"À la recherche de..." est un format vous présentant les entrailles d'un jeu annulé ou repris à zéro. À travers diverses vidéos, images et interviews, nous essayons de donner un visage au dur labeur de studios n'ayant pas pu terminer leurs œuvres. Project Titan, The Getaway 3, Prey 2, Silent Hills, Half-Life Dreamcast, StarFox 2, la liste est longue et nombre d'entre eux méritent qu'on leur rende un hommage.
Si vous souhaitez par ailleurs que nous revenions sur un jeu précis, n'hésitez pas à le faire savoir dans les commentaires !
Depuis ses débuts au cinéma en 1977, la série Star Wars s’est penchée sur un très large spectre de médias afin de toucher toujours plus de monde. Si les amateurs de romans reconnaissent par exemple le nom de Timothy Zahn, les joueurs eux ne peuvent pas rester de marbre lorsque l’on évoque LucasArts. Cette branche de Lucasfilm dédiée à l’art vidéoludique aura offert des grands classiques tels que la saga des Monkey Island ou Grim Fandango à des générations entières de joueurs. Mais à l'arrivée des années 2000, le studio est un peu en perte de vitesse et les développeurs se lancent dans un gigantesque défi technique orchestré par George Lucas en personne. Lorgnant un peu sur le succès d’Uncharted, ce jeu aux graphismes époustouflants et à l’action explosive a disparu au moment où le septième film faisait son apparition. Préparez les mouchoirs, nous partons à la recherche de Star Wars 1313 !
Envolée et chute de LucasArts
Nous sommes en 1982, George Lucas est au sommet de son art avec la sortie prochaine du troisième épisode de l’une de ses œuvres les plus remarquables, Star Wars. Evidemment, l’homme est également habile dans les affaires et c’est donc tout logiquement qu’il décide de créer sa division spécialisée dans l’informatique et les jeux vidéo. Tout d’abord nommé Lucasfilm Games, ce studio se tourne rapidement vers un genre très en vogue à l’époque, le jeu d’aventure. Leur titre Maniac Mansion, ne sera que le premier d’une longue série d’excellents Point’n Click acclamés aussi bien par la critique que par les joueurs dont nous retiendrons, entre autres, Indiana Jones and the Last Crusade, Monkey Island ou encore Day of the Tentacle, même si d’autres titres issus de genres variés viendront gonfler le catalogue de l’éditeur.
Nous arrivons au milieu des années ’90 et alors que la société est considérée au même titre que Sierra comme une faiseuse de Best-Seller, la Doom-mania va changer un peu la donne. Suite au gigantesque succès du FPS que l’on doit en grande majorité à id Software, de nombreux studios vont se lancer dans le Doom-like et même si LucasArts souhaite persévérer dans le Point’n Click, son genre fétiche mais vieillissant, il est temps de se renouveler. C’est à cette époque que les développeurs vont commencer à toucher à la licence Star Wars qui n’avait pas beaucoup été exploitée par la compagnie jusqu’à lors.
Une vague de jeux faisant la part belle aux Jedi, aux Sith, aux X-Wing, aux TIE et autres joyeusetés de l’univers conçu par notre bon George va ainsi déferler dans les boutiques. La maison-mère va alors commencer à orienter petit à petit LucasArts vers les jeux Star Wars, minimisant la création de licences et favorisant les genres à la mode. C’est ainsi qu’en 2000, la firme ayant fait connaître Tim Schafer fait ses adieux aux Point’n Click par le biais d’Escape from Monkey Island, précédé par le génialissime Grim Fandango. Le rythme de production va alors fortement ralentir et la société se contentera surtout d’éditer les jeux plutôt que de les développer. Durant toute la première décennie du nouveau millénaire, elle va perdre peu à peu sa grande réputation aussi bien auprès des développeurs que des joueurs. L’arrivée de Jim Ward à la tête de LucasArts en 2004 sonnera le début d’un règne sévère et contesté.
