niveau. La GTX Titan X se fait quant à elle systématiquement dépasser par une Radeon R9 390X, qui n’est pourtant pas censée boxer dans la même catégorie. Enfin, dans le même esprit, voir les R9 390 et 290 se positionner au-dessus d’une GeForce GTX 980 - quelle que soit la résolution - a quelque chose d’assez étonnant.
Sur le second site, les tests réalisés offrent une lecture plus facile des gains obtenus sous DirectX 12, par rapport à DirectX 11. Ainsi, en 1080p, on constate qu’une R9 Fury X, qui affiche un framerate moyen de 74,2 FPS en DX11 avec un niveau de détails maximum, monte à 78,2 fps en DX12. A l’inverse, une GTX 980 Ti est moins performante en DX12 qu’en DX11, avec 68,3 FPS dans le premier cas et 72,5 FPS dans le second. Le monde à l’envers ! Sur des cartes moins puissantes, la différence est moins marquée. Une GTX 960 passe de 33,2 FPS en DX11 à 32,5 FPS en DX12, tandis qu’une R9 280X passe de 40 FPS en DX11 à 40,2 FPS en DX12. Sur des cartes d’entrée ou de moyenne gamme, les changements apportés par le changement d’API sont donc moins visibles. En 1440p, les Radeon confirment leur domination dans ce benchmark en plaçant R9 390X, Fury et Fury X devant la GTX 980 Ti.
DirectX 12 au rapport
Tout aussi intéressant, et toujours chez ComputerBase, est la petite analyse qui est tirée de quelques tests destinés à mesurer l’impact de DX12 sur l'utilisation du processeur. Ces derniers montrent bien que l’apport de la nouvelle API est d’autant plus quantifiable que le processeur utilisé sur la machine de test dispose d’une capacité de calcul “limitée”'''. Ainsi, alors que le gain en FPS se situe aux alentours des 5,4% entre DX11 et DX12 sur un Intel Core i7-6700K, il monte à 75,4% sur un AMD FX-8370 ! Il s’agit là d’un enseignement important, qui méritera certes d’être creusé, mais qui confirme cette orientation connue de DirectX 12, qui correspond à celle qu’avait initiée AMD avec son API bas niveau Mantle.
Une fois encore, tout semble donc montrer des améliorations potentielles significatives pour le matériel actuellement vendu par AMD sur le marché. Oui, sauf que tout cela mérite d'être largement relativisé, comme l'exemple de Rise of the Tomb Raider va le prouver.
Lara Croft aussi en mode DirectX 12
Comme nous le soulignions en préambule, le jeu de Crystal Dynamics s’est vu offrir un support de DX12 à la lueur d’un patch. Une mise à jour attendue dans la mesure où, dès la sortie du jeu, des références à un support de l'API avaient été repérées dans divers fichiers de son répertoire d’installation. Et, une fois encore, ComputerBase fait partie des sites les plus prompts à sortir un premier benchmark du jeu dans ce mode de rendu.
Globalement, on y constate que les changements apportés en termes de performances sont beaucoup plus mesurés. En 1080p, les principales cartes NVIDIA testées s’avèrent être légèrement meilleures en DX11 qu’en DX12, ce qui est cette fois-ci aussi vrai pour les cartes AMD. Les différences sont la plupart du temps minimes, de l’ordre de 3%, sauf cas particuliers comme avec la Radeon R9 Fury X qui remonte une moyenne de 66,1 FPS en DX11 et seulement 56 fps en DX12 sur la première zone du jeu testée par le site. Une tendance qui reste marquée en 2160p, avec des performances meilleures dans les deux camps en DX11 qu’en DX12, de 6,6% sur une GeForce GTX 980 Ti et de 10,1% sur une Radeon R9 Fury X.
Ici aussi, on constate grâce à des tests CPU que DirectX 12 fait une différence assez marquée en fonction de la puissance du processeur utilisé, même s'il est beaucoup plus délicat de dégager une tendance sur la base de ces chiffres. En effet, les résultats obtenus sont beaucoup plus aléatoires, et il arrive régulièrement qu’à processeur égal, même assez peu puissant, les performances soient même moins bonnes en DX11 qu’en DX12.
C’est le cas avec un couple R9 Fury X / i7-6700K qui remonte 66,1 FPS moyen en DX11 et seulement 56 FPS en DX12, soit une chute des performances de l’ordre de 18%. Sur ce processeur, la chute est également visible avec une GTX 980 Ti, mais elle est beaucoup moins marquée (3,7%). A l’inverse, sur une scène complètement différente, un couple R9 Fury X / i3-4330 passe de 38,2 FPS en DX11 à 44,7 FPS en DX12, soit un gain de 17%. S’il faut donc retenir quelque chose de ce benchmark, c’est que les changements induits par un passage à DirectX 12 dans Rise of the Tomb Raider sont très dépendants de la configuration utilisée, mais varient aussi beaucoup en fonction de la scène du jeu qui sert de base aux tests.
Quelques tendances, mais pas de généralités
Tout cela nous amène à conclure, et ce ne sera sans doute pas une surprise, qu’il faudra sans doute attendre d’avoir des retours bien plus nombreux et sur une base de jeux plus exhaustive, avant de pouvoir statuer de manière plus pertinente sur les apports de DirectX 12. D'abord, parce que la bonne tenue de Hitman sous DX12 sur les cartes AMD tient certainement beaucoup à l'exploitation par le jeu de la fameuse fonctionnalité Async Compute (et AMD ne s'est pas fait prier pour le faire savoir ces dernières semaines). Une fonctionnalité avec laquelle les produits GeForce semblent avoir pas mal de problèmes. Et rien ne dit qu'à l'avenir, AMD ne se retrouve pas dans la situation inverse, les deux fabricants n'ayant pas le même niveau de support de DirectX 12 selon les cas de figure.
D’autre part, le paysage des performances graphiques risque de fortement évoluer ces prochains mois, puisque AMD comme NVIDIA lanceront cette année leurs nouvelles micro-architecture GPU dont on se doute bien qu’elles prendront en compte les changements induits par DirectX 12 en particulier, et par les interfaces de programmation de bas niveau en général.
Enfin, DirectX 12 n’en est qu’à ses balbutiements, et vu la marge de manoeuvre très importante qu’il laisse aux développeurs, il ne fait nulle doute que ces derniers (ainsi que les pourvoyeurs de solutions middleware telles que Unity, Unreal Engine, et les autres) feront des progrès notables dans son exploitation à moyen et long terme. Ainsi, si ces premiers tests réalisés peuvent parfois donner l’impression que certaines cartes sont rebattues, rien n’est encore gravé dans le marbre, bien au contraire. Tout ceci prévisage quoi qu’il en soit de l’avenir des performances graphiques sur PC, et vous pouvez compter sur nous pour continuer à analyser ces changements de très près.