Après avoir abordé l'adaptation 3DS de l'Attaque des Titans et le jeu inspiré de Terra Formars, nous avons sélectionné un autre exemple se prêtant assez bien à l'exploration des ponts existant entre les mangas et les jeux vidéo. Car s'il est vrai que ces déclinaisons n'ont jamais eu très bonne réputation auprès des joueurs, il est toujours assez intéressant de voir de quelle manière on peut passer d'un média à un autre sur une thématique identique. Cet article n'a donc pas pour but de dresser le bilan du jeu en question mais plutôt de déceler les parallèles entre la série et sa version vidéoludique. Nous tâcherons de n'y inclure aucun spoiler pour ne pas gâcher la surprise à ceux qui ne connaissent encore ni le manga ni sa version animée.
Au grand dam des inconditionnels de l'oeuvre de Masami Kurumada, la licence Saint Seiya compte très certainement parmi les moins bien loties lorqu'elle s'aventure sur le terrain des adaptations vidéoludiques.
A l'heure actuelle, il n'y en a pour ainsi dire aucune qui satisfasse pleinement les fans, la question relevant même plutôt du sujet tabou qu'on préfère généralement éviter de mettre sur la table.
Des plus anciennes aux plus récentes, ces adaptations n'ont jamais réussi à se montrer digne de la réputation du manga et de la série, contrairement à d'autres shônen sans doute moins maudits.
Malgré tout, si le débat vous intéresse et que vous souhaitez en savoir davantage sur les plus anciennes déclinaisons vidéoludiques de la licence (sur NES, Gameboy et WonderSwan Color), sachez que nous en avions déjà parlé dans le dossier Saint Seiya que nous avions réalisé à l'occasion de la première adaptation PS2 en 2005.
En attendant Saint Seiya : Soldiers' Soul
Bien que les dernières tentatives en date sur PS2 et PS3 n'aient pas vraiment réussi à relever le niveau, tous les regards sont à présent tournés vers la sortie de Saint Seiya : Soldiers' Soul, attendu dès cet automne sur PS4, PC et PS3. Le jeu fera-t-il enfin honneur à la réputation de la série ? Il est trop tôt pour le dire. Quoi qu'il en soit, le titre ne devrait pas trop s'éloigner du gameplay de Saint Seiya : Brave Soldiers et fera intervenir les personnages vus dans le nouvel anime Saint Seiya : Soul of Gold, dont la diffusion a démarré le 11 avril 2015 au Japon. Nous vous renvoyons à l'interview de son créateur si vous désirez en savoir un peu plus sur ce jeu.
Saint Seiya Omega, l'anime de la discorde
Pour ce nouveau papier autour des adaptations Saint Seiya, nous avons décidé de nous intéresser à un jeu à la fois récent et méconnu, car inédit en Occident, il s'agit de Saint Seiya Omega Ultimate Cosmo. Sujette à polémique, la série animée Saint Seiya Omega a vu le jour en 2012 et compte pas moins de 97 épisodes, tous édités en France par Kana Home Video. Elle a été produite directement par Toei Animation dans le cadre des 25 ans de la licence et prend la forme d'un spin-off inédit.
Le scénario ne provient donc pas de l'imagination de Masami Kurumada, le créateur du manga original, même si l'homme aurait tout de même soumis quelques idées à l'équipe durant le développement de l'anime. Et s'il existe bien un manga Saint Seiya Omega, celui-ci a été réalisé directement à partir de l'anime, et non l'inverse, fait unique dans toute l'histoire de la saga.
Prenant place une douzaine d'années après la fin de la première série, l'histoire de Saint Seiya Omega fait intervenir une toute nouvelle génération de Chevaliers de Bronze, parmi lesquels se trouve Kôga, sauvé par Seiya des griffes du dieu Mars et élevé sous la protection de la déesse Athéna. En tant que nouveau Chevalier de Pégase, Kôga rencontrera, au cours de sa formation à Palestre, de précieux alliés qui l'épauleront dans sa lutte contre Mars, le dieu de la guerre. Chacun d'entre eux possède une affinité particulière avec un élément naturel : le feu, l'eau, le vent, la terre, la foudre, la lumière ou les ténèbres. Et bien sûr chaque élément se révèle faible ou fort face à un autre. Leurs armures sont contenues dans des cristaux baptisés Clostones ("cloth" / "stone"), certes plus faciles à transporter que les anciennes caisses d'armures mais dont l'aspect "magical girl" n'aura pas fait l'unanimité auprès des fans.
Les nouvelles stars de Saint Seiya Omega ont d'ailleurs clairement été pensées pour s'attirer les faveurs d'un public plus jeune. Kôga de Pégase justifie sa place de leader par son côté rebelle et tête brûlée. Sôma du Petit Lion joue le rôle de meilleur ami du héros, impulsif et prêt à faire cavalier seul pour suivre ses propres objectifs. Yuna de l'Aigle est l'élément féminin au caractère doux mais affirmé qu'il fallait obligatoirement placer quelque part dans le groupe. Intelligent mais de constitution fragile, Ryûhô du Dragon évoque, à l'instar de Shun, ce petit frère que l'équipe aura envie de protéger. Héritier d'un savoir ninja, Haruto du Loup aurait lui autant sa place dans le manga Naruto que dans Saint Seiya Omega. Quant à Eden d'Orion, son côté froid et sa supériorité rappellent parfois le caractère ombrageux d'Ikki du Phénix. D'une manière générale, le côté un peu gamin du début de la série tranche carrément avec la dimension plus sombre de la deuxième saison. Les fans s'amuseront surtout à noter ce que sont devenus les anciens chevaliers qui font des apparitions ponctuelles tout au long de la série, et les liens qu'ils entretiennent avec certains de ces nouveaux héros.
