Ce n’était certes pas forcément le plus gros problème de la marque à l’heure actuelle, mais force est de le reconnaître : les pilotes Catalyst d’AMD n’ont jamais vraiment réussi à convaincre, et ont continué tout au long de leur existence à traîner la réputation d’un outil de gestion lent, lourd, et parfois buggé. Un état de fait qui devrait toutefois prendre fin prochainement, si tout va bien, puisqu’AMD vient d’annoncer le lancement d’une toute nouvelle interface pour les pilotes de ses produits graphiques, une interface baptisée Radeon Software Crimson Edition.
Et que va-t-on retrouver derrière cette appellation ? Pour commencer, un panneau de contrôle entièrement revu, et dont l’inspiration graphique semble parfaitement raccord avec celle de Windows 10 : un bouton HOME, des thèmes et des applications rassemblés sous forme d’onglets et de tuiles, des indicateurs plus visuels, le tout renvoyant indéniablement une impression de clarté et de modernité par rapport à une interface Catalyst vieillissante.
Sur un plan plus fonctionnel, on y retrouvera notamment un univers "Gaming", qui permettra d’associer chaque titre installé, à un profil de paramétrage particulier. On pourra ainsi choisir au cas par cas le type d’anti-aliasing ou de filtrage de texture que l’on voudra appliquer sur un jeu, mais également lui définir un éventuel profil d’overclocking. Pratique, pour gagner systématiquement quelques FPS sur un The Witcher 3, ou un Batman Arkham Knight par exemple. En parallèle, les autres fonctions classiques de la marque (FreeSync, VSR, etc…) se répartiront par affinité dans d’autres onglets : Video, Display, ou Eyefinity. On notera qu’au-delà de l’aspect visuel, AMD insiste sur la réactivité bien plus grande de son environnement, un gain que l’on doit notamment à l’abandon de la plateforme .NET au profit de Qt.
Evidemment, si AMD s’était arrêté là, on aurait pu rapidement crier au simple changement de façade. Toutefois, il semblerait que la stratégie de la firme sur toute cette partie logicielle soit plus ambitieuse. En effet, d’autres fonctionnalités et outils devraient rejoindre à termes cette nouvelle interface. Des outils liés aux applications VR, par exemple, et lors de notre entretien avec les représentants d’AMD, le terme d’écosystème a même été lâché. Un terme également largement utilisé par NVIDIA pour définir son système GeForce Experience, et qui marquerait un vrai tournant pour AMD. Jusqu’à présent, la firme avait régulièrement fait appel à des partenaires tiers pour gérer la partie applicative de ses technologies : ce fut par exemple le cas pour la 3D, qui nécessitait l’utilisation de logiciels comme TriDef 3D, ou pour l’optimisation des paramétrages des jeux, intégrée au système Raptr. Toutefois, ce qu’AMD gagnait sans doute en coût de développement, qui étaient alors partagés, elle le perdait en cohérence et en réactivité, par rapport à un concurrent, NVIDIA, qui maitrisait au contraire ses environnements logiciels de A à Z.
Au final, cette volonté de reprendre la main sur sa partie logicielle devrait être un signe positif pour AMD. Reste maintenant à savoir si ce mouvement, qui vise à poser de nouvelles bases, n’est pas déjà trop tardif. Comme nous en débattions récemment dans notre dernier Journal du Hardware, la société est dans une situation financière inquiétante, et devrait jouer ses dernières cartes dans les mois à venir, que ce soit avec sa nouvelle architecture Zen côté CPU, ou Arctic Island côté GPU.