"Nous ne sommes pas impliqués dans ce projet"
Si vous n'avez pas encore entendu parler de Hatred, ça ne devrait pas tarder puisque le jeu soulève une très vive polémique depuis son annonce et la diffusion de son premier trailer. Une vidéo passablement dérangeante pour un jeu qui ne l'est pas moins puisqu'il invite le joueur à se lancer dans un carnage de civils particulièrement violent. Autant dire qu'il a rapidement déclenché de vives réactions, notamment celle du patron de Epic Games qui a expressément demandé au studio polonais Destructive Creations de supprimer toute mention et logos de l'Unreal Engine du trailer et de sa communication en général. Dans un communiqué, Epic précise que si le moteur Unreal Engine est bien disponible et libre d'utilisation et qu'Epic n'exerce aucun contrôle créatif sur les jeux produits avec cet outil, le logo du moteur aurait été employé sans permission. Ce qui est surtout une façon polie de faire en sorte de ne surtout pas être mêlé à tout ça.
"Un shooter isométrique à l'ambiance de meurtre de masse dérangeante"
Destructive Creations présente son titre comme une sorte de refus d'un soi-disant politiquement correct dans la création ludique, un "pur plaisir de jeu" consistant incarner un personnage empli de haine envers la société et décidé à massacrer toute personne croisant son chemin. Une hyper violence et un statut de simulateur de meurtres de masse que le studio assume pleinement, affirmant vouloir se démarquer des tendances de l'industrie.
Seulement un jeu ?
Problème, si Hatred fait scandale, ce n'est pas uniquement parce qu'il est violent, c'est également parce qu'il commence à peser sur lui de sombres soupçons de prosélytisme, Fuck No Video Games ayant constaté l'attachement public de certains de ses développeurs à des groupes extrémistes xénophobes et islamophobes, dont son PDG qui aurait publiquement affiché son soutien à la ligue de défense polonaise.
La violence en question
Le jeu incite malgré tout à se poser quelques questions sur les limites que se posent les joueurs en matière de moralité. Nombreux sont ceux qui répliquent qu'on peut après tout faire exactement la même chose dans GTA s'il nous en prend l'envie, sans parler du niveau "coup de pub" No Russian de Modern Warfare 2. La grosse différence c'est que Hatred fait du meurtre de passants son objectif clair et unique et propose un rendu de la chose particulièrement cru, là où les autres titres ne font que lui en laisser la liberté. Il n'est évidemment pas le premier produit culturel à faire parler de lui pour sa violence, plusieurs films ont souvent été mis à l'index pour la même raison, pour au final révéler que cette dernière avait un but soit artistique soit "philosophique". Il reste à savoir si cette violence a une vocation cachée. Hatred veut-il à terme secouer la fourmilière et amener une réflexion ? Est-ce simplement un jeu d'un mauvais goût patent qui joue la provocation pour faire parler de lui ? Ou carrément un pur produit d'origines douteuses ? On le saura sans doute à sa sortie en 2015, mais en attendant, alors que le jeu vidéo peine encore à se débarrasser de son image négative, on sait déjà quel titre a des chances de s'attirer une lourde couverture médiatique dans la presse généraliste.
Le trailer de Hatred