Ainsi, Kôga de Pégase a été sauvé par Seiya, élevé par Saori et entraîné par Shaina, rien que ça. Shiryû a eu un fils, Ryûhô, qui est le nouveau Chevalier du Dragon malgré sa constitution fragile. Sôma a perfectionné son entraînement avec Jabu, l'ancien Chevalier de la Licorne. Et Shun a choisi d'aider les autres en s'improvisant médecin. Quant à Kiki, le joyeux disciple de Mû, il s'est considérablement assagi pour devenir le nouveau Chevalier d'Or du Bélier après la disparition de son maître, et forme même sa propre apprentie. Pas étonnant, en tout cas, que les communautés de fans ne s'y soient pas forcément retrouvées dans cet anime qui bouleverse sans complexe les fondamentaux de Saint Seiya mais qui mérite pourtant d'être découvert dans son intégralité tant il gagne en intérêt au fil des épisodes.
Le jeu Saint Seiya Omega Ultimate Cosmo
Seul jeu vidéo inspiré de la série, Saint Seiya Omega Ultimate Cosmo est sorti sur PSP au Japon le 29 novembre 2012. Comme la diffusion de l'anime n'en était encore qu'à ses débuts, on devine que le soft ne prétend pas en être une adaptation fidèle et exhaustive, les concepteurs ayant d'ailleurs fait le choix de proposer carrément une histoire inédite. Le scénario du jeu pourrait ainsi s'intercaler entre les épisodes 23 et 24 de la première saison, alors que les chevaliers sont en route pour reprendre Aria à Eden dans le château de Mars.
Trailer #1 de Saint Seiya Omega Ultimate Cosmo
Plus étonnamment, l'histoire va jusqu'à faire intervenir Poséidon, l'empereur des mers, et son lieutenant Sorrento de la Sirène, dans une intrigue où nos héros doivent réunir 7 joyaux baptisés "aquadrops" pour revêtir des armures dorées dites Ecailles de Triton. Plutôt que de mettre en scène le dieu Mars de manière prématurée, les scénaristes ont donc fait le choix de se servir de Poséidon (qui n'apparaît pas dans l'anime) pour tester la nouvelle génération de chevaliers. Ceux qui s'attendaient à revivre la première partie de la série seront donc sans doute déçus, mais le jeu a au moins le mérite de ne pas contredire l'histoire de l'anime et d'offrir aux fans un chapitre parallèle totalement inédit.
Si les séquences en animation sont très peu nombreuses, les dialogues omniprésents s'efforcent de justifier autant que possible la présence des différents adversaires que l'on affronte dans les 7 scénarios du mode Story. Kôga combattra ainsi son maître Shaina, tandis que Sôma défiera Sonia, la fille de Mars, qui a tué son père, celle-ci jouant également un rôle dans le scénario d'Eden. Yuna sera confrontée à son maître, Pavlin, Chevalier d'Argent du Paon, alors que Ryûhô, le fils de Shiryû, s'opposera à Genbu, Chevalier d'Or de la Balance et dernier disciple de Dohko. En complétant les 6 premiers scénarios (ceux de Kôga, Sôma, Yuna, Ryûhô, Haruto et Eden), le joueur peut accéder ensuite à une histoire supplémentaire, plus courte, dédiée à Seiya revêtant l'armure d'or du Sagittaire.
Les autres modes de jeu permettent de contrôler un total de 24 personnages "différents". En plus des 6 déjà cités et de leurs versions Ecailles de Triton, il est possible de se glisser dans les armures d'Eden d'Orion, de Shun d'Andromède, de Shaina d'Ophiuchus, de Sonia du Frelon, de Pavlin du Paon ou encore d'Ichi de l'Hydre. Côté Chevaliers d'Or, outre Seiya du Sagittaire, on retrouve uniquement Kiki(-sama) du Bélier, Mycènes du Lion, Ionia du Capricorne et Genbu de la Balance. Enfin, Poséidon, l'empereur des mers, et son bras droit Sorrento de la Sirène, sont également à débloquer.
Pas de miracle en revanche sur le plan du gameplay. Relativement mou et rigide, le système de combat reste archi classique, en dehors d'une ou deux idées audacieuses mais très expérimentales. Comme d'habitude, charger la jauge de cosmos donne accès à un éventail (très limité) de techniques spéciales, tandis que les combos et les projections brillent par leur manque de variété. A cosmos maximum, on peut déclencher un "cosmo burst" qui booste temporairement les capacités de notre personnage et qui débouche sur l'exécution d'une attaque Big Bang soulignée par une courte animation. Il n'y en a qu'une par combattant et, sachant que le cosmos ne se régénère pas entre chaque round, la stratégie réside surtout dans la gestion de cette jauge sur l'ensemble du combat.
La seule originalité réside dans le fait que les dégâts cumulés peuvent entraîner une destruction partielle puis totale des armures des personnages, leur disparition diminuant bien sûr considérablement leur résistances aux coups. Il existe même une technique baptisée "meteor attack" qui permet de frapper violemment l'ennemi pour l'envoyer valser contre un mur afin de pulvériser son armure d'un seul coup, mais elle est tellement délicate à placer avec succès qu'on finit par l'oublier très vite. Le plus navrant reste quand même l'IA désespérément attentiste des adversaires du mode Story, constamment sur la défensive et donc vulnérables essentiellement aux projections de base. Pas très motivant, même si le soft est également jouable en Versus à deux joueurs. Avec le recul, on comprend mieux pourquoi le titre n'avait pas forcément intérêt à quitter les frontières du Japon.
Trailer #2 de Saint Seiya Omega Ultimate Cosmo
> Retrouver des contenus similaires sur notre rubrique Cross media
Voir aussi :