Il venait du cinéma. Son objectif n’était ni plus ni moins que de changer entièrement la façon dont l’industrie fonctionnait par la simple force de sa volonté. Il s’est avéré qu’il ne pouvait pas la changer de la manière qu’il le voulait. Mais il n’était pas le genre de mec à l’accepter. – Un employé de LucasArts souhaitant rester anonyme
Durant la période Ward, de nombreux jeux seront annulés ou modifiés au dernier moment pour des raisons plus que critiquables. C’est le cas de Fracture, un titre paru en 2008, mais qui était encore en travaux en 2006. Alors que l’équipe de Day 1 Studios avance bien, LucasArts fait savoir un beau jour qu’il faut transformer ce FPS en TPS, changement dont Jim Ward ne semble pas évaluer les conséquences. D’autres titres tels que Star Wars : The Force Unleashed ou Star Wars Battlefront 3 seront en proie à ces mauvaises surprises conduisant parfois à des annulations ou des jeux mal finis. L’éditeur passe ainsi du stade de société géniale à celui d’infréquentable :
Nous en sommes arrivés à un point où il était difficile de recruter de nouveaux talents parce que ces histoires s’ébruitaient. Les gens pensaient que nous tenions une maison de fous. – Un employé de LucasArts
À cette époque, la société compte encore trois équipes de développement, la première est responsable de la série Star Wars : The Force Unleashed (Le pouvoir de la Force), la seconde travaille surtout sur les jeux Indiana Jones et la troisième enchaîne les prototypes, tous refusés par George Lucas. Ils seront reconvertis en division mobile. Vous l’aurez compris, l’ambiance au sein de la compagnie est particulièrement morose en raison d’un directeur quelque peu tyrannique et d’un réalisateur difficile à contenter. Pourtant, au sein de ce chaos commence à germer une idée miraculeuse qui pourrait faire du bien à tout le monde. Le premier pas sera fait par George Lucas qui travaille depuis de plusieurs années sur une série télévisée nommée Star Wars : Underworld. Censée se dérouler dans les bas-fonds sordides de Coruscant, cette œuvre était conçue comme un projet extrêmement ambitieux par le réalisateur américain. Recrutant à tours de bras, investissant des sommes folles dans le développement, le papa de la saga se met même à rêver d’un jeu vidéo…
LucasArts est donc missionné en 2009, il faut un titre pour accompagner Star Wars : Underworld. Un concept lumineux réussira à naître, réaliser un RPG en open-world semblable à ce que BioWare a pu proposer avec Knights of the Old Republic. Cette idée ravit l’ensemble des développeurs, mais un peu moins la direction qui reprendra très rapidement les choses en main : « Faites un FPS classique, c’est ça que les gens veulent ». Le nouveau mot d’ordre est de faire ce qui marche, un Star Wars à la sauce Call of Duty, un Star Wars inspiré de Farmville… Tout le monde redescend donc sur Terre, et pense que, de toute façon, le projet sera annulé au vu des déboires financiers que connait la série télévisée.
Mais alors que la production est laissée à l’abandon depuis des mois, George Lucas vient mettre son nez dans cette affaire et la relance pour de bon. Etonnamment, le cinéaste est plutôt emballé par l’idée de jeu de rôle originale. L’équipe est donc mise en place en avril 2011 et comprend à sa tête Dominic Robilliard, un jeune espoir d’une trentaine d’année débauché chez Lucas Labs, une branche dédiée à l’expérimentation vidéoludique. Pendant les phases de brainstorming, les regards vont alors tous converger vers une même production au succès retentissant, Uncharted. Le titre de Naughty Dog séduit tout le monde, notamment la direction qui s’extasie devant les chiffres de ventes de la série, et ses mécaniques pourraient tout à fait être appliquées à leur projet. Petit à petit, le RPG en monde ouvert deviendra donc un jeu d’aventure linéaire et notre bon George va donner une piste de scénario en accord avec sa série. L’homme souhaite que le joueur dirige un chasseur de prime lambda dépourvu de tout pouvoir et qui devra évoluer dans la jungle obscure du sous-sol de Coruscant.
