A l'origine de l'Alienware Alpha, on retrouve le projet des Steam Machines, des PC qui, à leurs sorties, exploiteront le Steam OS afin de proposer une expérience "console" (OS que chacun pourra installer sur son PC) mais profitant des nombreux avantages offerts par le monde du jeu sur PC, des performances au catalogue de jeux. Mais faute de livraison d'une version finale du système d'exploitation de Valve et de son pad dédié, certains constructeurs ont décidé de ne pas attendre. Voilà pourquoi Alienware a choisi de commercialiser dès maintenant l'Alpha, un PC à peine plus gros qu'une Wii U, pensé pour s'intégrer plus discrètement dans un salon que ne le font les machines, que tout bricoleur peut se monter sans trop d’efforts.
Pourquoi mettre un PC dans son salon ?
Pour jouer dans son canapé sur son grand écran 50 pouces en premier lieu, mais aussi pour profiter d'un catalogue de jeux largement supérieur à ce que l'on trouve sur consoles, le PC accueillant non seulement la plupart des titres disponibles sur PS4 ou Xbox One mais également une quantité innombrable de jeux indépendants, avec en prime des tarifs nettement inférieurs et un rendu graphique plus élevé. Problème, pour les joueurs consoles, le PC est également synonyme de mise à niveau de drivers, de configurations des jeux et autres maux divers. Proposer une expérience simplifiée est donc l'objectif des constructeurs comme Alienware, une solution clef en main, on branche, on joue. Enfin, en théorie.
Dans la boîte
Quelle que soit sa version, l'Alpha est un petit châssis auquel de prime abord on ne confierait pas son lecteur média. Un petit carré noir de 20 cm par 20 cm pour 5 cm de hauteur. En façade, on retrouve deux ports USB 3.0 et autant sur le panneau arrière. Ajoutez encore un port Ethernet, une sortie HDMI 1.4 associée à une entrée du même type et une sortie optique. Idée judicieuse, Alienware dote également la machine d'un port USB 2.0 planqué dans le châssis, idéal pour loger un dongle sans fil pour associer un combo clavier / souris. Wi-Fi et blutooth sont bien sûr de la partie. En revanche, pas de lecteur optique, tout passe par le téléchargement.
Minuscule, la machine se cale sans problème aux côtés du reste du matériel audio-vidéo du salon, plus facilement même qu'une PS4 ou une Xbox One.
L'Alpha est en prime livrée avec un pad Xbox 360 et son dongle, qui occupe un port USB en permanence. On reviendra plus bas sur l'aspect technique de la machine et ses performances, après avoir jeté un oeil à son interface.
Alienware UI : Steam Big Picture et Windows 8.1
L'idée de la nouvelle vague des PC de salon est de reproduire une pratique courante, consacrer une machine à un usage spécifique. Il y a longtemps que des OS ouverts permettent de changer un PC en lecteur média qui boote directement sur un système dédié. Faute de Steam OS, Alienware a donc conçu son propre système, l'Alienware UI. Au démarrage, l'Alpha charge ce qui n'est rien de plus qu'un launcher pour Steam. Sur l'écran d'accueil, on trouve Steam en mode Big Picture, un onglet pour les paramètres, un autre pour afficher les commandes et un dernier permettant d'éteindre la machine ou de basculer vers Windows. Et c'est tout. Grosse lacune de cette interface, elle ne sert absolument à rien si ce n'est de pont vers Steam sur lequel on ne peut pas booter directement.
On comprend sa présence, mais dans l'optique d'offrir une expérience "tout compris" similaire aux consoles, des applications vidéo et audio utilisables au pad n'auraient pas été de trop. En l'état, il faut s'en remettre à Steam Big Picture qui donne accès à YouTube et à un navigateur Internet ou basculer vers Windows et remettre les mains sur un clavier et une souris. Car n'oubliez pas que l'Alpha reste un PC, sauter vers Windows vous met donc face à une bonne vieille machine classique ainsi qu'aux autres plates-formes de ventes digitales, GoG, Origin ou encore Uplay. Là encore, dans le meilleur des mondes, ou dans une possible nouvelle version de l'Alienware UI, on accédera directement à ce contenu. Pour l'instant, il faut faire avec.
