Qui, d’AMD ou de NVIDIA, saura le mieux tirer parti des nouvelles fonctionnalités de l’API DirectX 12, inaugurée par Windows 10 ? A n’en pas douter, cette question sera au centre des prochaines batailles que se livreront les deux concurrents, comme le montre cette polémique qui a éclaté à la mi-août, et qui ne cesse de rebondir depuis quelques jours.
De quoi parle-ton exactement ? Durant le courant du mois dernier, le développeur Oxide Games a diffusé un benchmark en lien avec le STR futuriste qu’il développe actuellement, Ashes of the Singularity. Un benchmark qui a cristallisé l’intérêt pour une bonne raison : le titre d’Oxide intégrant le support de DirectX12, cette version de démonstration donne l’occasion pour la première fois de mesurer l’impact pratique de cette nouvelle API sur le parc actuel de cartes graphiques.
De fait, plusieurs sites spécialisés, à l’image de PC Perspective ou Ars Technica, se sont lancés dans des comparaisons sur ce sujet, mettant en opposition différentes cartes estampillées AMD ou NVIDIA, et les résultats se sont montrés sans appel : l’équipe des rouges domine celle des verts de la tête et des épaules, une R9 290X arrivant à se hisser au niveau d’une GeForce GTX 980 Ti lorsque le benchmark est configuré en mode DX12 (A titre indicatif, les performances de la première sont plutôt très inférieures à celles de la seconde sous DX11, ce que confirme les tests dans ce cas de figure, d’ailleurs). Il s’agissait évidemment d’un revers médiatique important pour NVIDIA, mais l’histoire aurait sans doute pu s’arrêter là, d’autant que nos confrères cités plus haut restaient très prudents sur leurs conclusions. Ils arguaient notamment (et à juste titre, selon nous) qu’il s’agissait là d’un benchmark sur un jeu en version alpha, réalisé par un développeur dont les liens avec AMD sont difficilement contestables. Par ailleurs, ils rappelaient que c’était justement toute la différence entre DirectX 11 et 12, de laisser plus de latitude aux développeurs, quant à la manière d’optimiser leur jeu pour telle ou telle architecture, et qu’un résultat sur Ashes of Singularity, n’était pas forcément révélateur d’une tendance globale à venir.
Certes… Sauf que voilà : dans la foulée de la publication des premiers résultats sur ce benchmark, les représentants de la firme au caméléon ont d’abord commencé par émettre des doutes sur les généralisations auxquels ce test pouvait conduire, avant d’arguer un problème au niveau de sa gestion du traitement MSAA. Ce à quoi un développeur d’Oxyde a répondu par la négative, indiquant alors que non seulement les représentants de NVIDIA leur avaient « mis la pression » pour qu’ils modifient les paramètres de leur benchmark (ce qu'ils ont refusé de faire), mais que les cartes NVIDIA Maxwell présentées comme supportant totalement DX12 ne géraient en fait pas la fonctionnalité dite Async Compute, alors que cette dernière étaient déclarée comme fonctionnelle par les pilotes de la marque. Vous en doutez, il n’en fallait pas plus pour enflammer la planète GPU, sur les thèmes suivants : NVIDIA aurait-il survendu son architecture Maxwell, s’agissant de sa capacité à intégrer les nouveautés DirectX12 ? Et faut-il dès maintenant miser sur AMD pour s’assurer des performances optimales dans les jeux à venir ?
La marque de sa carte graphique, prochain critère de choix pour les jeux DX12 ?
Au-delà de l'affrontement vert contre rouge, ce problème de support ou non de l’Async Compute, c’est un peu le fond du débat, et possiblement une image de ce qui pourrait advenir prochainement dans l’univers du jeu vidéo PC. Pour clarifier les choses, cette dénomination désigne une technologie AMD, qui existe toutefois également chez NVIDIA (sous le terme Hyper-Q), et qui permet à un GPU de traiter de manière concomitante des opérations Graphic et Compute (voir vidéo ci-dessous). Une manière de fonctionner qui est aujourd’hui autorisée par DirectX 12, et avec laquelle, à l’évidence, AMD semble plus à l’aise que NVIDIA aujourd'hui. Pour le moment, les représentants NVIDIA (nous les avons contacté) réservent encore la réponse officielle qu’ils vont dégainer sur ce point technique en particulier.
Toutefois, au vu des arguments avancés par les deux parties ces derniers jours, on peut deviner que ce type de problématique a vocation à revenir régulièrement sur le tapis. Et si le cas de figure actuel donne le beau rôle à AMD pour cette fois (et pour l'instant), les choses pourraient se trouver complètement inversées sur un autre jeu, avec un autre développeur. Un avis qu'AMD ne semble d’ailleurs pas loin de partager, puisque l’un de ses représentants, Robert Hallock, vient lui-même de le reconnaître : le support à 100% de DirectX 12 n’existe pas aujourd’hui. Et s’il existe certaines fonctionnalités que les cartes Radeon gèrent avec efficacité, il en est d’autres vis-à-vis desquelles la concurrence sera tout autant avantagée. Un choix qui sera laissé à la discrétion des développeurs, et qui nous ouvre des perspectives fort peu réjouissantes : car si la réponse attendue de la part de NVIDIA sur cette polémique saura la faire rebondir de plus belle, il semble d’ores et déjà acquis que la question n’est plus de savoir s’il faudra choisir l’un des constructeurs plutôt que l’autre, afin de profiter d’une expérience idéale sur des jeux DirectX 12, mais si l’on ne sera pas obligé d’avoir prochainement les deux à la maison, afin de pallier à toute éventualité, et le temps que développeurs et fabricants de solutions graphiques trouvent un nouveau point d’équilibre autour de DirectX 12. Le raisonnement est évidemment osé, mais il marque bien notre inquiétude, devant les évolutions qui pourraient découler de l'arrivée de la nouvelle API de Microsoft. Quoi qu'il en soit, cette question, et toutes celles liées aux applications vidéoludiques de DirectX 12 devront attendre... Attendre l'arrivée de jeux définitifs et de benchmarks plus complets. ARK : Survival Evolved devrait à ce titre profiter d'un patch DX12 sous peu, puis viendra le tour de Fable Legends et de Rise of the Tomb Raider.