Le travail sur ce Star Wars : Hive commence donc avec l’Unreal Engine 3, le moteur de la société Epic Games et les choses avancent plutôt vite. Il faut dire que les développeurs ont à leur disposition trois autres filiales du groupe spécialisées dans les effets spéciaux, la musique et l’animation. La dernière d’entre elles permettra par ailleurs l’utilisation de la Motion Capture afin de donner un rendu très convainquant aux personnages. Un objectif est alors fixé en interne, dévoiler le jeu lors de l’E3 2012 ! Et même si tout le monde livre un travail acharné, la bonne ambiance est régulièrement gâchée par celui qui avait été accueilli en héros il y a à peine quelques mois, George Lucas. Tout comme Jim Ward, l’homme ne comprend pas vraiment la manière de fonctionner d’un studio de développement et arrive bien souvent avec une de ses idées qui vient tout mettre sens dessus dessous. « Il faut changer le ton général de l’aventure, il faut que ce soit plus sombre. », « J’ai changé d’avis, ce point n’est pas très cohérent, il faut que ce personnage ne soit pas originaire de Coruscant », sont le genre de décisions tardives qui agacent. Mais le "caprice" le plus mémorable reste certainement celui survenu au début de l’année 2012…
Alors que la grande présentation de l’E3 est prévue dans quelques semaines, le cinéaste fait son entrée dans les locaux. Cela fait bien longtemps que les développeurs se crispent à chacune de ses apparitions et le sujet du jour va leur rappeler pourquoi. « J’ai bien réfléchi et il ne faut pas que le chasseur de prime soit un personnage lambda. Ce sera Boba Fett. ». Stupeur générale dans le studio. Un tel changement sera impossible à réaliser à temps et le modèle utilisé pour le héros devra donc rester le même. Mais qu’importe, le grand monsieur a rendu son verdict et l’équipe doit s’adapter. Le nom est même modifié et déposé en mai 2012, Star Wars 1313. Ce chiffre est un clin d’œil à CT-1313, un faux nom utilisé par Boba Fett dans Maze of Deception, un roman racontant la jeunesse du chasseur de prime. Vous vous en doutez, le 6 juin au salon de Los Angeles, tous les fans soupçonnent le jeu de se concentrer sur ce personnage iconique, mais il y a un problème de taille. Les développeurs n’ont aucune asset du Bounty Hunter à présenter et sont donc obligés de mentir aux journalistes en jouant les étonnés lorsqu'on leur parle de la drôle de coïncidence avec le pseudonyme CT-1313… Peu importe, Star Wars 1313 est enfin dévoilé au monde entier dans une démo de plusieurs minutes et le moins que l’on puisse dire, c’est que LucasArts fait sensation !
Une histoire sombre
Avec George Lucas dans les parages, le scénario s’annonce comme particulièrement prenant et le ton bien plus mature apporte une nouvelle fraîcheur à la saga. Le jeu s’ouvre avec un prologue prenant place sur la planète Tatooine. Nous y retrouvons un Boba Fett extrêmement jeune avec pour seul signe reconnaissable le casque de son père, le reste de son équipement étant de simples vêtements. Evidemment, notre héros sert ce bon vieux Jabba le Hutt et voit défiler de nombreux chasseurs de primes travaillant pour le compte des divers boss du coin.
