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Dans ce nouveau volet de BTG, nous vous proposons un retour sur l'une des affaires les plus marquantes du jeu vidéo : le mod Hot Coffee de Grand Theft Auto : San Andreas. Pour ceux qui l'ignorent, sachez que la polémique qui a entouré cette affaire a suscité l'une des pires levées de boucliers de la part de la classe politique à l'encontre d'un jeu vidéo. Retour sur l'une des plus grosses taches au tableau des succès de Rockstar.
Juin 2005. Les joueurs PC découvrent avec délectation les aventures de Carl 'CJ' Johnson dans la grande ville de San Andreas. Comme d'habitude, les versions consoles avaient devancé l'itération PC de quelques mois. Mais la sortie de Grand Theft Auto : San Andreas sur ordinateur ne fut pas qu'encensée par la presse. Et pour cause, la version PC se voyait "augmentée" d'un petit mod normalement inaccessible, appelé Hot Coffee. Derrière ce nom de code se cache en vérité une allusion plutôt graveleuse. Cette fonctionnalité permet en effet au protagoniste d'avoir une relation sexuelle avec sa petite amie en jeu, le mod se déclanchant quand l'intéréssée proposait un café chaud (hot coffee en anglais) à CJ. Rockstar ne faisant que rarement dans la demi-mesure, le mod proposait en vérité une relation sexuelle sous forme de mini-jeu, au même titre qu'il est possible de fréquenter des salles de musculation. Vous voyiez donc une "jauge d'excitation" apparaître qu'il vous fallait alors faire grimper pour atteindre le climax.
Un tollé sans précédent
Un petit mod comme le PC en regorge pensait-on alors. Sauf que la présence du mod Hot Coffee a été découvert a posteriori dans le code des versions Xbox et PS2, qui étaient sorties 9 mois plus tôt. Pire, les joueurs sur consoles ont été en mesure d'activer les fonctionnalités de ce mod via quelques manipulations sur leur machine.
Où est le problème ? Evidemment ce n'est pas le sexe. On connaît aussi Rockstar pour sa propension à proposer des références assez coquines dans ses jeux, en témoigne la possibilité de se battre avec un godemichet... (trouvable dans les douches d'un commissariat, ça ne s'invente pas). Le vrai problème, c'est que le jeu a été classifié M (l'équivalent du PEGI 16 chez nous) et non pas A/O (Adults Only, 18 ans et plus) au moment de sa sortie. La présence avérée de scènes de sexe dans le jeu final constitue une faute grave, non seulement de la part de l'ESRB - Entertainment Software Rating Board - mais également de Rockstar qui a en quelque sorte dissimulé des éléments dans son jeu.
= I fought the law and the law won
Le couperet tombe, GTA : San Andreas doit être réédité le 20 Juillet 2005. Il devient par là même le premier jeu triple A à se voir affublé d'un Adults Only et se voit retiré des rayons par les quatre plus gros distributeurs du pays. Autant dire que l'affaire a fait grand bruit, et que la classe politique n'a pas manqué de s'en mêler. C'est la sénatrice Hilary Clinton qui s'érige en fer de lance du mouvement. Les ennuis ne font que commencer pour Rockstar, qui a dû revoir sa copie et proposer une nouvelle version de son jeu, amputée du fameux mod Hot Coffee.
Nous devons tous être profondément troublés à l'idée qu'un jeu vidéo, qui propose une simulation d'actes sexuels dans un format interactif avec des graphismes très réalistes, puisse tomber dans les mains de jeunes personnes dans le pays. Hilary Clinton
Alors qu'elle propose une réglementation plus sévère des jeux vidéo, des plaintes collectives sont déposées à l'encontre de l'éditeur américain. Un coup dur, qui débouchera sur un total de 20 millions de dollars d'amende. Les propositions de lois affluent, et vont dans le sens de la défense des têtes blondes. La plus sérieuse d'entre elles prévoyait une peine de 5.000 $ d'amende pour un revendeur qui autorisait un mineur à se procurer un jeu réservé aux adultes. Selon un sondage de l'Institut national sur les médias et la famille, 34% des personnes qui ont acheté GTA : San Andreas n'avaient pas l'âge requis pour y jouer.
Acculé, Rockstar n'avait bien sûr pas le choix et a dû se plier aux réglementations de son pays. N'en déplaise, l'éditeur n'a pas hésité à mettre en place une riposte de très bon goût dans Grand Theft Auto IV, sorti 4 ans plus tard.
Modélisée d'après le visage d'Hilary Clinton, la Statue de la Liberté voit également sa célèbre flamme être remplacée par un gobelet de café. Son petit nom est également remanié pour "Statue of Happiness"... traductible en Statue de l'Hilarité. Sales gosses.
* L'expression BTG est l'acronyme de "Bien ta grotte" qui exprime l'idée du retard en faisant comprendre à quelqu'un qu'il a manqué une information, importante ou non, connue du plus grand nombre.
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