Il est possible de choisir de démarrer l'Alpha en mode Console, sur l'interface Alienware, ou en mode Bureau, directement sur Windows.
Séquence de boot, lancement de l'Alienware UI, lancement de Steam Big Picture puis retour vers Windows
Mise à part cette obligation de jonglage, on navigue aisément et Steam Big Picture s'utilise sans problème au pad, son clavier virtuel en fleur est même redoutablement efficace. Mieux, les jeux lancés depuis cette section se configurent tout seuls comme des grands pour optimiser le rendu sur la fiche technique de l'Alpha.
Si l'Alpha est simple à utiliser malgré les imperfections de son interface, plusieurs testeurs rapportent une mise en place initiale assez peu intuitive. Notre exemplaire reçu pour test ayant déjà été configuré, nous n'avons pas rencontré de problèmes mais certains évoquent un processus d'installation et de configuration de Windows et de l'Alienware UI longue et pénible qui oblige à passer régulièrement du clavier au pad.
Les entrailles de la bête
Côté configurations, Alienware propose 4 versions différentes de sa machine. C'est la version de base que le constructeur a choisi de faire parvenir à la presse pour ses tests. Si la machine offre des mensurations aussi modestes, c'est tout simplement parce que le fabricant a recours à des composants dédiés aux portables. En tirant le trait, on pourrait dire que l'Alpha est un laptop gamer dépourvu d'écran.
Version à 549,49 € | Version à 599 € | Version à 799 € | Version à 899 € | |
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CPU | Core i3-4130T Dual-Core @ 2.9 GHz | Core i3-4130T Dual-Core @ 2.9 GHz | Core i5-4590T Quad-core @ 2.0 GHZ (3.00 GHZ en mode Turbo) | Core i5-4765T Quad-Core @ 2.0 GHZ (3.00 GHZ en mode Turbo) |
RAM | 4 Go DDR3L à 1600 MHz (single channel) | 8 Go DDR3L à 1600 MHz (dual channel) | 8 Go DDR3L à 1600 MHz (dual channel) | 8 Go DDR3L à 1600 MHz (dual channel) |
GPU | Version custom du GTX 860M / 2 Go de mémoire GDDR5 | Version custom du GTX 860M / 2 Go de mémoire GDDR5 | Version custom du GTX 860M / 2 Go de mémoire GDDR5 | Version custom du GTX 860M / 2 Go de mémoire GDDR5 |
Stockage | 500 Go / 5,400rpm | 1 To | 1 To | 2 To |
Pour un joueur PC aguerri, cette configuration peut sembler plutôt légère mais ne vous laissez pas abuser. La puce graphique fournie par Nvidia, la GTX 860M, est l'équivalent d'une GTX 750 Ti de bureau, une carte d'entrée de gamme honnête qui met l'accent sur sa faible consommation d'énergie. Alienware a en outre opéré quelques optimisations qui permettent à cette configuration modeste de tirer le meilleur parti d'elle-même afin d'atteindre un objectif simple : sortir une image en haute définition à un frame-rate stable. Du 1920 x 1080 que les consoles ont encore bien du mal à tenir. En pratique, l'Alpha dans sa version de base est capable de faire tourner la plupart des jeux du moment en adoptant les presets moyens. Le système se charge d'ailleurs de les configurer afin d'obtenir le meilleur rendu (si vous passez par le launcher Steam Big Picture).
Evidemment, tout dépend des titres que l'on essaie de lancer. Metro Last Light tourne parfaitement en mode Moyen avec un frame-rate tournant autour de 60 images par seconde, avec des hauts et des bas selon ce qui se passe à l'écran mais sans jamais chuter au-delà du jouable. Hitman : Absolution s'offre du 60 fps constant et le très nerveux Shadow Warrior est fluide avec des réglages oscillant entre Ultra et Elevé et un frame-rate de 60 images qui chute à 30 lors des scènes les plus chargées. Ce n'est pas la panacée du jeu sur PC cependant, en HD, c'est déjà meilleur que ce que produisent les consoles actuelles qui plafonnent souvent à du 30 fps et pas toujours en 1920.