Peu après cette introduction, notre personnage débarque sur la belle planète de Coruscant afin de venir y retrouver une connaissance... Enfin, si en surface l’architecture des lieux a de quoi faire rêver, ce n’est pas le cas des étages inférieurs qui ne sont que des repères malfamés et dangereux. S’y entassent des chasseurs et des parrains de la pègre subsistant en distribuant illégalement des carcasses de Tauntauns remplies d’épice (drogue) aux quatre coins de la galaxie. Ce trafic représentera d’ailleurs une composante importante de nos aventures au sein de Coruscant. Nous descendons les différentes couches de la cité à bord de notre vaisseau avec un invité de marque, un Trandoshan qui pourrait bien valoir une jolie petite somme. Alors que nous approchons doucement du 1313ème étage, une troupe de pillards s’attaque à notre navire et après un intense combat réussit à s’échapper avec la caisse contenant le prisonnier. Vous vous lancez donc à la poursuite de vos opposants qui parviennent à libérer le Trandoshan de sa cantine scellée. Une course poursuite avec le reptilien s’engage alors à travers les quartiers ravagés et le marché rempli des fameuses carcasses de Tauntauns évoquées plus tôt. Une fois que vous l’aurez rattrapé, vous pourrez alors le faire prisonnier à nouveau pour l’apporter à un marchand d’esclaves. L’étage 1313 et sa vingtaine de quartiers tous plus glauques les uns que les autres ne demandent plus qu’à être visités. Prenons par exemple le coin dédié à l’amusement qui pullule de Twi’Leks vous proposant leur service dans le plus simple apparat à côté de Trandoshans alcooliques en pleine partie de jeux d’argent.
Le voyage de la surface de Coruscant à 1313 est comparable à l’Enfer de Dante. C’est un peu un voyage à travers l’enfer de Star Wars. C’est une façon d’amener les joueurs du Star Wars qu’ils connaissent à un tout nouvel univers – Phil Szostak, designer sur Star Wars 1313
Mais vous ne serez pas seul dans votre quête puisqu’un droïde (du même modèle que le C-21 Highsinger) vous accompagnera durant tout votre périple qui vous emmènera ensuite un étage plus haut, une fois de nombreuses quêtes accomplies. Vous voilà donc au 1314, une couche particulièrement horrifique et abandonnée de Coruscant. Alors que votre précédent terrain de jeu était plein de vie, vous êtes ici face à un monde sans lumière rempli de créatures délaissées par la civilisation. La suite de l’histoire n’a malheureusement jamais été révélée, même si nous savons que Boba Fett aurait levé le voile sur une grande conspiration criminelle impliquant très certainement les vendeurs de Tauntauns à l’épice. De nombreuses embûches devaient venir barrer la route à notre Bounty Hunter, dont la trahison de son fidèle droïde. Il faut également savoir que suite aux nombreux changements imposés par George Lucas, le scénario a beaucoup évolué et certains personnages ont été remplacés.
Comme nous l’avons évoqué, à l’origine l’intrigue de Star Wars 1313 devait placer au centre de son histoire un chasseur de prime lambda qui était accompagné, non pas d’un droïde, mais d’un autre personnage que nous pouvons apercevoir dans le trailer de 2012. Boba Fett devait également être aidé par un mentor du nom de Kelic possèdant des jambes robotiques et une armure comprenant un casque qui ferait pâlir d’envie les Daft Punk.
Quand Boba Fett se prend pour Nathan Drake – Le gameplay
Comme nous l’avons vu, l’équipe de LucasArts est séduite par la façon dont se manie Nathan Drake dans la série Uncharted. Naughty Dog a réussi à créer un gameplay tout à fait particulier rendant les phases d’exploration de ce titre à la troisième personne très dynamiques et par conséquent propices aux sensations fortes. La greffe semble avoir bien fonctionné puisque dans la vidéo de l’E3, notre chasseur de prime saute d’un vaisseau à un autre, s’agrippe à un tuyau qui se brise pour se rattraper à celui juste en dessous… Bref, l’action y est intense, bien qu'assez guidée et offre de nombreuses scènes spectaculaires lors des phases de plateforme. Les parties de shoot se caractérisent également par quelques scripts bien sentis, comme lorsque notre héros à couvert empoigne un ennemi situé juste derrière une caisse, à la manière d’un James Bond ou d’un Indiana Jones.
