Cela ne vous a certainement pas échappé : la réalité virtuelle est en plein essor et elle n'est pas réservée aux grands noms de l'industrie. Si Oculus, Valve ou Sony travaillent sur leurs solutions, ils ne sont pas les seuls. La jeune société canadienne Sulon est également sur le coup avec son propre casque : le Cortex.
L'orbe : La technologie qui change tout
A l'inverse de l'ensemble des appareils concurrents, le Cortex présente une solution tout à fait singulière. Au lieu de traquer les mouvements du joueur à l'aide d'une caméra externe, le Cortex repère les mouvements via un capteur interne directement intégré à l'appareil. La petite boule à l'arrière du casque, surnommée l'orbe, se charge en effet de scanner l'environnement de l'utilisateur pour gérer tous ses mouvements dans l'espace. J'ai pu rencontrer Sulon durant la Game Developers Conference pour essayer le casque et juger sur pièces.
La première démo proposée s'appuyait sur la démo technique Matinée, réalisée sous Unreal Engine l'été dernier. L'objet de la session est double : prouver que le casque Cortex est capable de gérer les mouvements dans l'espace grâce à l'orbe, tout en adaptant la scène à la taille de la pièce. La séquence démarre, le combat débute sous mes yeux alors que je me déplace librement dans l'espace. Je m'approche de l'un des murs de la salle virtuelle, je le touche et je m'aperçois qu'il correspond effectivement à celui de la pièce dans laquelle je me trouve réellement. En clair, la technique est au point. Le Cortex est capable d'interpréter ce qui l'entoure et se suffit à lui-même pour permettre aux joueurs de se déplacer dans leur salon.
Ma première préoccupation concerne toutefois le fait que le casque soit câblé, car après tout, tant qu'un casque reste attaché au PC, impossible de naviguer librement sans risquer de se prendre les pieds dans le cordon, non ? C'est un problème que rencontrent actuellement tous les casques de réalité virtuelle. Je partage donc mes craintes avec le patron de Sulon qui décide alors de me dévoiler une seconde version du casque, sans fil cette fois-ci. L'appareil n'est pas encore tout à fait au point, mais je suis tout de même invité à l'essayer pour me faire une première opinion.
Cortex coupe le cordon
Ce coup-ci, la démo est interactive. Il s'agit d'un jeu débutant par une séquence en réalité augmentée, ce qui permet au passage de mettre en avant la double fonction du casque capable de gérer la réalité augmentée et virtuelle ! L'esprit d'une jeune femme m'explique qu'elle est retenue prisonnière par un puissant dragon au cœur d'un donjon souterrain. Il me faut la délivrer en me plaçant d'abord sur le portail qui vient d'apparaître dans un coin de la pièce. Je m'en approche et me voici alors transporté dans l'antre du dragon. Je me trouve sur une passerelle en ruine, avec de la lave de part et d'autre. Je dois avancer et, dans ma tête, je fais le choix conscient de faire confiance à l'appareil pour ne pas me guider droit dans un mur. Régulièrement, le jeu m'oblige à m'arrêter pour "combattre" des cristaux qui virevoltent autour de moi. Je suis obligé de tourner sur moi-même, et de perdre mon sens de l'orientation, pour finalement retrouver mon chemin sur cette passerelle, sans du tout savoir où se trouvent les murs de la pièce où se déroule la démo. Au passage, les combats se règlent par des mouvements de main grâce à un capteur Leap Motion fixé sur le casque. Ce capteur est là pour les besoins de la démo, il ne fait pas partie de l'expérience de base proposée par le casque Cortex.
Après plusieurs minutes de trotte et de combat, le dragon surgit, le combat final s'engage et je parviens à libérer la jeune femme. La réalité réapparaît alors devant mes yeux, avec les développeurs de Sulon qui me saluent, pas peu fiers d'avoir prouvé la vélocité de leur technologie. La démo aura duré plusieurs bonnes minutes, apparemment je me suis baladé dans toute la pièce sans jamais me cogner une seule fois dans un mur. C'est fort. J'avoue, je suis impressionné. D'accord, je marchais assez lentement, et assez prudemment, mais le système fonctionne. Après la démo, on me montre que si je m'étais approché d'un mur, le système aurait affiché une grille de protection pour me prévenir. Je n'ai jamais vu cette grille durant la démo, et pourtant, j'ai pas mal marché. Le plus intrigant dans l'histoire, c'est que mon cerveau a été trompé au point de me faire penser que je marchais toujours dans la même direction. J'imagine qu'à chaque combat, le système profitait de me faire tourner sur moi-même pour me faire perdre tout repère. En fait, je ne sais pas comment tout cela fonctionne et, dans un sens, ce n'est pas important. Tout ce que je sais, c'est que la démonstration est concluante, l'orbe du casque est bien capable de me situer dans l'espace et de me guider sans même que je ne m'en rende compte.
Sulon m'explique après coup qu'avant la démonstration, l'orbe s'occupe de scanner la pièce. L'utilisateur peut enregistrer ce scan s'il s'agit de la pièce dans laquelle l'appareil sera amené à être utilisé de nouveau. L'équipe m'assure aussi que j'aurais pu vivre la même démo dans une salle plus petite, sans aucun problème, ce que je n'ai pas pu vérifier, hélas.
L'écran n'est pas encore au point
En dépit de mon enthousiasme, il faut reconnaître que tout n'est pas encore parfait avec le Cortex. Si Sulon s'est concentré sur sa technologie de l'orbe, le casque en lui-même et son écran ne sont pas au niveau des ténors de la réalité virtuelle. Je n'ai pas réussi à obtenir les spécificités techniques de l'appareil, mais il est clair que l'écran souffre encore d'un taux de rafraîchissement plutôt bas pouvant éventuellement entraîner la nausée chez certaines personnes. La résolution ne semble pas non plus très élevée et je serais surpris qu'elle atteigne le 1080p. Espérons que ces problèmes soient réglés dans les mois à venir, car pour le reste, Sulon propose quelque chose d'unique avec son casque double fonction (AR et VR) et sa capacité à adapter l'expérience à la salle où l'utilisateur se trouve.