Mais un titre très gourmand comme Far Cry 4 ne sera vraiment jouable et fluide qu'en acceptant de régler les curseurs sur Bas, au-delà le frame-rate asthmatique ne dépasse pas les 30 images par seconde avec des chutes régulières à 12 et des affrontements qui deviennent chaotiques. Notez que même comme cela, le jeu est loin d'être moche et sera difficilement distinguable de ses homologues de salon. Et n'oubliez pas que l'idée est de jouer à distance et non collé à son écran comme on le fait habituellement avec son PC, les détails ont donc moins d'importance.
Pour faire plus simple et très clair, le rendu de l'Alpha "de base" est similaire à celui des consoles actuelles, parfois même légèrement supérieur si on s'attarde sur les textures, et souvent plus fluide, pour un prix qui est certes plus élevé mais que l'on peut rapidement compenser par la forte différence de tarifs à l'achat des jeux. Cerise sur le gâteau, la machine reste relativement silencieuse en jeu, même s'il arrivera que le ventilo s'exprime avec véhémence si on sollicite fortement les composants, mais dans un salon avec le son du jeu, la gêne est très relative.
Pour autant, il est dommage qu'Alienware ait un peu rogné sur la qualité de son disque dur. Non seulement il n'est pas des plus volumineux avec ses 500 Go (ce qui là encore est largement supérieur à ce que proposent Sony et Microsoft), mais il est de surcroît assez lent, ce qui se ressent sur les chargements et le démarrage. De même, les 4 Go de RAM de la version standard pourraient devenir handicapants, notamment du côté des jeux open world qui aiment prendre leurs aises. Le principal reproche que l'on adressera à cette configuration est donc son avenir incertain. Si elle se montre tout à fait capable sur les jeux du moment, difficile de dire quand elle commencera à souffrir. Problème classique lors de l'acquisition d'un PC, si ce n'est qu'ici, pas question d'upgrader le processeur ou la carte graphique. Seuls la RAM et le disque dur peuvent être remplacés.
En conclusion, est-ce que j'en ai pour mon argent ?
Au final, la vraie question est là. Malgré une interface imparfaite, l'Alienware Alpha d'entrée de gamme vaut-elle ses 549 euros ? On est tenté de dire oui, mais pas pour tout le monde. Le tarif proposé tout d'abord est tout à fait compétitif, surtout avec un pad et une licence Windows fournis. Certes, vous pourriez tout à fait monter vous-même un PC équivalent pour un prix vaguement similaire, mais pas avec les composants qui offrent à l'Alpha sa discrétion et sa simplicité d'intégration dans un salon par rapport à une petite tour ou un portable gamer bien plus cher. Le tout avec des performances équivalentes voire un poil supérieures aux consoles actuelles pour environ 150 euros de plus. Le rapport performance-prix est tout à fait honnête, mais en gardant à l'esprit que cette fiche technique est sous la menace de l'obsolescence du point de vue d'un joueur PC traditionnel. L'Alpha est une alternative intéressante mais pas un réel substitut aux consoles pour les joueurs que le PC rebute. Son interface encore incomplète oblige à faire de fréquents passages sous Windows pour accéder à des contenus multimédias ou à des jeux hors Steam, à basculer entre clavier et souris ce qui n'est jamais très confortable dans un canapé, et ne peut pas être mise en route depuis le pad, bref, elle ne propose pas l'expérience clef en main d'une Xbox One ou d'une PS4.
Mais si vous cherchez spécifiquement un petit PC, discret, à un prix qui ne ruinera pas votre épargne, sans courir après les hautes performances de l'adepte du benchmarking pour jouer tranquillement dans votre salon, l'Alienware Alpha est une excellente solution qui mérite considération.
On aime :
- Le design discret et l’encombrement réduit
- Un tarif compétitif pour qui cherche un PC avec option jeu pour son salon
- Facile à transporter
On n'aime pas :
- Le disque dur mou du genou (sur le modèle de base)
- L'interface Alienware UI incomplète
- Pas d'accès direct à d'autres plates-formes que Steam