Tout comme ces personnages, notre cher Boba est par ailleurs dépourvu de tout pouvoir ce qui reste assez rare pour un jeu Star Wars. Vous n’incarnez pas un super héros, mais un homme qui se sert de ses poings et de ses Blasters, là où les précédentes productions reposaient souvent sur les sabres laser et la Force. Vous pourrez également compter sur un arsenal d’armes secondaires telles que des grenades ou un mini lance-flamme intégré à votre armure. Votre armure justement, parlons-en. Au début du jeu, Boba Fett commence avec de simples vêtements génériques, la seule chose reconnaissable étant le casque iconique de son papa. Au fur et à mesure que votre aventure avance, vous récupérez des équipements, des gants, des bottes, un plastron ou encore différents gadgets pour arriver à la fin du jeu à l’armure Mandalorienne que nous connaissons.
Pourquoi a-t-il disparu ?
Après la fameuse présentation de l’E3 2012, le monde entier attend ce nouveau jeu qui pourrait bien symboliser une renaissance pour LucasArts. Les développeurs rentrent donc à la maison avec le sentiment du devoir accompli, et ce malgré les déboires de dernière minute occasionnés par le saint patron, George Lucas. Le travail reprend donc de plus belle et l’ajout de Boba Fett peut donc se faire.
Nous étions tous très heureux et motivés à l’idée de faire de Star Wars 1313 le meilleur jeu Star Wars de tous les temps. C’était fun de voir les fans s’extasier. C’était aussi fun de montrer au monde entier leur premier jeu next-gen. Nous avons eu beaucoup de problèmes pour ça. – Un employé de LucasArts
Et oui ! Star Wars 1313 est, avec Watch Dogs, l’un des deux premiers jeux next-gen à avoir été présenté aux joueurs du monde entier, sans qu’ils ne le sachent vraiment d’ailleurs. La sortie a été plus ou moins annoncée pour la fin de l’année 2013 et la plupart des journalistes, dont notre cher Hiro, pense que cela se fera sur Xbox 360 et PlayStation 3. Dans le plus grand secret, le développement est en fait réalisé pour Xbox One et PlayStation 4, l’équipe ne se dit pas encore prête à parler des plateformes visées et confirme juste la version PC. Les développeurs travaillent d’arrache-pied afin de présenter un peu plus en détails leur bébé lors de la Gamescom, puis lors de la Star Wars Celebration VI. De nouveaux screenshots et artworks font leur apparition, mais c’est un peu la tempête avant l’accalmie. En août 2012, un changement de personnel dans les hautes instances de LucasArts impose quelques restrictions. Le directeur, Paul Meegan, cède sa place à Kevin Parker et Gio Corsi qui réorganiseront le studio à leur façon, ce qui touchera notamment 1313. L’équipe ne peut plus embaucher qui que ce soit et se fond dans un mutisme des plus inquiétants.
Fin octobre 2012, Disney met la main sur la très convoitée société Lucas Films et par extension sur LucasArts. Si au moment du rachat, les fans s’inquiètent au sujet du septième film tout juste annoncé, la question des productions vidéoludiques est rapidement mise sur la table. La "Mickey Corp" prétend que « Pour l'instant, tous les projets sont maintenus », mais dans les coulisses, la réalité est toute autre… Les développements de jeux vidéo, dont Star Wars 1313, n’ont pas été annulés, mais mis en pause indéfiniment. Pour tout dire, Disney n’a jamais vraiment pensé vouloir garder un studio de développement chancelant et à la réputation altérée, au grand dam de l’équipe de Robilliard. Ce qui devait arriver arriva, le 3 avril 2013 au matin, les 150 employés de LucasArts apprennent qu’ils sont licenciés…
Après avoir évalué notre position dans le marché du jeu vidéo, nous avons décidé de passer LucasArts d’un modèle de studio de développement interne à un modèle d’accord de licence, minimisant les risques encourus pas la compagnie tout en garantissant des jeux Star Wars de qualité. – LucasArts (et Disney), le 3 avril 2013
On peut le tester ? – Non
Malheureusement, Star Wars 1313 n’a jamais été publié et risque bien de ne jamais voir le jour. Les employés ont retrouvé du travail ailleurs, à commencer par Dominic Robilliard qui officie aujourd’hui chez Sony Computer Entertainment et ne garde sûrement de cette production qu’un goût amer. Après avoir été valdinguée aussi bien par une direction d’entreprise peu tentée par l’innovation, que par un George Lucas capricieux, l’équipe se retrouve donc à la rue avec en poche quelques disques durs poussiéreux contenant le fruit de deux années de travail.
