Après nous être intéressés à l'adaptation 3DS de l'Attaque des Titans, nous avons choisi un autre cobaye assez récent pour explorer les ponts existant entre les mangas et les jeux vidéo. Car s'il est vrai que ces déclinaisons n'ont jamais eu très bonne réputation auprès des joueurs, il est toujours assez intéressant de voir de quelle manière on peut passer d'un média à un autre sur une thématique identique. Cet article n'a donc pas pour but de dresser le bilan du jeu en question mais plutôt de déceler les parallèles entre la série et sa version vidéoludique. Nous tâcherons de n'y inclure aucun spoiler pour ne pas gâcher la surprise à ceux qui ne connaissent encore ni le manga ni sa version animée.
Il y a quelques mois, nous avions déjà profité de l'annonce d'une adaptation 3DS de Terra Formars pour vous parler longuement du manga et de l'anime. Afin d'éviter les redites, nous ne nous attarderons donc pas exagérément sur ces derniers, cet article ayant avant tout pour vocation de vous en dire un peu plus sur le jeu, à présent que celui-ci est disponible en import. Mais si nous voulons établir des parallèles entre le soft et le manga dont il s'inspire, il nous faut tout de même vous rappeler dans un premier temps de quoi il s'agit.
Terraformer la planète rouge
Prépublié dès 2011 dans le magazine japonais Miracle Jump, puis l'année suivante dans le Weekly Young Jump, Terra Formars est un manga seinen de Yû Sasuga (scénariste) et Kenichi Tachibana (dessinateur) qui compte actuellement 13 volumes.
Toujours en cours, le manga est également publié en France par Kazé (extrait à lire), son adaptation animée ayant été diffusée en simulcast sur les plates-formes A.D.N. (Anime Digital Network) et Crunchyroll.
Si vous n'avez pas encore vu l'anime, sachez que la chaîne YouTube de Kazé vous invite à visionner les 13 épisodes gratuitement en VOST non censurée. La série animée démarrant directement à partir des événements du deuxième tome avec la mission Annex 1, deux OAV ont également été réalisées au Japon pour couvrir le tout début de l'histoire marqué par l'intervention de la mission Bugs 2, vingt ans plus tôt.
La série opte pour un contexte de science-fiction en imaginant un futur dans lequel les humains auraient trouvé une solution pour assainir l'atmosphère de la planète Mars afin de la coloniser. Devant durer plusieurs siècles, ce processus de terraformation consistant à recouvrir le sol de lichens et de cafards arrive finalement à son terme en 2577, et une mission spatiale est alors envoyée sur place pour finaliser l'opération. Mais les choses ne se déroulent pas tout à fait comme prévu et les membres de la mission Bugs 1 ne donnent plus signe de vie. Car en l'espace de plusieurs siècles, les cafards provenant de la Terre ont muté pour devenir de redoutables prédateurs qui n'ont plus rien à voir avec les créatures que nous connaissons et qui prolifèrent à vitesse grand V.
22 ans après cet incident, une autre équipe est donc expédiée sur place dans le cadre de la mission Bugs 2 afin d'exterminer ces cafards géants, et les membres qui la composent sont cette fois beaucoup mieux préparés car porteurs de modifications génétiques leur permettant de recourir à des pouvoirs de type insectoïde. Mais pour faire le poids contre ces cafards mutants, la race humaine devra déployer, vingt ans plus tard, une troisième équipe, la mission Annex 1, composée d'une centaine d'individus génétiquement modifiés, tous préparés à faire face à la menace Terraformars. Ses membres devront par la même occasion tenter de prélever des échantillons destinés à l'élaboration d'un vaccin pour neutraliser un virus extraterrestre récemment décelé sur Terre.
Sans concession, la série ne lésine pas sur la violence des affrontements livrés par chacune des escouades, ni sur les morts tragiques que ces combats engendrent. Elle prend même la peine de nous sensibiliser longuement à la dureté du passé de ces personnages en souffrance qui se battent parfois pour un proche qu'ils veulent sauver coûte que coûte, et auxquels on s'attache donc malgré nous tout en sachant que l'histoire ne les épargnera peut-être pas. C'est sans doute l'un des points forts de la série, au même titre que la singularité de ces affrontements dans lesquels on apprend à découvrir les particularités physiologiques de ces humains génétiquement modifiés par le Mosaic Organ et qui disposent chacun de capacités insectoïdes aussi fascinantes que redoutables. Ces dernières s'étendent d'ailleurs, dans certains cas, aussi aux créatures terrestres, aériennes et marines provenant de la Terre.
https://www.youtube.com/watch?v=meDIq1DtFVEEt sur 3DS, ça donne quoi ?
