Rappelez-vous, en 2010, Keiji Inafune, producteur des deux premiers Dead Rising, s'improvisait metteur en scène et nous offrait une barre de rire involontaire via le désopilant Zombrex : Dead Rising Sun. Casting à la ramasse, sfx et maquillages à peine dignes d'une production Uwe Bowll, tout était réuni pour passer un bon moment pour qui apprécie un bon Z. D'autant plus vrai que les ambitions affichées de Inafune étaient aux antipodes du résultat final. Bref, hormis ce moyen-métrage sorti sur Xbox Live, la saga de Capcom n'avait jamais eu droit à une adaptation digne de ce nom... Jusqu'à aujourd'hui.
Toutefois, ne nous emballons pas trop vite puisque Watchtower officie davantage dans le cadre très prisé des productions vite filmées, vites emballées sortant en DTV. Cependant, autant le dire tout de go, le résultat est loin d'être aussi tragique qu'on aurait pû l'imaginer de prime abord.
De l'importance d'un scénario digne de celui des jeux...
En tout premier lieu, situons le film se déroulant entre Dead Rising 2 et Dead Rising 3 et faisant intervenir un certain Chase Carter, journaliste de son état, qui va devoir percer le mystère derrière une rumeur voulant que le Zombrex ne serait plus aussi efficace pour traiter les personnes infectées. Rajoutez une armée américaine un peu louche (pléonasme ?), quelques seconds couteaux aidant Chase dans sa quête de la vérité, un gang de pillards décérébrés et vous obtenez grosso modo le scénario de ce Watchtower.
Si dans l'absolu, le spectateur ne s'attendra pas à une leçon d'écriture en voyant une adaptation d'un Dead Rising, les scénaristes se sont tout de même sentis obligés de donner un peu d'épaisseur à l'ensemble. Le hic est qu'avec toute la bonne volonté du monde, difficile de ne pas être sceptique face au résultat. Les acteurs ont autant de charisme qu'une tranche de pain de mie et si on retrouve bien Dennis Haysbert (24 Heures Chrono) en général ainsi que Virgina Madsen (Candyman) au casting, l'un semble perdu dans un rôle trop caricatural pendant que l'autre essaie tant bien que mal de nous faire vivre son passé tragique à travers quelques scènes maladroitement écrites et jouées. Reste Rob Riggle endossant la défroque de Frank West et intervenant à intervalles réguliers, via un journal télévisé en direct live, pour commenter la situation tout en balançant des vannes à la vitesse d'un AK-47. Une façon comme une autre d'offrir au film un lien fort avec les jeux, cette tâche étant également dévolue à quelques clins d'oeils synonymes d'objets iconiques de la saga, d'armes combinées ou d'un plan furtif où l'on peut apercevoir Dead Rising 3... Pas bien raccord avec la ligne temporelle mais qui s'en plaindra ?
Un DTV oui, mais de qualité ?
Sorti de son scénario, Watchtower se pare d'une réalisation fort honnête, le réalisateur se permettant même un plan séquence de plusieurs minutes, certes peu percutant à cause de sa vitesse réduite et le plaçant beaucoup plus comme un «caprice» de Zach Lipovsky qu'un besoin à l’avancée de l'action, mais suffisamment étonnant pour ce genre de prod pour qu'on s'y attarde. Si le reste oscille entre des dialogues peu utiles et des scènes fleurant bon la série B, on prend tout de même du plaisir à mater le résultat. Il faut aussi avouer qu'en affichant dès le départ un ton décomplexé et la simple envie de plonger le fan (ou non) dans un univers codifié sans se prendre la tête une seule seconde, Watchtower réussit sa mission sans accéder pour autant au statut d'indispensable du B-movie à l'inverse par exemple d'un Zombeavers ou d'un Sharknado.
Néanmoins, ne boudons pas notre plaisir car au-delà de son statut d'adaptation sans prétention, Watchtower ne prend jamais son spectateur pour un idiot et essaie vaillamment de proposer un résultat surfant aussi bien sur la «vague zombies» que sur «l'adaptation de jeux vidéo» qui connait un regain d'intérêt depuis plusieurs mois. Il y réussit parfois, se plante lamentablement à d'autres moments mais dans les faits, le résultat global est loin d'être à jeter.