Pour autant, il est clair que nous n’avons pas tout vu. Pour commencer, lors de sa présentation de la Star Wars Celebration VI, le chef du projet a joué en direct devant un public en folie. On peut donc considérer qu’une version démo de 1313 existe bel et bien et reprend, peu ou prou, ce que nous avons pu voir durant le trailer de 6 minutes dévoilé durant l’année 2012.
L’autre média important et existant, mais pour l’instant inconnu du grand public est la fameuse démo qui aurait dû être présentée lors de l’E3 2013. Faisant près d’une quinzaine de minutes, celle-ci permet d’aller au-delà de ce qui avait été présenté en 2012 en nous dévoilant la course poursuite avec le Trandoshan dans les dédales du marché de l'étage 1313. La mauvaise nouvelle, c’est que cette présentation n’a jamais été terminée et comporte ainsi de nombreux modèles manquants. La bonne, c’est qu’elle n’est pas réservée uniquement aux anciens développeurs du projet. En effet, nos confrères d’IGN ont eu le privilège de pourvoir y jeter un œil et n’en sont finalement ressortis que plus déçus de cette annulation. Une chose est claire, nous ne pourrons très certainement jamais mettre la main sur Star Wars 1313, mais il se pourrait en revanche qu’un héritier soit en gestation du côté de chez Visceral Games…
Epilogue : Un héritier chez Visceral Games
Un mois après la fermeture de LucasArts, Disney annonce son accord avec Electronic Arts qui s’occupera du développement des prochains jeux Star Wars. Dans la foulée, l’éditeur américain dépêche ses studios et lance deux projets, Battlefront du côté de Dice et un autre titre réservé à Visceral Games. Les papas de la série Dead Space se sont en réalité lancés dans un jeu décrit comme un héritier à 1313, et pour cause, c’est Amy Henning qui en dirigera la création. Il s’agit de l’une des scénaristes majeures de la série Uncharted, qui risque bien d’apporter sa touche si particulière à cette future production censée comprendre un monde ouvert. Nolan North, doubleur de nombreux personnages de jeu vidéo dont Nathan Drake, n’a pas pu s’empêcher d’offrir quelques bribes d’information à ses fans lors de la Metrocon qui s’est tenue en juin dernier :
Si vous êtes fan d'Amy Henning et de son style d'écriture, sachez qu'elle est partie chez EA et travaille sur une toute nouvelle licence Star Wars, dans le style d'Uncharted. (...) Il se trouve que je sais beaucoup de choses du jeu, et que ce sera génial. (Concernant Star Wars 1313), c'est différent et en même temps dans le même esprit. – Nolan North, voix de Nathan Drake et bien d'autres personnages
Il se pourrait donc que le regretté Star Wars 1313 réussisse à renaître par l’intermédiaire de Visceral Games, même s’il faudra très certainement dire adieu à la vision très intéressante de Coruscant. La dernière production de LucasArts se voulait radicalement plus mature que la plupart des jeux de la série, un souhait de George Lucas en personne. Mais avec l’arrivée de Disney et son esprit un peu puritain, il reste assez peu de chance pour que nous puissions voir un jour les bas-fonds crasseux de l’étage 1313 grouillant de Twi’Leks tentant de vendre leurs services ou une mafia gérant d’immenses trafics de drogues. Star Wars 1313 est donc à ranger dans le tiroir des jeux qui sont définitivement morts et enterrés, un gâchis énorme aussi bien pour les fans de la saga que pour les joueurs. L’un des derniers espoirs est donc entre les mains de Visceral Games et Amy Hennig, espérons donc que ce mariage sera heureux.
Making-of de Star Wars 1313