A défaut de faire l'objet d'un projet d'adaptation plus ambitieux, c'est sur 3DS que la série s'est vue transposée début avril sous la forme d'un jeu d'action intitulé Terra Formars : Akaki Hoshi no Gekitô et développé par le studio FuRyu, à qui l'on doit notamment les RPG Lost Dimension et The Legend of Legacy. Le titre embarque un mode Story qui s'intéresse aux péripéties de la mission Annex 1 avec une dizaine de persos jouables, un mode Challenge composé de défis un peu plus corsés et un panel de missions spéciales débouchant sur un classement en ligne. Pas de multijoueur donc, et pour ce qui est des liens directs avec la série, il faut se contenter de quelques écrans fixes issus de l'anime et ponctués de maigres dialogues prononcés par les doubleurs originaux. Inutile donc de chercher le moindre extrait vidéo, il n'y en a pas, et l'immersion en prend un sacré coup.
Même s'il respecte approximativement le déroulement de l'histoire originale, le scénario reste un simple prétexte pour nous faire enchaîner des missions qui se ressemblent beaucoup trop. Même si les objectifs diffèrent parfois (extermination, capture, évasion), on se retrouve systématiquement confiné dans des niveaux composés de minuscules arènes dans lesquelles un nombre plus ou moins élevé de Terraformars nous attend. Et là, c'est le drame... Les animations et les combos sont d'une telle mollesse qu'on nourrit le fol espoir de voir nos personnages gagner en fougue une fois leur arbre d'évolution entièrement débloqué, mais même pas. Quel que soit le héros choisi, les coups sont d'une lenteur désespérante, ce qui vaut heureusement aussi pour les ennemis, guère mieux lotis que nos soldats d'élite mystérieusement pétris de rhumatismes.
Les missions des différentes escouades pouvant être menées en parallèle, chaque membre de l'Annex 1 possède pourtant un arbre d'évolution bien à lui. Les bonus récupérés en combat permettent de renforcer ainsi l'énergie de nos héros, leur force, leur défense, leur endurance ou de rallonger un peu leurs combos sans que cela ne les dote de nouvelles skills dignes de ce nom. Même en procédant à une injection pour booster leurs capacités, nos héros n'atteignent jamais le degré de rage bouillonnante qui est le leur dans la série, et les contre-attaques ne sont guère plus impressionnantes. Utiles surtout contre les boss, des Terraformars un peu spéciaux comme le bousier ou le tisseur, ces contres consistent simplement en une parade suivie d'une attaque critique placée avec le bon timing.
Durant certains combats ou lorsqu'on franchit certaines zones de type couloir, quelques QTE basiques peuvent survenir, mais on a le temps de les voir arriver à des kilomètres et cela ne fait que souligner encore un peu plus le manque d'inspiration des concepteurs du jeu. Et quand on n'est pas trop bousculé par les cafards, on peut également tenter de capturer ceux qui sont à terre en les aspirant dans une espèce de seringue géante, une opération qui nécessite quelques secondes et durant laquelle on peut donc être interrompu. Quant aux Terraformars qui nous visent depuis les hauteurs, il est tout simplement impossible de les atteindre, de quelque manière que ce soit.
Parmi tous les protagonistes intervenant dans le manga d'origine, ont été retenus Shôkichi Komachi (frelon), Marcos Eringrad Garcia (araignée), Michelle K. Davis (fourmi), Adolf Reinhard (anguille électrique), Sylvester Asimov (crabe), Akari Hizamaru (papillon de nuit), Keiji Onizuka (squille multicolore), Alexander Asimov (scarabée) et Joseph Gustav Newton, dont les capacités offensives reposent sur le maniement d'une sorte de katana.
En support, on peut faire appel de manière très ponctuelle à quatre alliés temporaires, et il est possible de déverrouiller un Terraformar doré en guise de perso bonus via un code fourni avec le jeu. Mais le fait est qu'à aucun moment on n'a l'impression de baigner dans l'atmosphère du manga et de l'anime, l'aspect beat'em all étant quant à lui tellement raté qu'on se force littéralement à jouer pour tenter désespérément de trouver quelque chose à sauver dans tout cela.
En résumé, Terra Formars : Akaki Hoshi no Gekitô est l'exemple type de ce qu'on ne voudrait plus jamais voir en matière d'adaptation de manga en jeu vidéo. Le manque de moyens ne justifie pas le traitement si peu respectueux de la série dont on ne retrouve rien de ce qui avait pu faire la force du manga et de l'anime. Espérons qu'une autre déclinaison vidéoludique de Terra Formars viendra un jour rectifier le tir.
Trailer de Terra Formars : Akaki Hoshi no Gekitô sur 3DS
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